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Des fleurs à Noël 2

Des fleurs à Noël 2

Publicado el 20, dic., 2023 Actualizado 20, dic., 2023 Curiosidades
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Des fleurs à Noël 2

Deux touristes voulaient se rendre au château. Ils l’interpellèrent pour demander le chemin.

Le château était à l’opposé de leur position, les touristes désapprouvaient sa réponse, non, l’autre château, celui dans la montagne. Suzie se souvint alors de ce château que sa mémoire avait oublié. Maintenant celle-ci se ravivait et en effet, il suffisait de poursuivre la route sur la droite quelques kilomètres, il serait indiqué plus loin.

Suzie se dit qu’elle ne l’avait jamais visité, elle qui vivait là depuis son enfance n’avait jamais eu cette curiosité.

Voilà ! Son programme de l’après-midi était fait, la visite du château serait pour aujourd’hui.

Après sa grande balade du matin, Peps n’était pas contre une sieste, il regarda donc partir Suzie sans regret.

Elle prit sa voiture camionnette pour se rendre au château, elle bifurqua à l’intersection, sur sa gauche elle pouvait déjà l’admirer dans une vue composant un tableau : au milieu des champs, en surplomb, dans un écrin de montagnes et de ciel bleu.

Il avait vraiment du charme dans son cadre romantique. Le parking se faisait le long de la route sinueuse qui grimpait jusqu’à lui. Elle trouva une place à plus de deux cents mètres et finit le parcours à pied. Elle décida de suivre la visite guidée, celle-ci avait lieu trente minutes plus tard. Elle commença donc la visite des espaces extérieurs. La vue sur le lac était splendide, le vent agitait les drapeaux qui surplombaient les tours.

Elle se laissa bercer par le souffle du vent, être un oiseau, avoir la liberté de voler, voilà son rêve du jour. Mais elle était bien là, les deux pieds sur terre, sur des vieux pavés lissés par le temps, avec des prêts, des charges et des factures à payer. Ses pensées lui donnaient mal à la tête, envisager à la ruine de son entreprise lui donnait la nausée.

Heureusement les touristes approchaient, les enfants turbulents couraient, impatients, autour d’eux, la visite allait commencer. Le guide ouvrit la porte, les salua et leur permit d’entrer dans une première cour. Il attendit les retardataires pour commencer ses explications.

Il s’appelait Jason et allait les accompagner pendant une heure, pour visiter et faire connaissance avec la famille qui possédait le château depuis plusieurs générations.

Il était sympathique, plaisantait, il décrivait avec passion la construction, les boiseries, les gargouilles, il connaissait les dates de rénovation, qui vivait là, à chaque période de l’histoire.

Suzie était jolie, elle ne prêtait pourtant guère attention à ses tenues, ses yeux clairs attiraient le regard du guide. Il lui fit plusieurs sourires sans déclencher de réaction significative de Suzie. Celle-ci était absorbée par l’histoire, la composition originale des lieux. La conception moderne et pratique de la cuisine, des garde-manger, les lieux où circulaient les serviteurs, les salles avec de somptueuses cheminées où l’on accueillait les visiteurs. La bibliothèque contenait des milliers de livres, un père de famille réussit à donner le nombre exact, lui qui ne lisait jamais était stupéfait de sa réponse, ses enfants riaient de sa réussite. Le plus vieux livre était maintenu sous verre en guise de protection, la plupart étaient des livres de comptes, d’inventaires de toutes sortes. Déjà lors des époques précédentes, les documents administratifs prenaient beaucoup d’importance, on comptait, décomptait, recomptait, c’était a priori un travail important pour les propriétaires de biens.

Suzie se dit qu’elle n’aurait bientôt plus rien à compter, son visage s’assombrit. Jason, attentif à ses visiteurs, la ramena au château en attirant son attention avec une anecdote, ce qui obligea Suzie à reprendre le fil de l’histoire. Tous les visiteurs avaient conscience de l’intérêt du guide pour Suzie, ses efforts et l’impassibilité de Suzie les faisaient rire.

Suzie restait pensive, hermétique aux sollicitations de Jason. Sauver son affaire était sa seule préoccupation. Pour le moment, elle était dans une impasse.

Une vieille dame suggéra à Jason de retenter sa chance une prochaine fois, le timing, tout était question de timing !

Celui-ci raccompagna les visiteurs vers l’entrée, il regarda partir Suzie, stupéfait de sa transparence. Pendant que Jason échangeait avec chacun avant leur départ, il repéra Suzie qui s’approchait dans sa voiture. Quand elle passa devant lui, il put lire son numéro de téléphone, écrit en grand sur son véhicule, il s’empressa de le mémoriser sur son téléphone.

Suzie rentra à son appartement, Peps lui sauta dessus pour lui montrer sa joie de la revoir, elle s’étala de tout son long sur son canapé, elle était épuisée physiquement et moralement, son chien n’y pouvait rien.

Elle décida d’appeler ses parents, le téléphone sonnait mais personne ne répondait. Elle réessayerait plus tard.

