AU XXIe SIÈCLE SORTEZ DE VOS TOURS D’IVOIRE
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AU XXIe SIÈCLE SORTEZ DE VOS TOURS D’IVOIRE
SAGESSE ET RESPONSABILITÉ
AU XXIe SIÈCLE SORTEZ DE VOS TOURS D’IVOIRE
Lundi 4 mai 2020
Plus jamais ça, le temps de l’action, c’est maintenant ! Cette incantation est devenue une litanie répétée à l’envi par tous les activistes et dans tous les pays, mais, malheureusement, elle reste inefficace et ne se traduit par aucun résultat.
De l’origine de l’Humanité à nos jours, les prophètes et les sages sont des personnalités exceptionnelles ayant vécu ou vivant des vies extraordinaires. Néanmoins, afin de préserver leur intégrité et leur pureté, ils quittent leurs familles, s’extraient de la société, voire même se cachent pour fuir les persécutions de leurs ennemis supposés ou déclarés. En s'abstenant délibérément de s'occuper des affaires du monde matérialiste d'ici-bas, en s'éloignant de ses vilenies et de ses turpitudes, ils peuvent conserver leur grandeur dans le monde spirituel d'en-haut, où la vérité absolue ou ultime est l'alpha et l'oméga de la vie humaine.
Dans leur splendide isolement, semblable à un exil doré, quel bonheur sublime que de vivre la connexion avec Dieu ou le Ciel, de concevoir le plan architectural de la Cité idéale à bâtir sur terre, et de connaître les détails les subtils et infimes des expériences vécues en pleine conscience !
Que nous le reconnaissions ou pas, la société humaine est régie par la loi de la jungle fondée sur la violence, l’avidité et l’égoïsme. Des extrémistes barbares et cruels, à visage découvert ou masqué, peuvent décider que tout ce qui appartient aux autres est à eux s’il leur en vient le caprice : ils disposent alors sans pitié des biens, des corps et des vies de leurs victimes et les horreurs commises ne connaissent pas de limites.
Pourtant, en dépit des crimes et des pourritures grouillantes à la surface de la Terre, au XXIe siècle, nous demandons aux prophètes et aux sages de sortir de leurs tours d’ivoire et de s’engager pour prendre soin de l’Humanité qui reste, contrairement aux apparences, une grande famille. Nécessité fait loi : nous sommes en droit de leur réclamer avec insistance de quitter leur ghetto de luxe pour se mêler aux êtres humains qui vivent leurs vies précieuses malgré les malheurs et les souffrances.
Qui mieux qu’eux-mêmes pourraient, par leur exemplarité, montrer à chaque être comment redécouvrir, au plus intime de lui-même, les six qualités fondamentales, à savoir la bonté, la rigueur, l’unité, la détermination, la gratitude, la stabilité, la résultante en étant le sens inné et acquis de la responsabilité ?
Dans l’obscurité la plus noire, il existe la lumière la plus éclatante.
La sagesse, oui bien sûr, mais aussi la responsabilité pleinement assumée envers tous les êtres vivants !
La vie est unique et précieuse ici et maintenant, nous devons la chérir pour nous-mêmes et pour tous les êtres vivants !
La transmission de Patrul Rinpoche à Nyoshul Lungtok
Extrait du Livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoche
Nyoshul Lungtok (1829-1901), qui devait devenir l’un des plus grands maîtres Dzogchen de notre époque, suivit son maître, Patrul Rinpoche (1808-1887), pendant environ dix-huit années. Durant tout ce temps, ils furent presque inséparables. Nyoshul Lungtok étudia et pratiqua avec tant de zèle qu’il accumula purification, mérite et pratique en abondance ; il était prêt à reconnaître Rigpa, mais son maître ne lui en avait pas encore donné l’introduction finale. Un soir mémorable Patrul Rinpoche la lui donna enfin. Ils séjournaient à ce moment-là dans un ermitage situé très haut dans les montagnes, au-dessus du Monastère Dzogchen. C’était une nuit splendide. Le ciel était clair, d’un bleu profond et les étoiles brillaient intensément. L’aboiement lointain, en contrebas, d’un chien du monastère rehaussait le silence de leur solitude.
Patrul Rinpoche, allongé sur le sol, accomplissait une pratique Dzogchen particulière. Il appela Nyoshul Lungtok auprès de lui et lui demanda :
« As-tu dit que tu ne connaissais pas l’essence de l’esprit ? »
Au ton de sa voix, Nyoshul Lungtok devina que le moment était exceptionnel et, le cœur plein d’attente, il fit un signe d’assentiment.
« En fait, il n’y a là rien d’extraordinaire », dit Patrul Rinpoche négligemment. Puis il ajouta : « Mon fils, viens t’allonger ici : sois comme ton vieux père. » Nyoshul Lungtok s’étendit à ses côtés.
Patrul Rinpoche lui demanda alors :
« Vois-tu les étoiles là-haut, dans le ciel ? »
— Oui.
— Entends-tu les chiens aboyer au Monastère Dzogchen ?
— Oui.
— Entends-tu ce que je suis en train de te dire ?
— Oui.
— Eh bien ! C’est cela la nature du Dzogchen – simplement cela.
Nyoshul Lungtok raconte ce qui se produisit alors : « En cet instant, la certitude de la réalisation naquit au plus profond de moi. J’avais été libéré des chaînes de « ce qui est » et « ce qui n’est pas ». J’avais réalisé la sagesse primordiale, l’union sans voile de la vacuité et de la conscience claire intrinsèque. Ce fut la grâce de mon maître qui me permit de parvenir à cette réalisation. » Comme l’a dit le grand maître indien Saraha :
Celui dont le cœur a été pénétré par les paroles du maître
Voit la vérité comme un trésor dans la paume de sa main.
Le Dalaï-lama a commenté, le 3 juillet 1984 à l’abbaye de Westminster à Londres, le texte fondamental Les trois mots qui frappent le point vital de Patrul Rinpoche, cf le livre The Heart of Meditation / Discovering Innermost Awareness, 2016, traduit en français sous le titre Le Cœur de la méditation / Découvrir l’esprit le plus secret.