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Chapitre VII : "L'Envoyé de Dieu"

Chapitre VII : "L'Envoyé de Dieu"

Pubblicato 30 lug 2022 Aggiornato 30 lug 2022 Curiosità
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Chapitre VII : "L'Envoyé de Dieu"

Il a failli nous avoir, celui là. Bon sang, vouloir tuer de sang froid une religieuse, la situation devient vraiment tendue. Mais pourquoi ? Je retourne voir Marie-Anne afin de m'assurer de son état. Elle va bien, mais c'est Noémie qui m'inquiète. Elle saigne un peu au niveau de son bras droit. La balle l'a éraflée. Je trouve ce que je peux comme tissu et lui fait un bandage primitif. Des gens sortent dehors pour savoir ce qu'il se passe, alertés par le coup de feu. Le médecin sort, lui aussi, j'emmène Noémie et Marie-Anne à sa rencontre. Il s'occupe de Noémie pendant que je reste près de Marie-Anne afin de la protéger au cas ou le tueur reviendrait tenter sa chance. 

- Pourquoi donc quelqu'un voudrait-il s'en prendre à moi ? demande la religieuse. Je jure devant le Seigneur que je n'ai jamais commis le moindre méfait ! 

- Je ne pense pas que vous ayez fait quelque chose de mal, répondais-je, je pense plutôt que vous savez quelque chose de dangereux pour l'assassin qui sévit sur cette île. N'ayez crainte, nous vous protégerons. 

Le temps passe. L'artisan a mis un peu plus de temps que prévu pour finir son semblant de prison, mais désormais nous pouvons y enfermer Iris. Nous y plaçons aussi la religieuse, afin d'éviter qu'elle ne soit trop exposée. Marie-Anne est assez curieuse de se retrouver aux cotés d'une adolescente que l'on dit possédée. Après tout, c'est une affaire de religion, je n'ai jamais vraiment trempé dedans, je n'ai aucune idée de comment ils fonctionnent. Théodore vient s'assoir dans la prison, armé de notre carabine. Noémie ayant été soignée, elle s'équipe du tromblon et moi d'un pistolet Italien. J'ai hésité à proposer une arme à Marie-Anne, au cas ou, mais je me suis dis qu'elle refuserait sans aucun remord, déjà qu'elle n'a pas l'air à l'aise de nous voir avec. 

- Cela reste toujours un mystère, cette affaire, lance Noémie. Qui a tenté de tuer Marie-Anne ? 

- Il faisait trop sombre pour que je puisse repérer le tireur, expliquais-je. 

- Dommage, mais compréhensible, rassure Théodore. Ce qui compte, c'est que vous ayez survécus. 

- Il y a une personne sur cette île qui s'amuse à tuer les gens sans le moindre remord, lance Noémie. Que ce soit des lourdauds ou des vieillards, ou même des personnes religieuses... Il n'a peur de rien, il veut tuer le plus de monde possible. 

Nous réfléchissons tous. Dur de deviner. 

- Et si besoin, continue-t-elle, il n'hésite pas à voler des armes pour commettre ses méfaits. Adam, tu dis avoir trouvé un cadavre de renard dans le même état que celui du Capitaine et des autres membres de l'équipage qui se sont noyés ? 

- Oui, confirmais-je. 

- Réfléchissons un instant. Quel lien peut-il y avoir entre un renard et un Capitaine de navire ? Comment ont-ils tout les deux subir la même chose malgré leurs différences? 

- Probable que notre navire hébergeait un fou ? suppose Théodore, qui n'était pas forcément dans le faux. 

- Ce qui m'intrigue, expliquais-je, c'est que le médecin avait l'air au courant pour l'état des cadavres alors qu'il ne les avait pas vus. Comme si ce n'était pas nouveau, pour lui. 

- Dans ce cas, reprend Noémie, comment le médecin d'une île perdue aurait-il un rapport avec d'étranges évènements survenus sur un navire étranger, qui n'avait aucune intention d'accoster ici ? 

- Sacrée question, avoue Théodore. Il faudrait retourner l'interroger, mais je ne pense pas qu'il admettrait quoi que ce soit. 

- Le cimetière, lançais-je tout en me retournant vers Iris, dans sa cellule improvisée. 

- Le cimetière ? demande Noémie.

Je m'approche d'Iris, observée par Marie-Anne. 