Elle alluma la télé, rien ne l’intéressa.

Elle se dit qu’elle allait dessiner, peut-être que cela lui inspirerait une idée.

Elle fouilla dans ses tiroirs à la recherche de crayons, ses feutres, ses craies grasses étaient rangées par-là. Elle tomba sur une petite boîte métallique. C’était celle qu’elle utilisait pour ranger les petits messages qu’elle utilisait pour compléter ses cadeaux à Noël ou lors des réunions de famille. Le bénéfice de sa trouvaille était que chacun de ses messages était porteur d’espoir. Elle renversa le contenu de la boîte sur la table du salon. Elle s’agenouilla, les étala, les manipula comme quelqu’un qui cherche à les organiser en ordre.

Elle fit un premier choix, déroula le papier et lu : « Les vagues de la vie s’apaisent, la tranquillité retrouvée ».

Elle fit un second choix : « Qui voyage loin, ménage sa monture » ; puis un troisième : « Si tu as échoué, poursuis avec plus de folie. »

Du calme, des voyages et de la folie… Rien de très cohérent. Elle se prépara à manger, la faim se faisait sentir dans son estomac.

Peps passa la soirée, comme la veille, allongé près de sa maîtresse. La fatigue avait pris le dessus de la tristesse.

Lundi était son jour de repos, cette fois elle avait envie de dormir, végéter, ne rien faire. Laisser couler.

En début d’après-midi, elle reçut un message, c’était le guide, Jason. Il lui proposait de l’inviter à une soirée vendredi. Suzie était étonnée, elle le connaissait si peu, mais la perspective intéressante d’une sortie lui fit oublier les détails sur la manière dont il avait eu ses coordonnées. Elle accepta facilement, retrouver sa conversation et son esprit conteur lui plaisait bien. Un baratineur, aurait dit sa sœur. Au moins, il avait le pouvoir de la divertir, et elle en avait bien besoin.

La semaine s’écoula tranquillement. Les compositions sur les étagères lui rappelaient que le point de non-retour serait bientôt atteint. Peps continuait de veiller fidèlement sur sa maîtresse.

Le vendredi, Jason la prévint de s’habiller chaudement, la soirée se déroulait en extérieur.

Pas de folie, elle mettrait donc un jean et une doudoune. Le bonnet et l’écharpe ? Elle s’interrogea. Finalement elle les glissa dans son sac.

Elle retrouva Jason au petit port. Il conduisait tranquillement, la route de montagne sinueuse les emmenait vers le col au-dessus du lac.

Ils arrivèrent près d’un chalet où de curieuses lampes créaient une lumière chaleureuse. En s’approchant, elle put visualiser des cubes métalliques sur un support vertical assorti. Leur design travaillé mettait en valeur une flamme qui dansait, créant une ambiance douce. Ainsi, cinq braseros occupaient l’espace pour boire et manger. Cet apéro dînatoire lui plaisait déjà. L’ambiance musicale emplissait l’espace, sous les étoiles, la soirée s’annonçait parfaite.

Jason la présenta à ses hôtes, des métalliers qui lançaient leur nouvelle fabrication de brasero convivial.

Leur slogan était « Et l’imaginaire s’enflamme ! ». Suzie adorait. Entre artisans, créateurs, fabricants, ils se comprenaient facilement.

Jason était un compagnon de soirée attentif et agréable. Des transats, des chaises à bascule, des banquettes en palette composaient un environnement hétéroclite où chacun pouvait trouver le siège de son choix, danser et se restaurer.

Chacun buvait, faisait cuire les mets à sa convenance, Suzie choisit des chamallows dès l’entrée, les petites saucisses seraient pour le dessert… Ce soir, c’était selon son bon plaisir.

La lumière qui montait vers le ciel créait de la féerie, cela ressemblait à Noël, décidemment les fêtes de fin d’année s’invitaient un peu précocement dans l’imaginaire de Suzie.

Tout cela n’était que dans trois mois.

Suzie manqua s’étouffer en avalant de travers, ça y est, elle avait son idée, sa merveilleuse idée : des fleurs à Noël !

Devant l’étonnement de Jason, elle déroula son projet, qui prenait vie en même temps que ses paroles. Jason était poli, mais dubitatif : Noël, c’étaient les boules qui brillent et les étoiles, pas les fleurs.

Suzie poursuivit avec encore plus de conviction, l’idée des fleurs séchées à Noël était une parfaite occasion de se refaire, d’éviter sa ruine. L’idée lui semblait géniale.

Maintenant, il fallait convaincre un organisateur d’évènements de la plus-value de son idée.

Suzie ne savait pas où trouver les bonnes personnes. Jason lui parla du marché de Noël organisé au château pendant tout le mois de décembre. Jason ne pouvait pas lui résister, l’idée de Suzie le contaminait et il commençait à avoir des idées. La soirée prit l’allure d’une création de projet. Il lui expliqua les festivités de Noël au château, avec le bar et le restaurant en plein air pour sustenter les visiteurs. Suzie ne pensait qu’à ça. Jason dut s’en contenter.

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