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Publicado el 28, ago., 2024 Actualizado 28, ago., 2024 Crime stories
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 20 juin 2018, Cargèse, 10h30

-Maman ! est-ce que…

-Attends mon chéri, deux minutes s’il te plaît. Tu vois bien que je suis au téléphone.

-Mais mam…

Loin des immeubles parisiens, sur une petite plage de sable fin, le soleil vient redonner de la couleur et du sourire à des âmes qui, depuis plusieurs mois, rêvent de paysages de grains dorés et d’eaux turquoise. Le soleil brille en cette matinée de juin, et pourtant la météo n’est pas aussi idyllique qu’on aurait pu l’imaginer. Des bourrasques font s’envoler les grains de sables, qui s’élèvent dans les airs et, qui telle une tempête de neige, viennent tournoyer au-dessus du vide avant de retomber et recouvrir les serviettes colorées des vacanciers.

Dans cette tempête de sable, un petit garçon s’amuse à fuir les vagues. Il court dans un sens, puis dans l’autre, suivant le mouvement de l’eau. Son but étant de ne jamais la toucher, car sa maman le lui a déconseillé. « Elle est fraîche, et il y a trop de vagues lui a-t-elle dit. » Or, lorsqu’on est enfant, un jeu ne peut pas durer une éternité et on finit vite par se lasser de ce qui, cinq minutes plus tôt, nous fascinait et nous faisait rire aux éclats. Lentement, il s’arrête, et il contemple les grands rouleaux qui s’écrasent sur la plage. Il se rappelle les moments passés avec son papa dans la piscine à vagues à Aqualand. Ce mouvement de va et vient l’avait tant fait rire. Il avait tant d’idées de jeux au milieu de cette tempête. Après tout, ne pourrait-il pas simplement essayer de sauter au-dessus des vagues sans se faire emporter ? Ou faire du surf sur une planche de bois ? Essayer de traverser la vague pour voir ce qui se cache en dessous ? Peut-être y trouvera-t-il un trésor, qui sait ?

Mais il est hésitant, maman le lui a déconseillé. Cependant, elle est au téléphone et ne veut pas lui répondre. Et puis que pourrait-il bien lui arriver ?

Il se retourne pour regarder sa mère et…

 

4 août 2023, quelque part près de Saint-Pierre-en-Auge, Normandie, 13h12

 

« Le traffic est plutôt fluide sur la moitié nord du Pays, à noter que vous aurez sûrement droit à quelques ralentissements au niveau de l’A13 entre Paris et Rouen. Ce week-end, c’est le grand départ des Parisiens pour les vacances et cette année, au vu des chaleurs extrêmes qui ont lieu sur le sud-est du pays, beaucoup ont choisi la fraîcheur de la Normandie et de la Bretagne au lieu du soleil de la Méditerranée. Sur l’A11, il y a un petit accident entre… »

-Oh non, on va se retrouver avec tous les parigots…

-Vois le bon côté des choses, mon chéri, on va pouvoir respirer de l’air frais, voir de la nature encore verte. Et puis on va seulement dans un petit village, il y aura plus de vaches que d’habitants, ça, je te le promets !

-Haha. Super… répond Lucas avec ironie.

Moi, je suis dans mes pensées. La musique à fond dans mes écouteurs, je regarde défiler le paysage qui peu à peu devient de plus en plus vert et humide et ressemble de moins en moins à la nature aride de Toulon et de la côte d’Azur. J’entrouvre la fenêtre, j’ai besoin d’air. Cette année, pour les vacances en famille, on a choisi de visiter le nord de la France que l’on connaît si peu. Au départ, ça ne m’enchantait pas vraiment. Lorsqu’on m’a parlé de Normandie, je me suis tout de suite imaginée sous une pluie torrentielle en plein mois d’août avec mon coupe-vent.

Et puis tout compte fait, je me suis rendu compte que la Normandie c’était aussi Etretat, les grandes falaises, les plages de sable blanc, les marées… Je crois que ça me plaît finalement.

Mes parents, assis à l’avant cherchent la localisation exacte de notre location. Nous arrivons en plein cœur de la Normandie, dans un hameau près d’une rivière qui se nomme la Dives. Voilà une trentaine de minutes qu’on a quitté l’autoroute et je n’ai toujours pas vu d’être humain. Seulement des vaches, de l’herbe verte et des pommiers. N’était-ce donc pas seulement ça, les vacances dont je rêvais ? Après nous être perdus plusieurs fois, nous arrivons dans le hameau. Tout est fermé, je ne vois aucun habitant. Mon père appelle le propriétaire pour avoir le code d’entrée du portail puis nous débarquons avec toutes nos valises. Devant nous un petit jardin avec au bout une balançoire sous un chêne ombragé. Au centre, une grande terrasse, séparée en deux, avec deux tables de pique-nique. Pour nous loger, deux petites maisons mitoyennes à colombages accolées. La nôtre se trouve sur la droite, je ne sais pas encore qui a décidé de louer celle de gauche. J’espère qu’ils seront sympathiques.

Sur ce fait, je rentre dans la maisonnette et j’installe mes affaires dans la petite chambre prévue pour mon frère et moi, il prend le lit de gauche, et je prends celui de droite près de la fenêtre. Jusqu’ici tout va bien. Les vacances vont enfin pouvoir commencer. Plus rien ne peut m’arriver dorénavant. Non ?

 

20 juin 2018, Cargèse, 10h35

Toujours au milieu des grains de sables qui virevoltent dans les airs, une femme raccroche à son interlocuteur. Elle ferme les yeux, respire l’air marin, puis, sûrement aveuglée par le soleil et les grains de sables qui entrent dans ses yeux, elle pleure, alors elle remet ses lunettes de soleil.

Ah ça y est, elle y voit mieux, mais…

Où est passé son petit garçon ? Il jouait sur le sable, là, cinq minutes auparavant.

Elle le cherche des yeux. Il ne serait quand même pas allé dans la mer sans sa permission tout de même ? Elle regarde au bord de l’eau. Sur sa droite deux enfant s’amusent à sauter au-dessus des vagues. Mais son petit Ezekiel n’en fait pas partie. Elle commence à paniquer. Demande à ses voisins de serviette. Elle fait le tour de la plage à pied. Rien. Sans réfléchir, elle court dans l’eau, le cherche dans chaque brin d’écume. Où est son petit garçon ? Où est-il ? Il est si fragile. Et dans un cri effroyable, elle implore :

-Ezéchiel !

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