Le tournoi meurtrier 3/5
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Le tournoi meurtrier 3/5
Chapitre 3
Jacques de Thieuras se leva de table et fit signe à un jeune garçon d’accompagner Amaury à sa chambre. Le feu dans la cheminée avait commencé à chauffer la pièce et les bûches crépitaient, lançant parfois quelques étincelles. Outre le bruit du feu, on entendait seulement le cri de hulottes se répondant d’un arbre à l’autre. Parfois, un aboiement lointain venait interrompre leur chant, déclenchant la réponse de chiens devant appartenir au domaine. Fourbu de sa longue chevauchée, Amaury sombra très vite dans le sommeil. Il fit des rêves merveilleux dans lesquels le visage angélique de Blanche était omniprésent.
Ce fut le jeune garçon d’écurie qui vint le réveiller alors que le jour pointait à peine à l’horizon. Dehors, des nappes de brouillard recouvraient la cime des arbres. On entendait, en bas, des cliquetis d’armure et des pas métalliques. Jacques était déjà prêt et harnaché comme pour un combat. Amaury rejoignit la salle d’eau et se frotta le visage à l’eau froide. Puis il s’habilla d’un pourpoint de velours rembourré de laine, de nouvelles chausses et de solides bottes de marche. Puis il rejoignit son hôte dans la grande salle à manger qui était en train de dévorer un manchon de canard arrosé d’une grande cruche de vin. Jacques le regarda.
— Bien le bonjour, Monseigneur. Venez donc vous restaurer avant de partir.
— Bonjour Jacques. Je vous souhaite bon appétit, répondit Amaury.
Il s’installa et déjeuna de galettes de blé au beurre rance, de poires et de bière coupée d’eau. Puis les deux hommes rejoignirent les écuries où leur monture personnelle les attendait, déjà préparée par les serviteurs. Jacques de Cauzac présenta à Amaury ses deux assistants de chasse, Godric et Charles, chargés de dénicher le gibier et de le rabattre. Godric était une masse imposante de muscles d’une trentaine d’années et devait mesurer une tête de plus qu’Amaury. Il lui proposa de choisir une arbalète. Charles, sans doute plus âgé au vu de sa barbe et de ses cheveux grisonnants, lui tendit une épée. Amaury déclina son offre, expliquant qu’il préférait utiliser sa dague dont il ne se séparait jamais. Les quatre hommes flanqués de deux chiens tout excités s’éloignèrent peu à peu de la demeure des Cauzac, pénétrant une forêt de chênes verts, de pins et de cades, par des sentiers sinueux. Après que le soleil se fut levé, les divers animaux de la forêt commencèrent leur journée à la recherche de nourriture. C’est ainsi que l’on pouvait entendre les bruissements des dernières cigales, le crissottement des grillons attardés, le coassement de grenouilles lointaines. Parfois surgissait d’un buisson de romarin une tarasque au vert-jaune éclatant, surprenant par leur bond les chevaux de tête. Un peu plus loin, c’était une couleuvre lovée en plein milieu du sentier, recherchant la chaleur du soleil levant, et que l’équipage avait dérangée.
Arrivés dans une clairière, le sentier se démultipliait. Jacques de Cauzac donna l’ordre à ses assistants de s’égayer et indiqua à Amaury de se séparer de lui et de prendre la direction de l’Ouest. A cet endroit, la vue était assez découverte et il lui indiqua le lieu de ralliement : au pied d’un immense chêne planté tout au sommet d’une colline dominant la forêt et que l’on distinguait à une demi-lieue d’ici. Chacun partit dans une direction.
