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5 août 2023, Saint-Pierre-en-Auge, 17h05
Nous voilà de retour dans notre location de vacances après une après-midi canoë en famille sur la rivière, qui m’a beaucoup plu. J’en avais même oublié cette histoire de fantôme dans la maison d’à côté. Nous passons près de la petite église du hameau qui semble être fermée depuis les années cinquante, puis, en continuant tout droit, on retrouve le décor de la location avec sur notre gauche, les pommiers et les vaches.
En arrivant près du portail, je suis surprise de découvrir à travers les barreaux métalliques, que de l’autre côté, une autre voiture s’y est garée.
-Ah tu vois, ça doit être nos voisins ! S’exclame ma mère.
Je fixe des yeux la Peugeot 5008 noire garée juste devant notre maisonnette. C’est une grosse voiture, assez familiale. Sûrement qu’il s’agit d’une grande famille avec plusieurs enfants. Or, en tournant la tête, je suis surprise de découvrir qu’il ne s’agit que d’un couple et de leur petite fille blonde, aux boucles dorées qui doit avoir trois ou quatre ans, et qui, déjà, commence à tournoyer, sauter, courir, dans l’herbe verte du jardin. Soudain elle s’arrête lorsqu’elle nous aperçoit. Gênée, elle va se cacher derrière les jambes de sa mère. La femme qui apparaît sous mes yeux est assez grande, elle doit faire au minimum un mètre soixante-quinze. Elle est brune aux yeux bleu ciel. Je me fais la réflexion que le père doit être blond pour avoir eu une petite fille aux cheveux si clairs. Son visage semble marqué par la fatigue du trajet qu’ils viennent de faire. Ses vêtements sont décontractés, un pantalon de jogging, un débardeur et une veste en jean. Elle semble être un peu âgée pour avoir une fille si petite. Est-ce la fatigue ? Je lui aurais donné quarante ans à cette femme. Le mari arrive, sortant de la maisonnette qui la veille me semblait hantée. Il se dirige vers le coffre en adressant un signe de la main en direction de mon père, puis récupère les deux valises restantes dans le coffre de la 5008.
L’homme semble plus jeune, il doit avoir la trentaine, son visage est très peu ridé. Cependant le haut de son crâne commence à se dégarnir. Contrairement à ce que je pensais, il n’est pas blond mais roux. C’est étrange ce que la génétique peur faire…
- Bonjour ! Bienvenue ! S’exclame mon père. D’où venez-vous ?
La femme nous dévisage froidement, sans prêter réelle attention à la question que mon père vient de poser. L’homme lui, se retourne et montre un grand sourire, qui sonne faux.
-Merci ! Des Deux-Sèvres. Et vous ?
-De Toulon, répond mon père avec fierté.
-De Toulon ? Et vous êtes venus jusqu’ici en voiture ? Ce n’est quand même pas banal pour des sudistes de la côte d’azur de venir s’isoler dans la campagne normande.
-C’est vrai haha. Répond ma mère. On cherchait la fraîcheur en fait. Les températures d’une quarantaine de degrés sont de plus en plus difficiles à supporter dans notre région.
-C’est vrai je vous comprends ! Ajoute l’homme d’une voix plus décontractée.
-Profitez bien de votre séjour ici en tout cas ! Monsieur…
-Marco euh Marcellin Fritini. Et vous vous êtes ?
-Marion et Xavier Garcia. Et voici nos enfants, Lucas et Emilie.
-Eh bien enchanté. Ma femme s’appelle Sarah et voici notre petite fille Louison.
Après cette courte conversation, nos deux familles sont parties chacune de leur côté. Finalement mise à part la femme, une certaine Sarah qui ne parlait pas beaucoup et semblait vouloir protéger sa fille de quelconque menace, ces voisins n’avaient pas l’air si sorciers.
Vers 19h30, nous prenons le dîner. La petite fille est encore dans le jardin sous la surveillance de sa mère qui la guette, assise sur une des deux chaises-longues qui meublent le petit jardin. L’ambiance est au repos, aux vacances et à l’apéritif. Une seule personne manque à l’appel. Le fameux Marco ou Marcellin qui depuis deux heures n’a pas quitté la maison. Est-il encore en train d’installer leurs affaires ? Cuisine-t-il ?
