Juillet - 3
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Juillet - 3
« Ma mère cherchait la perle rare, bien sûr. J’habitais à Beyrouth et je devais me rendre à Souk El Gharb tous les vendredis pour discuter des prétendantes et de mes intentions. Comme je fais partie du clan des Arslan, mon célibat était convoité. Mais vu que je ne me décidais pas, au bout d’un an ou deux, les demandes cessèrent d’affluer. J’eus un peu de répit mais ma mère devenait plus acharnée encore. Elle n’allait pas me laisser comme ça, il y avait forcément une fille pour moi, il fallait patienter un peu mais ça viendrait, je vous passe les détails. J’étais très proche d’une de mes tantes qui organisait avec ma mère la chasse à la mariée. Cette tante m’a sauvé la vie ! Comme j’avais entièrement confiance en elle, je lui ai avoué mon orientation sexuelle. Elle le savait déjà, elle l’avait compris depuis que je suis petit. Avant moi-même donc. Fayrouz était ma tante préférée ! Elle a immédiatement su quelle femme pourrait faire mon bonheur. Et elle l’a trouvée. »
Isidore sirotait son panaché sans quitter des yeux son interlocuteur.
« Une jeune druze était rentrée au Liban enceinte. Le père de l’enfant ne voulait pas en entendre parler et la malheureuse risquait de se voir déshonorée voir rejetée de la communauté et livrée à elle-même. Avant que l’affaire ne soit rendue publique dans tout le Chouf, ma tante Fayrouz contacta les parents et me la présenta. Nous nous mîmes d’accord tous les deux sur le fait que le mariage serait une façade et voilà. Tout le monde s’y retrouva ! »
Isidore était dérouté. Décidément, il ne savait pas comment prendre cet Hicham Hakim qui se livrait au-delà du raisonnable qui plus est face à un inconnu.
« Votre fille alors…
- C’est ma fille. Elle n’est au courant de rien, bien sûr. Sa mère et moi l’avons élevée, l’avons nourrie et guidée tout au long de ces années. Je suis son père, monsieur Valois. Et personne ne pourra m’en ôter le droit.
- Bien sûr, vous avez raison. Le père biologique n’a pas plus de droit que vous, je dirais même qu’il en a moins. Le père est celui qui élève l’enfant, il n’y pas de doute.
- Je suis content que nous soyons sur la même longueur d’ondes. En tout cas, pour ma femme et moi, cela a été notre philosophie depuis le début. Cependant, j’ai eu… comment dire ? Eh bien, à sa mort, il y a trois ans, ma femme m’a laissé une enveloppe à donner à Rosa pour ses vingt ans. Je sais ce que contient cette enveloppe, sans l’ouvrir, j’en connais le contenu. Ma fille aura vingt ans dans un an. Pendant près de trois ans, j’ai vécu avec cette enveloppe cachetée dans un tiroir de mon bureau. J’ai tout fait pour oublié cette enveloppe. Mais il y a quelques mois, j’ai craqué et je l’ai ouverte. Vous pouvez me juger ; je n’ai pas respecté mon serment. »
Isidore ne voyait pas où Hakim voulait aller en déballant comme ça toute son intimité. Ce qui au début paraissait intéressant devenait progressivement gênant. Il prit un air indifférent tout en surveillant l’heure à sa montre.
« Dans cette enveloppe, elle avait glissé une longue, une très longue lettre à Rosa où elle lui avoue que je ne suis pas son père. Et où elle en profite pour lui révéler le nom de son géniteur, un droit fondamental ajoute-t-elle. Je ne vois pas en quoi ce serait un droit fondamental. Elle ne m’avait jamais dit qui était ce type. Ni dans quelles conditions ils s’étaient rencontrés. Pour être franc, j’ai toujours pensé qu’elle avait été plus ou moins abusée par quelqu’un. Mais là, dans ses lignes, j’ai découvert une facette de ma femme que j’ignorais totalement. On croit connaître les gens et puis… Enfin, je ne sais pas quoi faire maintenant.
- Il s’agit d’une bien drôle histoire…
- N’est-ce pas ? Je sentais que cela vous plairait. Je l’ai su immédiatement.
- Toutefois, je ne peux rien pour vous. Le dilemme est purement moral : devez-vous respecter votre serment ? Cela peut porter préjudice à votre fille. Qu’y gagnera-t-elle ? Et votre femme, croyez-vous qu’elle sera touchée par votre fidélité posthume ? Je ne le crois pas. Et puis, ce type qui ne s’est pas manifesté pendant toutes ces années, entre nous, est-ce que ça vaut la peine de lui coller une gosse dans les pattes ?
- Ha ha ha, vous avez raison monsieur Valois !
- Et en plus, ce gars, comment le retrouver ?
- J’ai son nom, et quelques informations. Et j’ai une photo, surtout.
- Pas certain que ça permette grand-chose.
- Vous seriez étonné. »
Hicham Hakim sortit de sa mallette en cuir une chemise cartonnée de couleur vive. Il en sortit une photo d’un jeune homme souriant. Il la tendit à Isidore.
« Voyez donc comme cet homme est facilement identifiable. »