- Il y a quelque chose d'étrange avec le cimetière, n'est-ce pas ? demandais-je. 

- Oui, réplique Iris en me regardant droit dans les yeux, comme si elle savait déjà tout. 

- Pourquoi donc ? demande Noémie. 

- Lorsque nous nous sommes échoués sur cette île et que je suis allé chercher de l'aide, j'avais remarqué que le cimetière était étrange, la terre semblait avoir été retournée récemment. Quand nous avions parlé au médecin, il semblait observer le cimetière, mais il en était comme effrayé. 

- Donc tu penses que quelqu'un cache quelque chose dans le cimetière ? demande Théodore. 

Je regarde dans les yeux d'Iris. Cela a failli sortir de ma bouche, mais je l'ai retenu. En revanche, cela n'arrête pas de revenir dans ma tête. "Pas quelqu'un". Miséricorde. Je suis en train de rentrer dans son jeu. 

- Il faut exhumer les corps, lançais-je sans détour. 

- Pardon ? s'inquiéte la religieuse, non loin. 

Des bruits de pas. Quelqu'un arrive. C'est le petit Forest, qui se dirige vers Noémie. 

- Madame, madame ! appelle-t-il. 

- Oui, Forest ? répondit Noémie. 

- Le musicien et moi avons trouvé un autre mort ! 

Nos yeux s'ouvrent en grand. Il dit ça sans dégoût, probablement trop jeune pour réellement comprendre. 

- Où ? demande aussitôt Noémie. 

- Près du marché, venez ! 

Nous le suivons en vitesse. Malheureusement, dans notre précipitation, nous ne remarquons pas une ombre cachée dans les buissons... Qui n'attendait que notre départ... Pour passer à l'action. C'est à la moitié du chemin que Théodore nous rappelle qu'il vaut mieux surveiller les armes, il retourne donc à la prison. Plus tard, nous arrivons sur les lieux du drame. Un autre homme, qui semble âgé, a eu la gorge tranchée. Une mort atroce, mais tout de même moins douloureuse que certaines. Le médecin arrive, lui aussi. Nous le laissons examiner la victime. 

- Bon sang, encore un ! s'exaspère-t-il. Quand cela va-t-il donc cesser ! 

- Nous faisons notre possible pour trouver le coupable, mais impossible de plancher sur une éventuelle piste. 

- Hum, bizarre, lance Forest, à qui l'on ne prêta pas grande attention. 

- Encore un égorgement, remarque Noémie. Le mode opératoire change pour chaque victime, mais on peut associer celle là à l'autre vieil homme. 

- Son type de cible semble lui aussi se dessiner, continuais-je. Il ne vise que les plus âgés, pourquoi ? 

L'espace d'une seconde, j'ai l'impression que le médecin se rend compte de quelque chose. Il n'en a aucune certitude, mais il commence à comprendre ce qu'il se passe. Bon sang, forcément, il a plus de détails que nous ! J'ai envie de le menacer, mais nous sommes entourés par beaucoup de monde. 

- Madame ? demande Forest. 

- Oui, Forest ? réplique Noémie. 

- Vous savez où il est, le musicien ? 

- Non, pourquoi ? 

- Je sais pas, je pensais qu'il resterait ici. 

Oh, merde. Merde, merde, merde. Cela n'est pas normal. Soit il s'est fait tuer, soit il est le tueur, et il est allé voir Marie-Anne. Impossible de prendre le moindre risque. 

- Merde ! hurlais-je. Noémie, nous devons retourner à la prison ! 

Du coté de la prison... 

L'ombre s'approche lentement de la prison... Puis entre, armée d'une dague. La religieuse le reconnait aussitôt, c'est le musicien. 

- Monsieur le musicien ? demande timidement Marie-Anne, voyant son couteau. 

- Il fallait que tu me reconnaisse, hein ? peste-t-il. Maudite sois-tu ! 

La religieuse hésite. Soudain, ça vient. 

- Mais oui ! lance-t-elle comme une révélation. Vous êtes Thomas, l'homme qui a été expulsé de l'Ordre Religieux, vous étiez haut placé ! 

- C'est exact. J'ai donné un faux nom aux gens, mais maintenant que tu sais qui je suis, il est inutile de me cacher. Je ne venais pas pour toi, au départ, mais désormais je ne peux plus faire marche arrière. 

