J'ai creusé un trou dans le jardin.
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J'ai creusé un trou dans le jardin.
Il y aura toujours quelques échafaudages, c’est la marque du travail de l’Homme. Cet être aux pouces préhenseurs, qui s’est relevé, dit-on, pour échapper à une Nature Animale, pour s’élever au-dessus de celle-ci.
Cela fait plus de sept jours, je ne compte pas au-delà. Je sais juste que cela fait plus de 7 jours. Comment ? Pourquoi ? Je m’en fous. Sincèrement.
J’ai attendu, comme jamais dans ma singulière petite vie. Sans angoisse, en pleurant, sans avoir peur, le caressant encore et encore, ici et ailleurs, en même temps.
Qu’il était beau. Simplement, majestueux. Prince. Pas roi. Il n’avait de territoire que ma mémoire. Il l’aura toujours.
Qu’il est beau, là, dans ma mémoire, et à jamais.
Qu’il est doux, là, dans mes bras, et à jamais.
Qu’il sent bon, là sous ma peau, et à jamais.
Je suis désormais gardienne de son corps, pour la transformation. Ses poils, sa peau, ses os, sa chair. Toute la nature qu’il contenait dans son corps va se transformer, dans la boîté dans laquelle j’ai posé son corps.
J’ai posé la boîte au fonds d’un trou que j’ai creusé moi-même.
J’ai reposé la terre au-dessus de la boîte.
Et au-dessus j’ai reposé une pierre que j’avais trouvé en faisant le trou.
J’ai l’impression que je n’ai jamais été triste avant. J’ai eu peur. Beaucoup. Intensément. A me rendre folle. Mais la tristesse, je viens de la découvrir, dans toute sa beauté. Je la porte comme un bijou précieux. Parce que la tristesse, ce n’est pas être triste. C’est une douceur qui montre un peu de l’étendue de tout ce que j’ignore encore. Ce sont des couleurs sombrement vives, nécessaires, qui sont là depuis toujours, mais qu’on ne voyait pas.
Je l’aime.
Je l’ai répété je ne sais combien de fois cette semaine.
Et cela me rend heureuse.
Car cela veut dire que je peux aimer.
Je ne l’en remercierai jamais assez.
Des portes se sont ouvertes. Et des paysages merveilleux que je vois par l’entrebaillements de celles-ci ne me font plus si peur.
Crédits photo: moua