JOURNÉE MONDIALE DE L’ÉCRITURE MANUSCRITE : l’occasion de redécouvrir le plaisir du crissement de la plume sur le papier
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JOURNÉE MONDIALE DE L’ÉCRITURE MANUSCRITE : l’occasion de redécouvrir le plaisir du crissement de la plume sur le papier
« L’écriture, c’est la science des ânes ! » J’ai souvent entendu mon père rouspéter contre l’ineptie de ce vieil adage. Qu’entend-on d’ailleurs par écriture dans cette citation ? Les heures passées à calligraphier méthodiquement chaque lettre de l’alphabet dans notre enfance ? Pratique perdue au profit d’échanges phonétiques, voire hiéroglyphiques, distillés par les générations X, Y puis Z sur les réseaux sociaux dans un sabir accessible aux seuls initiés.
À la suite de mon père, je peste contre cette citation absurde, tant l’écriture me semble essentielle, et en premier lieu l’écriture manuscrite, indispensable aux êtres pour communiquer et se faire comprendre.
Je profiterai donc de ce samedi 23 janvier 2021, journée mondiale de l’écriture manuscrite, pour revenir sur la naissance de l’écriture ; sur le plaisir presque charnel décrit par de nombreux auteurs évoquant la rencontre de leur plume, crayon, stylo ou autre feutre glissant voluptueusement sur la feuille blanche ; sur le lien entre écriture et développement cognitif. Pour essayer d’y voir un peu plus clair, je vous propose ce court article… dactylographié !
Des origines de l’écriture
Saviez-vous qu’il existait une Journée mondiale de l’écriture manuscrite ? Coincée entre la Journée franco-allemande et celle, internationale de l’éducation – tiens, pas idiot comme voisinage – elle partage ce jour avec ce de la solitude. Peut-être parce qu’une belle lettre peut la rompre, qui sait ?
23 janvier : Saint Barnard et journée mondiale de l’écriture
Eh oui, le 23 janvier, c’est la Saint-Barnard. (Là, mon frère, plein d’humour, me dirait « comment appelait-on la camionnette des gendarmes ? » Une, une… Je vous laisse cogiter) Et non, ce n’est pas ma fête. La Saint-Bernard, c’est le 20 août. Après, vous en connaissez beaucoup des Barnard, vous ?
Mais peu importe, nous nous éloignons. La date a été choisie en l’honneur de John Hancock, né le 23 janvier 1737, qui présida le second Congrès continental et signa en premier la Déclaration d’indépendance des États-Unis. Son paraphe magistral reste celui qui ressort le plus de ce texte fondateur. Depuis, apposer son Hancock est synonyme de signer un document (par antonomase, comme dire frigidaire – nom propre – pour réfrigérateur –nom commun).
C’est vrai qu’elle en impose, sa griffe, vous ne trouvez pas ?
Et si cet homme est passé à la postérité pour avoir écrit (enfin surtout signé) un texte historique, c’est parce que des milliers d’années avant lui, d’autres hommes au moins aussi importants ont inventé l’écriture.
Des hiéroglyphes au roller : évolution des outils pour une même mission
L’origine précise est difficile à situer, et je vous renvoie à l’excellente trilogie « L’odyssée de l’écriture » diffusée sur Arte et (encore disponible en VOD) pour tenter d’approche la vérité sur cette incroyable aventure.
Si l’on part du principe que l’écriture permet de communiquer, qu’elle est un art aussi, alors les peintures rupestres de la Grotte de Lascaux en constituent l’ancêtre, du moins la plus ancienne manifestation actuellement connue. Les hiéroglyphes ont représenté une étape importante, de même que les idéogrammes chinois ou encore le Sumérien, qui comportait plus de 1 000 pictogrammes ayant évolué vers un alphabet de trente lettres. Mais c’est l’alphabet phénicien, inventé il y a 3 000 ans, qui semble être à l’origine des systèmes alphabétiques modernes.
Calligraphier est un vrai plaisir souvent rappelé par les plus grands auteurs
Grâce à ces lettres, la communication connaît un nouvel essor et l’écriture avec elle, sur différents supports et dans différentes langues.