Après tout ce ne sont pas mes affaires. Lentement je tourne mon regard vers le saucisson et m’en coupe une autre tranche en me disant que je suis vraiment paranoïaque.
21 juin 2018, commissariat central d’Ajaccio, 01h14
L’inspecteur se rapproche de l’homme et de la femme qui sont, depuis plus de deux heures, assis l’un contre l’autre. La tête de la femme repose sur l’épaule de l’homme. Tous les deux semblent avoir perdu une part de leur âme. Leur regard est fixe, comme s’ils étaient dans un état second, qu’ils rêvaient. La femme est pâle, d’un teint moribond. L’homme quant à lui, bien qu’anéanti par la situation, repose ses poings sur ses genoux comme pour se préparer à l’attaque. Son regard mélange haine et tristesse.
-Madame, Monsieur… commence l’inspecteur.
Il se racle la gorge.
-J’ai le malheur de vous annoncer que nous avons fouillé la zone de la plage pendant maintenant presque seize heures et qu’une tempête violente s’étant déclarée, je ne peux pas me permettre de laisser mes équipes dans ces conditions, ce pourrait être mortel…
L’homme se lève violemment. Son visage anéanti se transforme en fureur.
-Vous êtes en train de me dire que vous allez arrêter de chercher mon fils pour un peu de vent ! NAN MAIS VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ????
-Monsieur, calmez-vous… Je sais que c’est dur à entendre. Pour précision ce n’est pas juste un peu de vent mais une des tempêtes les plus violentes qui va s’abattre sur la côte. On parle de tornade qui pourrait arracher des arbres voire des toitures…
-Et mon fils dans tout ça hein ?? Il a cinq ans et vous comptez le laisser seul sous une tornade parce que vous, à cinquante piges, vous n’avez pas les couilles d’aller le récupérer !??
-Ecoutez, je comprends votre frustration, je… Je peux au moins vous dire une chose c’est que, à cette heure, mes hommes n’ont trouvé aucun enfant dans toute la zone analysée avec précision. Je peux vous assurer qu’il y a très peu de probabilité que votre fils soit encore sur les lieux. Après tout, peut-être a-t-il été récupéré par quelqu’un ? Nous devons envisager différentes possibilités… Malheureusement…
-Malheureusement quoi !?
-Malheureusement… Si votre fils est bel est bien allé dans la mer, les conditions météorologiques et les courants marins font qu’il sera presque impossible de…
-De retrouver son corps c’est ça ?! Sa carcasse bouffée par les poissons ?
-Ecoutez on ne sait pas si cet enfant est allé dans l’eau…
-Monsieur l’inspecteur… Déclare soudain une femme en costume de police qui se dirige droit vers eux, on a du nouveau…
Soudain l’homme toujours sur les nerfs, attrape violemment l’épaule de la jeune policière.
-Qu’est-ce qu’il se passe !? Dites-le-moi ! Je suis le père j’ai le droit de le savoir !
La femme tente de le calmer, le commandant aussi. Finalement, d’ un air dépité, il déclare :
-Bon dites-le moi directement. Ces parents ont besoin de réponses après tout.
-Et bien on a un témoin qui affirme avoir vu l’enfant entrer dans l’eau et deux minutes plus tard, il l’a soudainement perdu de vue, comme s’il s’était évaporé.
-Mais enfin, c’est impossible… On a interrogé la totalité des personnes présentes sur cette plage !
-Eh bien il s’avèrerait que ce témoin est parti un peu avant la catastrophe. En tout cas avant que la mère ne remarque la disparition de son fils.
-Mais pourquoi ne l’a-t-il pas prévenue ?
-Eh bien en fait, ce garçon, il ne l’a pas vraiment remarqué sur le moment.
-C’est-à-dire ? Comment peut-on être sûr qu’il dit la vérité ? Demande soudain l’homme qui semble dorénavant stupéfait de la situation.
La femme quant à elle semble toujours plongée au fin fond de ses pensées.