- C'est vous qui avez essayé de me tuer ! Mais enfin, ressaisissez vous, vous ne pouvez pas tomber si bas ! 

- Tu n'as pas vu ce que j'ai vu, pauvre sotte ! La foi en Dieu ne peut rien face à une telle chose ! 

Iris ne réagit pas. Elle sait qui est cet homme. 

- Elle doit mourir ! lance-t-il, allant à l'encontre de tout ses anciens préceptes. 

- Je ne le permettrais pas ! riposte Marie-Anne, se mettant devant la cellule d'Iris. Notre foi peut nous permettre d'éradiquer son mal, il ne suffit que d'y croire ! 

- Je comptais vous tuer toutes les deux, de toute manière ! 

Un violent coup de crosse assomme Thomas, le musicien et religieux corrompu. Théodore est arrivé. Il le ligote avec ce qu'il peut et le met dans une autre cellule, puis examine la dague qu'il tenait... Elle est courbée et possède certaines gravures. 

- Vous n'êtes pas blessées ? demande Théodore. 

- Non, répond Marie-Anne, vous êtes intervenu à temps. 

- Je n'ai pas tout entendu de ce qu'il disait, il faudra que vous me racontiez tout. En revanche, j'ai entendu qu'il voulait tuer Iris... Pourquoi cet homme voulait-il ta mort ? 

- C'est très simple, explique Iris sans aucune expression particulière sur son visage. J'ai tué le prêtre qui l'accompagnait. 

Théodore et Marie-Anne ouvrent grand leurs yeux en direction d'Iris. Quelle franchise dans ses propos, aucun détour. Aucun remord dans sa voix. Une chance qu'elle soit encore dans sa cellule, sinon Théodore l'aurait probablement mise en joue avec son fusil. Peu après, Noémie et moi arrivons sur place. Marie-Anne nous détaille le peu de choses que Thomas avait pu leur dire et Théodore nous met au courant pour Iris. Je m'approche de sa cellule en prenant la dague de Thomas. Iris commence à me déconseiller d'approcher d'elle avec. 

- Donc, commençais-je, tu ne veux pas que l'on t'approche avec ça ? Je comprend parfaitement, mais pourquoi cette dague plus qu'un autre objet? 

- Il est paniqué, explique-t-elle, la dague l'effraye. 

- Encore ton ami invisible ? 

- Si vous approchez cette dague plus près de moi d'un seul pas, la discrétion ne sera plus sa priorité. Il vous tuera tous. 

Marie-Anne observe avec la plus grande attention les propos d'Iris. 

- Pourquoi ? demandais-je. 

- Cette dague est capable de l'affaiblir, et même de le blesser, explique-t-elle. Elle est capable de rompre notre lien. Sans notre lien, il perd en puissance. 

- Dans ce cas, pourquoi ne pas en finir tout de suite avec ces fameux liens ? 

- Adam, ne sacrifiez pas votre vie pour rien. Vous et vos amis êtes des gens biens. Attendez le prochain bateau et partez loin de cette île. Oubliez ce qu'il s'est passé ici. 

J'ouvre la cellule et avance d'un pas en sa direction, dague en main. 

- Et bien ça, c'est hors de question, répliquais-je fermement. 

Aucun grincement, aucune poussière qui tombe. Aucune intervention. Rien. Noémie et Théodore se demandent s'ils doivent m'arrêter ou bien me laisser continuer. 

- Partir sans nous retourner ? Ce n'est pas notre style. Nous venons d'arrêter un meurtrier, certes. Mais je pense fortement qu'il y en a un deuxième, il n'y a aucun moyen que ce Thomas ait pu assassiner ton cousin, et c'est impossible que cela soit ton œuvre. 

- Que faites vous ? demande Iris en mettant légèrement ses mains en barrière. Si vous approchez encore, il risque de.. 

J'attrape son poignet et le tire. 

- Adam ? appelle Noémie, hésitante. 

- Dernière chance, Iris, lançais-je comme un ultimatum. Qui a tué ton cousin ? 

- C'était LUI, réplique Iris avec insistance. Je ne peux dire son nom, mais je vous l'ai déjà donné d'une certaine manière ! Je ne peux rien faire de plus ! 

- Très bien. Donc, un démon a tué ton cousin. A quoi ressemble ce démon ? 

- Vous ne pouvez pas le voir ! 

- Cela ne répond pas à ma question. Tu peux le voir, toi, non ? Décris le moi. 