Le stylet, la plume et le Calame des origines…
La tâche du scribe, qu’il dessine sur des papyrus, sculpte le marbre ou grave des tablettes à l’aide de son stylet n’est pas aisée. Et à l’époque, pas d’effaceur d’encre et encore moins de touche « delete ».
Pourtant, écrire est déjà un plaisir : c’est l’accès à la connaissance. Si le fond est important, la forme n’est pas dénuée d’intérêt. La calligraphie tend vers la perfection et lire des textes anciens dans leur forme originelle est un pur régal pour les yeux. Il suffit de songer au temps passé par les moines-copistes penchés sur leur écritoire dans la pénombre d’un scriptorium, à peine éclairés par la lueur d’une bougie, pour comprendre ce qu’ils devaient retirer de leur ouvrage. Des heures et des heures passées à enluminer une lettrine ; des semaines et des semaines à recopier un texte. Copier la bible pouvait demander un an de travail !
… cohabitent avec les outils les plus modernes
Au fil du temps, écrire devint plus aisé grâce à la technique : le calame, la plume, le crayon, la plume métallique, le stylo plume, la bille, le roller… puis la machine à écrire et maintenant l’ordinateur.
Mais toujours le même plaisir d’écrire « à l’ancienne » relaté par les auteurs au fil du temps. Comme Jean d’Ormesson, qui écrivait avec un simple crayon très ordinaire comme celui de notre enfance. Il lui fallait « 4 crayons pour arriver au bout d’un livre. » Et lorsque Virginia Woolf disait « C’est écrire qui est le véritable plaisir ; être lu n’est qu’un plaisir superficiel. » N’incluait-elle pas aussi la graphie ? Dans un autre registre, il est aisé d’imaginer le plaisir que la Reine Marie-Antoinette prenait à la rédaction de ses missives cryptées à destination du Comte Axel de Fersen, dont la science vient récemment de percer une partie des secrets.
Que dire enfin devant cette citation de Michel Tournier :
La calligraphie est l’algèbre de l’âme tracée par l’organe le plus spiritualisé du corps, sa main droite. Elle est la célébration de l’invisible par le visible. »
La main qui écrit a pour prolongement du cerveau qui enregistre
Mais pourquoi diable écrire encore à la main alors que l’ordinateur facilite tellement les choses et permet de diffuser à l’infini ; OK boomer ?
Eh bien le boomer pense que le crayon, le feutre, la plume ou que sais-je encore ont de beaux jours devant eux. Premièrement parce vous pouvez vous offrir une bonne mine graphite pour à peine 1 euro quand l’ordinateur coûte cher à l’achat puis à l’usage.
Ensuite, et c’est là le plus important, pour l’interaction positive entre la main et le cerveau lorsque l’on écrit sur une feuille. Interaction qui favoriserait aussi l’apprentissage et le développement cognitif de l’enfant, et faciliterait la mémorisation pour tout le monde. Bastien Wagener a bien détaillé ces interactions et d’autres encore dans un article documenté que vous pouvez lire ici.
Alors ordinateur ? Stylo ? Courriel ? Lettre ? Vous l’aurez compris, moi aussi j’ai le bruit de la plume qui gratte la feuille de papier. Mais je vis aussi dans mon temps et ne renie pas les évolutions technologiques sans lesquelles vous ne liriez certainement pas cet article.
Ma conclusion sera sous la forme d’une histoire. Une histoire d’amour, celle d’Aimée et de pierre qui se sont aimés pendant la guerre. Lui militaire engagé, elle dans un village français. Ils ont correspondu pendant plusieurs années avant de se marier. Une correspondance emplie d’amour et de jolis mots. Des lettres, hélas, qui ont fini jetées dans un bac à papier. C’est là qu’un agent, triant ces papiers, les a retirées et a envoyé un message via les réseaux sociaux… jusqu’à réussir à retrouver les descendants d’Aimée et de Pierre et à leur rendre ces précieux échanges.
Comme quoi, finalement, si les deux modes d’écriture, scriptural et numérique, parviennent à cohabiter, ils écriront les plus belles histoires.
Rédigé le 23 janvier 2021
Et la réponse à la question de mon frère : une estafette.
Crédit photos : Photo de Lady Escabia provenant de Pexels / Idéogramme Image par 🎄Merry Christmas 🎄 de Pixabay/ Image par Clker-Free-Vector-Images de Pixabay
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