-Eh bien figurez-vous que tout est en vidéo. C’est comme ça qu’il l’a remarqué. Après coup…
6 août 2023, Saint-Pierre-en-Auge, 01h10
Je dois vraiment avoir un problème. En ce moment je ne dors plus la nuit. En même temps, les coups de la nuit dernière m’ont paru tellement réels que j’ai peur maintenant. Et puis, il y a une chose qui me tracasse. Ces nouveaux voisins. Ils ont l’air si normaux et si étranges en même temps. J’ai l’impression qu’ils cachent quelque chose… Hier, le père n’est jamais sorti de la maison après que nous l’avons vu décharger les affaires du coffre. Il faisait super beau et ils ont décidé de manger à l’intérieur. Pourquoi ? Peut-être ne voulaient-ils pas manger à côté de nous ? En même temps je les comprends. C’est un peu gênant. On ne se connaît pas trop. Mais quand même ! Ils ont choisi cette location. Ils savaient qu’ils auraient des voisins. Je veux bien qu’ils ne soient pas sociables mais bon… Bref. Je devrais déjà dormir moi. Pourquoi je n’arrive pas à trouver le sommeil ? Mon cerveau refuse de se reposer. J’ai mille questions dans la tête et en même temps je suis excitée parce que demain nous allons visiter le Mont-saint-Michel. J’ai toujours rêvé d’y aller. Je m’imagine marchant dans de l’eau claire vers un village perché sur une colline au milieu de l’océan, entouré de nature. J’ai tellement hâte !
J’ai soif, je vais me chercher un verre d’eau. J’entre doucement dans la cuisine lorsque j’entends une sorte de ronronnement. Est-ce un chat ? Ou est-ce encore Lucas qui ronfle. Je l’entends à nouveau. Cette fois-ci c’est un râle très aigu, comme un cri de souffrance. Je me dirige vers la chambre. Je regarde Lucas qui dort à poings fermés. Décidée, je lui secoue doucement les épaules.
-Eh ! C’est toi qui cries dans ton sommeil ?
Il met du temps à émerger et prendre conscience de la situation. Lorsqu’il entrouvre les paupières et qu’il aperçoit mon visage. Il semble soudain contrarié.
-Mais… Hein ? Mais non ! Qu’est-ce que tu racontes, laisse-moi dormir !
Il me repousse d’un léger coup de pied et se tourne vers le mur en boudant, furieux d’avoir été réveillé.
Après tout il a sûrement raison, je suis peut-être folle…
C’est à ce moment-là que je l’entends à nouveau. Cette fois-ci, il se manifeste en couinements. Je regarde Lucas et réalise qu’à présent ça ne peut être lui qui émet ces sons. Il a dû entendre mais ne semble pas s’en inquiéter. Moi au contraire, je suis davantage perturbée. Entre les coups de la veille et ça… Je compte bien découvrir de quoi il s’agit.
En tout cas, une chose est sûre, ces bruits proviennent forcément de la maison voisine. Lorsque que je l’entends à nouveau je réalise qu’on dirait les râles d’un enfant. Après tout, c’est peut-être seulement Louison qui pleure dans son sommeil.
Je m’apprête à rester sur cette hypothèse et retourner me coucher lorsque cette fois-ci ce sont les coups qui reprennent. Ils ne s’arrêtent plus. D’ici on ne les entend pas très fort, c’est pourquoi personne à part moi ne semble les remarquer. Mais ils sont bien réels. J’écoute attentivement. Comme hier : trois coups rapides successifs, trois coups lents, trois coups rapides successifs. Ils semblent répétés en boucle. Ils ne s’arrêtent plus. Mais qu’est-ce donc qui se cache derrière ces murs ?
Soudain, une idée me vient pour vérifier qu’il s’agit bel et bien d’un animal ou de mon imagination. Je décide de taper à mon tour. Je me rends dans la salle de bain, là où les coups se font plus intenses et je toque très doucement trois coups successifs.
Soudain le bruit s’arrête. Cette « chose » semble m’avoir entendue frapper. Il se passe environ trente secondes jusqu’à ce que j’entende cette fois-ci un murmure, une voix enfantine comparable à celle de Louison qui chuchote à travers la paroi. Mon cœur semble s’arrêter lorsque je crois entendre une voix frêle dire : « S’il-vous-plaît… Aidez-moi. »