

Un souvenir
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Un souvenir
Mon voyage débute à peine, et pourtant je suis guidée. J’observe, de part et d’autre du couloir que j’arpente, de nombreuses portes lourdes de bois noueux, avant de me décider pour une porte coupe-feu située sur la gauche.
Ce funeste clin d’oeil m’échappe complètement.
Dès la porte franchie, j’éprouve un malaise. Aiguillée par la curiosité, crédule encore, je fais quelques pas et observe la forêt de pins autour de moi. Il y flotte un sentiment étrange. Une odeur inhabituelle emplit l’air, quelques craquements résonnent et je n’arrive pas à les associer au passage d’un animal dans les branchages.
Attentive, je guette, immobile, tous les détails étranges qui agrémentent un décor par ailleurs familier: celui de la forêt qui m’a vue grandir. Mes narines se dilatent et s’emplissent du parfum de la résine.
Justement, je remarque que l’odeur est plus intense, plus âcre, plus piquante qu’à son habitude. Une odeur de résine d’été caniculaire se répand et m’avertit. Là encore, je ne prête pas attention à cette insistance olfactive… Pourtant, elle aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
Je poursuis mes observations et, concentrée à l’extrême, je ne perçois pas l’immobilité de mon corps. Je ne réaliserai que plus tard que je n’avance plus. C’est la forêt autour de moi qui se transforme.
L’air, d’abord, change de texture. Il s’épaissit, il s’emplit de particules troubles, grises, brunâtres, légères et tournoyantes. Des oiseaux dansent, désordonnés. Le danger sourd mais une incompréhensible inertie me retient là. Le jour s’est assombri, le soleil m’apparaît terne, derrière un voile, un vent ardent s’est levé. Il me semble que des animaux fuient, mais je ne les vois pas.
Je les sens. Je sens des cavalcades effrénées. Je sens un vent de panique, une bourrasque qui pousse tous les habitants invisibles de cette forêt à cavaler en tous sens, désorientés.
Les bruits se font assourdissants: craquements, ronflements, piétinements, stridents ou rauques, des cris, des claquements.
Il m’est demandé d’avancer, mais c’est impossible. Sous mes pieds immobiles et nus, des aiguilles de pin, un sol sablonneux.
Il m’est demandé d’avancer encore, je ne peux pas bouger.
Mes yeux me piquent. Je ne distingue plus rien qui ne soit gris fumée.
Il m’est demandé d’avancer.
Je fais le seul mouvement dont je sois encore capable: je baisse la tête. L’ai-je baissée vraiment? Ou est-elle tombée sur ma poitrine?
C’est là que je les vois.
Mes bras.
Mes bras, mon pauvre corps.
Il n’en reste plus rien.
Deux branches décharnées, grises, deux bras d’un squelette calciné.
Deux tiges osseuses de poussière et de braise.
Deux morceaux de charbon, deux sinistres volutes.
Pétrifiée d’horreur devant cette image, je rugis, j’halète, les sanglots me tordent. Les larmes et les cris jaillissent. Cette eau qui coule m’apaise un peu et, revenue à moi, je saisis enfin…
J’étais prisonnière.
Ligotée, je me suis embrasée.
Je me suis consumée avec la forêt de mon enfance.


Jackie H 5 giorni fa
Quand la méditation révèle des vérités sur soi-même ?...
Sandrine Cartier 2 giorni fa
Oui, drôle de voyage, un peu traumatisant quand même, mais libérateur. Heureusement, ils ne sont pas tous aussi durs et mener l'enquête m'a toujours passionnée. Déjà tenté l'expérience?