Jour 5, après-midi (Nagoya)
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Jour 5, après-midi (Nagoya)
Samedi 1er Avril, après-midi du 5ème jour, 264h restantes
De nouveau livrés à nous-mêmes, on décide de déjeuner puis de manger une glace, qu'on achète sur l'un des stands autour du château. Je choisis un parfum vanille-melon un peu louche qui se révèle pas mauvais. Ensuite, on se met en route vers Osu Kanon, un temple shinto. Je pense qu'on arrive à Nagoya pendant une sorte de festival. En effet, Midori a mentionné quelque chose comme le jour officiel des cerisiers et encore avant, on avait vu un premier groupe de musique en sortant de la gare, du côté de Midland Square. Partout, des boules roses sont accrochées dans les arbres, et les lampadaires sont criblés d'affichettes évoquant les sakura. Sur le chemin entre le château et le temple, on croise deux petites fanfares et des gens déguisés (ninjas, tigres) ou coiffés de perruques (Le prix spécial "représentation symbolique du printemps" revient sans l'ombre d'une hésitation au stormtrooper.)
De manière générale, Nagoya est plus respirable que Tokyo, mais on y voit les mêmes gens. Par exemple, il y a beaucoup de services : des agents de sécurité sont postés un peu partout autour des festivaliers ou aident à la circulation là où il n'y a pas de feux piétons ; des employés de magasins ou de restaurants sont là simplement pour tenir une affiche ou le menu en appelant les passants. Ce job doit être payé une misère, je ne suis pas sûre qu'une entreprise en France ose se permettre ça avec notre SMIC.
Osu Kanon ressemble beaucoup au Senso-ji. Une énorme lanterne est accrochée à l'entrée. À côté du temple, une petite annexe abritant une grosse cloche rituelle est le domicile de nombreux pigeons, à l'affût des restes de nourriture laissés par les visiteurs. Toute une troupe de volatiles marche d'ailleurs sur les traces d'un petit garçon qui a commis l'erreur de leur donner quelque chose à grignoter. On dirait Link noyé sous les cocottes. Après avoir jeté un oeil à l'intérieur du temple, on choisit de rejoindre l'hôtel à pied, car le metro est plus cher à Nagoya qu'à Tokyo.
Les pigeons de Osu Kanon à l'affût.
On remonte une grande allée marchande couverte et on traverse les rues, accompagnés par les moineaux d'un côté et les coucous de l'autre. En chemin, on passe devant quelques trucs louches notables dont : un aquarium assez malsain où on peut essayer de pêcher son homard avec un grappin, comme le jeu des peluches à la fête forraine (Je trouve ça vraiment très limite niveau respect de l'animal que tu vas faire bouillir pour te nourrir) ; une esplanade où trois filles en jupon bleu chantent neko-mia-mia-mia devant un public exclusivement masculin.
L'hôtel de Nagoya est à la fois mieux et moins bien que celui de Tokyo. C'est non fumeur, le lave-cul des toilettes ne s'enclenche pas tout seul et on a une bouilloire avec des cafés en poudre. Par contre, c'est plus bruyant, car on est plus proches des axes de circulation. Le passage des véhicules fait comme un bruit de vent permanent et assez fort. Aussi, la salle de bain a l'air moins neuve. À Tokyo, notre hôtel avait un partenariat avec le café acollé, qui servait les petits dej. À Nagoya, nos coupons "breakfast" nous permettent d'être servis au café d'en face.
Comme Midori nous a dit que le unagi (l'anguille grillée) est une spécialité locale, on aimerait essayer. À l'accueil de l'hôtel, la jeune employée nous donne une carte avec tous les restaurants du coin, mais nous prévient gentiment qu'un samedi, ils risquent d'être blindés. Accompagnés par les musiques de rue du festival, on tente le premier restaurant de la liste. En effet, il y a plein de monde devant.
D'ailleurs, au Japon, ce n'est pas du tout comme en France. En France, on va au restaurant pour y passer la soirée, avec de grosses assiettes (et de l'alcool, pour celles et ceux qui en boivent). Donc quand le restaurant est plein, on se fait poliement refouler. Au Japon, quand le restaurant est plein, on fait la queue. Si le restaurant est en intérieur, par exemple sous une galerie commerciale, alors des chaises ou des tabourets sont installés le long du mur pour que les gens puissent patienter plus confortablement. Il y a même des tickets pour déterminer l'ordre de passage, comme quand vous allez au bâtiment d'un service administratif pour tenter de rencontrer un être humain.
On choisit de respecter la tradition locale et d'attendre notre tour devant l'un des fameux restaurants à anguilles. Une fois entrés et installés, la serveuse commence par nous offrir un thé vert et une espèce de notice sur la manière de déguster notre anguille grillée. C'est très tendre et doux, avec une note de grillé (j'imagine qu'on pouvait s'y attendre), et un goût assez... "spécial". Pas forcément hyper bon, pas mauvais non plus, et que j'ai vraiment du mal à décrire car je ne trouve pas à quoi le comparer (un peu comme l'octarine de Terry Pratchett). On nous sert d'autres trucs à manger avec, et la fameuse notice propose un ordre de dégustation. D'abord juste avec le riz, ensuite en ajoutant les oignons verts et le wasabi, et enfin en faisant tremper le tout dans une soupe chaude, avec des algues à onigiri par-dessus. Comme on peut partager le plat pour deux, l'expérience ne nous coûte pas trop cher, 3100 yens.
En repartant, on se dirige vers Oasis 21 et on s'arrête sur une place pour écouter un groupe de musique vraiment très bon qui profite de la fête pour se faire connaître (Je crois que leur nom est SUS4, mais comme l'écriture de mon carnet de voyage original est à chier, je suis pas sûre. Aussi, l'histoire voudra que cette scène m'inspire un court passage de l'Enfant des Esprits, quand Ben et Sun se promènent le soir à Lomène). On les écoute un moment, et lorsqu'on se remet en route, la foule qui les entoure a doublé de volume.
On pensait que le centre commercial serait encore animé au vu du reste de la ville, mais non. Quasiment tout est déjà fermé à part les restos du bas, et on ne peut pas accéder au toit du vaisseau spatial. Nous sommes déception. On se balade un peu et Guillaume achète ce qu'on estime être un Paris-Brest, sauf qu'en fait il n'y a pas de crème dedans. Il dit "Mais c'est bon quand même", et dix-huit secondes plus tard il a tout mangé.