Dans certaines cultures Autochtones d'Amérique du Nord, un capteur de rêves ou attrape-rêves (en anglais : dreamcatcher) est un objet artisanal d'origine ojibwé (appelé asubakatchin ou bawajige nagwaagan dans cette langue) composé d'un cerceau, généralement en saule, et d'un réseau de fils en forme de filet.

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Ma fille, Léna m’a offert dernièrement un dreamcatcher. Même en l’écrivant et en posant le mot, j’ai des difficultés à le prononcer. Elle m’a juste dit en me le balançant presque : « tiens maman joyeux anniversaire et bonne(s) nuit(s) ». Je n’ai pas compris sur le moment ce que mes nuits venaient faire là-dedans. Joyeux anniversaire, très adapté, pour une fois c’était le bon jour mais pourquoi me souhaitait-elle bonne nuit au moment du goûter. J’étais perplexe.

J’ai beaucoup de mal à dormir. J’ai pensé dans l’ordre à mes fleurs de Bach, puis à la mélatonine, puis à l’Imovane et enfin dans l’ordre toujours à ma bouteille de Chablis. Ça se terminait toujours comme ça et dans ce sens. Des années que je n’avais pas réussi à dormir correctement ou du moins naturellement.

Les décorations qui le composent sont différentes pour chaque capteur de rêves. Selon la croyance populaire, le capteur de rêve empêche les mauvais rêves d'envahir le sommeil de son détenteur. Agissant comme un filtre, il capte les songes envoyés par les esprits, conserve les belles images de la nuit et brûle les mauvaises visions aux premières lueurs du jour.

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Je restais un peu dubitative en découvrant ce qu’était l’attrape-rêves.

Donc 20 ans d’insomnie allaient disparaître grâce à un cerceau de fils et de perles. Pourquoi pas un collier de bienvenue à chaque fois que je franchirais la porte du sommeil. J’entendrais alors aloha et serais bercée par les anges.

Ma fille était un peu bête. Ça me faisait mal de le dire, vraiment. Mais je crois que la fée des neurones ne s’était pas penchée sur son berceau. Je suis horrible, me sers un verre. L’année dernière, elle m’a offert un livre intitulé « À 40 ans, tout fout le camp ». J’en ai aujourd’hui 52. L’Année d’avant une place de concert pour les enfoirés. J’ai l’air d’en avoir quelque chose à faire des opprimés ! Bref, elle était toujours à côté. Cette année c’était le pompon. Encore qu’au moins elle avait cerné mes préoccupations, je ne pouvais le lui enlever.

Idéalement, l'attrape-rêve doit être installé à environ 1,20 m au-dessus du dormeur. Selon les amérindiens, cela permet de capter le flux des esprits et des rêves qui circule dans la pièce. Il doit se trouver entre votre lit et une ouverture (comme la porte de la chambre par exemple).

Passion attrape-rêves

Je continuais à lire ces inepties tout en étant un peu envieuse de ces gens pour qui il était facile d’y croire. Ça avait l’air sympa, d’y adhérer une nuit ou deux, d’espérer que cela change quelque chose.

J’ai commencé à mal dormir en 1998. Quand j'énonce cette date les gens me disent systématiquement : « c’est la finale qui t’a fait faire des cauchemars ? ». Je ne vois pas bien comment, on a gagné. Et si un événement marquant avait pu entamer mes nuits en 1998 et si ces gens avaient plus de réparti et de culture générale, cela aurait été… la mise sur le marché du viagra. J’avais cherché, m’étais documentée. Je la trouvais très bonne et attendais que quelqu’un puisse un jour faire le lien. Il aurait alors gagné le droit de sortir toutes les blagues les plus scabreuses de la terre.

Donc, effectivement j’ai commencé à faire des cauchemars ou terreurs nocturnes, rares chez les adultes, plus fréquentes chez les enfants.

Chez les adultes, la terreur nocturne peut être ponctuelle, et faire suite à une inquiétude actuelle : plan de réduction du personnel, rupture amoureuse..., mais elle peut également résulter d'un traumatisme de l'enfance, et dans ce cas, il est possible que ses épisodes se prolongent dans le temps.

Sommeil.org

-plan de réduction du personnel : à mon compte, sans salariés c’était compliqué

-rupture amoureuse : avec le papa de ma fille tout allait bien

-traumatisme de l’enfance : un ou deux comme tout le monde a priori ici-bas

Cette nuit, je n’ai pas du tout dormi.

Habituellement j’arrivais tout de même à grignoter quelques heures. Même les trois verres de Chablis n’y avait rien fait. Je regarde ce matin, comme soulagée que l’aube soit arrivée, l’écran de mon ordinateur. Ce dreamcatcher m’intriguait. Ce n’était pas ma dernière porte de sortie. Ce n’en était pas loin cela dit.

Et puis mince. J’étais impressionnée par ma capacité à renoncer à mes principes. En une nuit, le dreamcatcher posé sur ma table de nuit était devenu enviable, celui-ci étant l’objet de dérision le jour précédent. Ce pouvoir naissant était assez perturbant.

Une nuit, juste une nuit et je n’en parle à personne, mon mari ne remarquerait rien de toute façon. Il en allait de ma réputation.

1m20 ont-ils dit, entre mon lit et la porte. Me voilà debout sur mon lit, la porte n’étant pas bien loin. Je le punaise et le regarde, bleu et rouge perles blanches et toile marron.

Ce soir est mon soir, j’y crois et ça marchera !

Un peu de musique, des bougies et un petit verre de vin.

Et quoique tu fasses

L'amour est partout où tu regardes

Dans les moindres recoins de l'espace

Dans le moindre rêve où tu t'attardes

L'amour comme s'il en pleuvait

Nu sur les galets

Francis Cabrel

Cabrel me faisait un effet soporifique. C’est un chanteur de talent, je le reconnais mais il pouvait auparavant m’endormir assez facilement. Les bougies à la lavande et le verre de vin m’auraient achevée il y a 20 ans. J’étais dans mon lit, l’attrape rêve à 1m20 me fixait, je le savais. Allait-il catcher mes rêves les plus obscurs ou bien me marabouter pendant la nuit ? Encore fallait-il que je m’endorme pour ça. J’osais espérer qu’il avait également un pouvoir calmant et rassurant qui m’allongerait auprès de Morphée.

Mes yeux commencent à s’embrumer et quelques passages pensés ne sont plus bien cohérents. Encore une réflexion qui me vient sur Francis, ma fille et l’attrape-rêves. Je mixe jusqu’à en faire un tout qui me semble très plausible ou qui du moins ne me choque pas le moins du monde. Ma fille l’attrape-rêve sur la tête dansant avec Francis faisant du tamtam.

…………………..…………………………………………………………………………… ………………………………………………………….. 7h plus tard, 7h du matin

Je regarde l’attrape rêve à la recherche de je ne sais quoi. Peut-être quelque chose qui symboliserait mes songes et cauchemars disparus : juste une minuscule boule de poussière au milieu du filet, ou bien un changement de couleur même discret. Rien, il est le même qu’hier soir. J’étais bête, mais tellement impressionnée que mes pensées n’étaient plus tout à fait rationnelles.

Moi si cynique. Je pensais à la manière dont j’allais assumer ça.

Peu importe

1998-2025 ci gisent mes nuits alcoolisées et sous calmants