Chapitre 6/10 - Tu m’entends tonton ?
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Chapitre 6/10 - Tu m’entends tonton ?
On arrive pile au moment où nos parents sortent de la voiture désormais garée dans l’allée de la maison de tonton.
Par contre, pas de tonton en vue. Zut de zut !
— Comment on fait pour retourner dans nos corps ? Tu n’as pas une idée géniale des fois, Solène ?
— Peut-être que si on se pince ? Tu sais ? Comme pour sortir d’un rêve ?
— Ah bon ? Parce que tu te pinces pour sortir de tes rêves toi ? Je ricane intérieurement en me l’imaginant.
— Mais non, mais c’est toujours ce qu’ils font dans les livres et les dessins animés ! Se pincer pour vérifier s’ils sont bien réveillés ou pas.
— Je veux bien, mais on n’a pas de doigts je te signale, alors pour se pincer… Ah, et puis, si c’était la douleur qui pouvait nous faire revenir, c’est mort hein ? Parce que j’ai toujours une épine dans la patte, moi.
— Ah oui j’avais oublié. Zut.
— Tu ne veux toujours pas me l’enlever des fois ?
Elle ne dit rien, mais finit par s’approcher de ma patte lentement. Je peux encore sentir la peur sur elle, c’est très curieux. Elle attrape l’épine entre ses petites dents pointues et tire, ôtant avec facilité cette horrible épine que j’ai été incapable de saisir avec mes pattes.
Le soulagement est immédiat et je m’empresse de me lécher la patte, pour accélérer la cicatrisation.
— Ne te lèche pas !
— Quoi ? Pourquoi ? Je lui demande, surpris par son interruption.
— Ça ne va pas bien cicatriser si tu te lèches. Mieux vaut prévenir tonton plus tard pour qu’il soigne sa chatte correctement.
— Ah ? Je ne savais pas. Bah, trop tard, j’ai déjà léché. Je ne sais pas si j’aurais pu m’en empêcher honnêtement, c’est vraiment très instinctif.
Le temps que Solène passe à s’occuper de ma patte, nos parents se sont approchés de la porte d’entrée de tonton et ont sonné.
Mais personne n’a répondu.
On observe, un peu angoissés, lorsque papa abandonne la sonnette pour se mettre à tambouriner sur la porte.
— J’arrive, j’arrive ! Hey frérot, vas-y mollo sur la porte, tu veux bien ? Parce que je te préviens, si tu la casses, tu la répares ! Je peux bricoler ce que tu veux dans un ordinateur, mais les portes, c’est pas trop mon truc, hein ?
Ouvrant enfin la porte, tonton est en train de rire et accueille nos parents avec un grand sourire, l’air totalement insouciant.
— Tonton ! Tonton ! On est là !
Il n’a pas l’air de nous entendre, alors je me mets à miauler de toutes mes forces.
— Je me planque, Hélios.
— Ah oui, tu as raison, ça vaut mieux.
Solène se cache sous un rhododendron[6] tandis que tonton, mais aussi mes parents, se tournent vers moi, affichant des airs ahuris. Je rentre la tête dans mes épaules, pris de trouille qu’ils ne me reconnaissent, sachant pourtant parfaitement que c’est impossible.
— Tu as un chat maintenant, frangin ?
— Oui, mais tu l’as déjà vue je te rappelle ! C’est Martha, la chatte que j’ai recueillie parce qu’elle a été abandonnée lorsque ses maîtres ont déménagé.
— Je ne l’avais pas reconnue, elle a bien grossi.
Pris d’une inspiration subite, je lève ma patte blessée vers eux, tout en continuant à miauler.
— Ah ! On dirait qu’elle est blessée ! Ça ne vous dérange pas de patienter dans le salon pendant que je m’occupe de la soigner ?
— Bien sûr, pas de soucis ! Les enfants sont où ?
Oh là là, pourvu que tonton ne réponde pas n’importe quoi !
[6] Rhododendron = Un arbuste qui fait de très jolies fleurs.
Crédits :
Photo de la creative room : Jean-Luc Catarin sur Unsplash
Photo du rhododendron : Chris Falcoz 😄