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Shang-Chi et la Légende des Onion Rings

Shang-Chi et la Légende des Onion Rings

Pubblicato 6 set 2021 Aggiornato 6 set 2021 Cultura
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Shang-Chi et la Légende des Onion Rings

Le 17 mars 2017, Netflix diffusait la première saison d’Iron Fist. Une série à la qualité discutable, qui avait au moins le mérite de mettre en avant la culture asiatique au sein de l’Univers Cinématographique Marvel. Le scénario n’était pas très différent de celui d’Arrow, mais les chorégraphies de combats demeuraient sympathiques et la série semait les derniers éléments qui mèneraient à Defenders.

Alors, en décembre 2018, l’annonce de la mise en chantier d’un film dédié à Shang-Chi a beaucoup fait rire. Kevin Feige raclait les fonds de tiroir de Marvel, parce que Netflix lui avait grillé la politesse sur les arts martiaux. En plus, un peu de diversité ne peut pas faire de mal : un héros d’origine asiatique, ça va forcément séduire le marché chinois.

Puis viennent les premières annonces. La Légende des Dix Anneaux servira de sous-titre au film. Un premier lien se créé entre le projet et la saga Iron Man. C’est même la promesse de corriger l’opus réalisé par Shane Black, qui peut séduire le spectateur déçu. Et les bandes-annonces ne cessent de marteler que nous sommes dans le Marvel Cinematic Universe. Alors pourquoi pas ?

La première qualité de Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, c’est de ne pas être une origin story classique qui coche une par une les cases du schéma établi par Marvel Studios ; Doctor Strange, par exemple, manquait d’originalité sur ce plan. A l’instar de Spider-Man : Homecoming ou d’Aquaman chez la Distinguée Concurrence, le film présente un héros déjà installé.

Pour autant, Peter Parker avait eu droit à une introduction dans Captain America : Civil War et Arthur Curry est l’un des membres fondateurs de la Justice League : quand leur film solo arrive, ces personnages sont déjà connus du grand public. Dave Callaham, au scénario, a la lourde tâche d’expliquer au monde qui est Shang-Chi, sans écrire une véritable origin story.

Le scénariste trouve alors des artifices. La première mission de son héros est intimement liée à son passé, prétexte aux surgissements de nombreux flashbacks plus ou moins bien dosés, qui peuvent autant se montrer percutants que ralentir l’action. Même si c’est plus honnête qu’un Deadpool prétendument déstructuré, mais dont n’importe qui peut voir les ficelles, ce n’est pas révolutionnaire.

Narrativement, le film manque alors de fluidité, découpé en deux parties : la première est destinée à rassurer le spectateur occidental, à lui montrer que sa société n’est pas négligée et la seconde embrasse complètement la mythologie asiatique. C’est celle-ci qui est la plus intéressante, car, malgré ses imperfections, elle est incroyablement généreuse.

Petit point de fulgurance : même si la gestion de la musique diégétique n’est pas toujours très maligne, la bande originale de Joel P. West souligne à merveille les changements d’ambiance. Mieux encore, elle arrive à s’imposer autant qu’à se faire discrète quand il le faut. Elle accompagne alors les combattants dans les danses endiablées que deviennent leurs affrontements.

Comme suggéré plus haut, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux devient bon lorsqu’il assume l’héritage des films d’arts martiaux qui l’ont précédé. Si la mise en scène de Daniel Destin Cretton n’est jamais aussi folle et nerveuse que celle d’un James Wan, ses chorégraphies de combat sont magnifiques. Indiscutablement, c’est dans ce film que se trouvent les meilleures confrontations du MCU.

Du côté du casting principal, il est légitime au premier abord, de craindre un manque de charisme. Mais il n’en est rien : Simu Liu a clairement les épaules pour s’imposer comme l’un des prochains visages de l’univers Marvel au cinéma et Awkwafina parachève sa transition vers le cinéma d’action après Jumanji : Next Level. Seule Meng’er Zhang peine à convaincre, mais s’en sort bien pour un premier rôle.

Tony Leung est magistral dans le rôle du Mandarin, où il campe un antagoniste tragique à la prestance indiscutable. Et même sous-exploitée, Michelle Yeoh donne le meilleur d’elle-même. Enfin, les retours de quelques personnages iconiques du Marvel Cinematic Universe – déjà annoncés dans les trailers – feront sourire les fans, même s’ils ne semblent pas toujours cohérents.

Finalement, le défaut principal de Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, c’est d’être une production Marvel Studios. Le réalisateur et le scénariste doivent jongler entre l’histoire qu’ils ont envie de raconter et des éléments de continuité vieux de 13 ans, qui ne collent plus avec la vision qu’ils ont de certains personnages. Y’avait-il vraiment un plan sur le long terme, au-delà d’Avengers : Endgame ? Sans doute pas.

Viennent s’ajouter à ça les fameux caméos pensés uniquement pour être mis dans les bandes-annonces, qui donnent alors à eux seuls un sens négatif au terme « fan-service ». Et on ne peut pas oublier les traditionnels traits d’humour, destinés à dédramatiser l’action, symptomatiques du cahier des charges Marvel ; même s’ils sont ici moins nombreux que dans Black Widow.

On en vient alors presque parfois à regretter que Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux soit une adaptation de comics. Pour autant, faut-il faire la fine bouche ? Le film serait-il sorti et, surtout, aurait-il bénéficié de la même exposition s’il n’avait pas eu derrière lui le logo Marvel Studios ? L’ingérence de Kevin Feige n’est-elle pas le prix de l’ambition ?

Classique, mais efficace, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux est un long-métrage d’arts martiaux généreux, porté par des acteurs attachants qu’on a hâte de retrouver. Espérons simplement que s’il signe pour un deuxième opus, Destin Daniel Cretton aura davantage de libertés pour pouvoir plonger encore plus loin dans la culture asiatique.

 

 

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