Michel Cosem, natureparle
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Michel Cosem, natureparle
La crise environnementale que nous vivons nous dit qu’il est grand temps de diriger notre regard au dehors de nous-mêmes, vers le “vivant” qui nous interpelle, ou plutôt de le tourner au-dedans, où la nature nous habite encore. La littérature le sait depuis longtemps, et aujourd’hui l’approche éco-poétique (Anne Simon, Alain Romestaing, Pierre Schoentjes, Davide Vago, entre autres) tente de rendre compte de cette “dislocation d’une vision anthropocentrée à la faveur d’une perspective fondée sur l’oikos” (Davide Vago, Le tissage du vivant. Écrire l'empathie avec la nature (Pergaud, Colette, Genevoix, Giono), Editions Universitaires de Dijon, Dijon 2023:<<ÉCRITURES>>, 162 [https://hdl.handle.net/10807/240355]. Certains auteurs paraissent plus aptes que d’autres à faire parler ce qui ne possède pas de voix humaine. Michel Cosem (1939-1923), qui malheureusement vient de nous quitter en juin, est l’un d’eux.
Fondateur de la revue Encres vives (https://encresvives.wixsite.com/michelcosem), auteur de de romans et d’ouvrages pour la jeunesse, sa poésie lui a obtenu les prix Artaud et Malrieu. Ancrée dans les paysages du Midi (Toulouse, Quercy), son oeuvre poétique ne cesse de parler nature, ou plutôt d’instaurer un dialogue entre tous les éléments de l’oikos, soit le lieu de l’habiter, où tout, arbre, objet, animal, homme, communique. Surtout, la langue de Cosem permet de scruter — ne fût-ce qu’un instant — cet univers mystérieux où l’autre (l’animal, la fleur) parle une langue qui nous est inconnue:
“L’arche romane parle avec le vitrail. Elle dit que la pierre vieillit et laisse pousser des herbes dans ses entrailles de poussière. Il ne s'agit plus d'expliquer le monde ni de le colorer des légendes ni d'affirmer comment faire ses prières. On est sur une rive autre et l'on ne sait rien de ces nouveaux continents dont on ignore la langue. Les pigeons près du banc public contre les murs de l’église ignorent toutes les oraisons et ils s'affolent quand tombe près deux une feuille de platane” (Michel Cosem, Un sillon pour l’infini, p. 16)
Si l’arche parle avec le vitrail (et le poète sait ce qu’elle dit), expliquer et affirmer ne sont pas des actions possibles: le langage “conceptuel” (comme Yves Bonnefoy aimait le définir) ne perce pas le mystère de cette “rive autre”, où des pigeons saisissent (sentent) le bruit presque imperceptible de la feuille de platane. La poésie (au sens de texte en vers, ou de texte lyrique) est peut-être la voie (et la voix) plus apte à traduire l’oikòs. Comme Jonathan Bate l’a si justement observé, la poésie est “a quiet but persistent music, a recurring cycle, a heartbeat—“(https://literariness.org/2021/02/19/ecopoetics/), qui respire le langage inconnu de la nature.