Iris hésite. C'est la première fois que quelqu'un lui donne l'impression de ne pas être si folle que ça. 

- Il est assez grand, décharné et possède de longs bras dont les griffes peuvent aisément trancher la chaire. 

- Oui, il me semble que tu me l'avais déjà dis, cela me revient. Comment lui faire face ? 

- Même les plus grands prêtres n'y pouvaient rien, comment voulez vous..? 

Je la coupe en plein élan. 

- Si les grands prêtres ont échoués, alors nous passeront à une autre méthode. Répond à mes questions. 

- Que fais-tu, Adam ? demande Théodore. 

- J'agrandis ma perception de la réalité, répondais-je sans hésitation. Alors, Iris ? 

- S'il n'est pas affaibli, rien ne peut le blesser. Pas même les balles. C'est pour cela que Marcus est mort, sa balle s'est arrêtée contre lui. Mais il n'aime pas le feu. 

- Il n'aime pas le feu ? Pour un démon, je trouve cela étrange. Pas vous, Marie-Anne ? 

- Je... Je ne sais que dire, hésite la religieuse. 

- Il n'aime pas le feu depuis l'exorcisme d'un ancien membre de ma famille. Ils avaient utilisé un fer chauffé pour faire sortir le mal, et le démon a souffert autant que son hôte. Depuis, il craint les brûlures. 

- Y a-t-il autre chose ? 

- Il craint aussi d'être vu. 

- Vu ? demande Noémie. Pourquoi aurait-il peur d'être vu s'il est déjà aussi invulnérable ? N'est-il pas d'ailleurs invisible ? 

- Un objet permet de le voir, explique Iris. Le collier d'un prêtre qui a tenté de le renvoyer d'où il vient. Le collier a été réutilisé, puis caché dans ce manoir, personne ne sait où. Il ferait n'importe quoi pour empêcher sa découverte. S'il est visible, son pouvoir diminue. Si son pouvoir diminue, il est vulnérable. 

- Lorsque tu me donnais ce genre d'indices, la dernière fois, tu disais qu'il voulait t'en empêcher et qu'il était proche de nous. Pourquoi ne fait-il rien, actuellement? 

- Tu possèdes la dague et tu as l'air résolu, il craint un affrontement direct. De plus, une personne religieuse est dans la pièce. 

- Je ne suis pas sûre d'avoir toutes les compétences nécessaires pour exorciser une pauvre âme, avoue Marie-Anne. 

- Je sais aussi pourquoi cet homme a assassiné les personnes les plus âgées. Le démon ne peut se nourrir que de personnes mortes sans une intervention physique. En provoquant une crise cardiaque, il créé une mort sans aucun contact et peut ainsi se repaitre de ses victimes. Thomas a voulu éliminer ses proies. 

- Mais cela ne tient pas la route, remarque Noémie. Pourquoi ce démon aurait-il tué Herman et Marcus, dans ce cas ? Leur mort a eu plus d'un contact ! 

- Non, répliquais-je en comprenant lentement ce qu'il se passait à ce moment là. Non, s'il a fait ça, ce n'était pas pour attaquer... Mais pour protéger. 

- Marcus et Herman comptaient tuer ce vieillard, vous vous souvenez ? demande Théodore. 

- Ce vieillard était le plus à même de mourir, et le démon ne voulait pas que Marcus gâche tout en le tuant d'une balle ! réalisais-je en dévoilant la réponse. 

- Donc nous partons bien sur une affaire de démon et de possession ? demande Noémie, surprise. 

Je réfléchis. Malheureusement pour nous, beaucoup d'éléments coïncident. 

- Pas encore, expliquais-je. Pas encore. Nous devons examiner le cimetière. Si des corps déjà enterrés sont dans le même état que le Capitaine, alors cela ne sera pas qu'une simple coïncidence, et le médecin devra s'expliquer, de gré ou de force. 

- Quand ferons nous ça ? demande Théodore. 

- Dans trois jours. Pour l'instant, reposons nous. Réfléchissons. Argumentons. 

Je repose la dague sur une table autour de laquelle nous nous asseyons. Marie-Anne reste près d'Iris et commence quelques prières. Nous avons laissé un cadavre au médecin, mais je pense qu'il saura se débrouiller. De toute façon, il nous reverra bientôt. Très bientôt. 

 

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