Amaury menait son cheval avec précaution afin de descendre vers le fond d’une étroite vallée sur un chemin caillouteux. Il entendait résonner les hurlements des rabatteurs et les aboiements des chiens non loin de lui. Soudain, un sanglier émergea d’un fourré, courant à toute allure. Le cheval fit une embardée. Amaury, déséquilibré, n’eut pas le temps d’armer son arbalète que l’animal avait déjà disparu. Il continua à marcher au pas jusqu’à cette rivière dont il entendait les clapots. Il s’arrêta pour faire boire son cheval. De là, il fallait traverser encore plusieurs combes puis remonter vers la plus haute colline pour atteindre le grand chêne solitaire planté à son sommet. Amaury remonta en selle et lança sa monture à l’assaut d’un petit raidillon empierré. Après avoir franchi quelques éboulis, il ressentit une violente douleur au bras droit, près de l’épaule. La flèche avait traversé la manche du pourpoint entre l’épaulette et le haut du gant de cuir et s’était plantée dans sa chair d’au moins trois doigts. Amaury arracha le trait qu’il mit dans sa besace et tenta d’épancher le sang. Il chercha alors à regagner le lit de la rivière qu’il avait quittée quelques instants plus tôt. Avec mille précautions, il mena son cheval un peu à l’écart du sentier trop empierré pour la descente. Arrivé au bord du torrent il mit pied à terre et s’apprêta à nettoyer sa blessure. Le trait avait pénétré par l’arrière et il lui était difficile de voir sa blessure. Des voix se rapprochèrent accompagnées des aboiements d’un des deux molosses. Sans doute était-ce l’un des deux rabatteurs qui devait longer la rivière à quelques centaines de pas de là. Amaury décrocha la corne d’appel qu’il portait à sa ceinture. Il souffla de toutes ses forces plusieurs fois, espérant que la voix qu’il entendait percevrait aussi le son de sa corne. Quelques minutes plus tard arriva l’un des deux rabatteurs avec son chien. C’était Godric.
— Que vous arrive-t-il Monseigneur ?
— Je suis blessé… Une flèche… Répondit Amaury.
— Ce n’est pas possible ! Je n’ai rencontré personne. Un accident sans doute. Montrez.
Godric mit pied à terre et s’approcha d’Amaury qui était assis sur un rocher au bord de l’eau. Il examina la flèche qu’Amaury lui avait tendue.
— En tout cas ça ne vient pas de chez nous. Toutes nos flèches sont marquées d’un triangle barré de deux traits. Regardez, comme celle-ci. Faites voir votre bras.
Godric enveloppa le bras d’Amaury et lui confectionna une écharpe de fortune. Puis il aida Amaury à s’allonger au pied d’un arbre et le couvrit de son tapis de selle. Il alluma un feu et lui dit qu’il allait rejoindre son maître dont il connaissait le trajet habituel.
Amaury avait perdu beaucoup de sang et l’épuisement l’avait plongé dans une sorte de demi-inconscience entrecoupée de sommeil. Il lui fallait attendre les autres car, ne connaissant pas cette forêt, il se sentait incapable de retrouver le chemin du château.
Deux heures plus tard, Godric revint avec Charles, l’autre rabatteur. En revanche, il n’avait pas trouvé son maître. Tous deux proposèrent à Amaury de rejoindre le sommet de la haute colline jusqu’au point de ralliement. Ils l’aidèrent à remonter sur son cheval et se mirent en route, accompagnés des deux chiens. Arrivés au lieu de rendez-vous, après une bonne heure de marche lente et délicate, les deux assistants de chasse allongèrent Amaury sur un tapis de feuilles sèches et le couvrirent d’un large carré de laine brute qu’avait emmené Charles. Quelques temps plus tard, Jacques de Thieuras arrivait sur son cheval lourdement bâté. Il avait abattu un cochon sauvage et deux garennes de belle taille qu’il avait attachés à sa selle. Il s’adressa à Amaury.
— Eh bien ! Que vous arrive-t-il, Amaury ? Vous semblez blessé.
Amaury raconta l’accident. Jacques observa la flèche et convint qu’elle n’appartenait pas à la maison des Cauzac. Un autre chasseur aurait-il manqué sa cible ? Le ton du Maître des lieux était froid et mécanique. Il y avait un brin d’ironie dans sa voix. Puis il intima ses compagnons à aider Amaury à rejoindre le château.