LES TRETEAUX ROUGES - 3ème partie
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LES TRETEAUX ROUGES - 3ème partie
3
Un dédoublement
Coupée en deux
Une tranche et une autre
De la lèvre au menton
Et du nez au front.
Elle se démarque de la masse.
D'elle émane
Quelque chose déjà
Bien plus subtil
Propre à étonner
La voix posée
Couplée au corps arc-bouté
Qui la soutient
Et la maintient
Juste sur la ligne
De démarcation
Tracée à la craie blanche
Sur une planche entrebâillée.
Elle est de guingois
La colonne vertébrale
Se dessinant
Derrière le tissu transparent
Forme un axe exact
Où les deux omoplates
Sont pareilles à des galets plats.
Projetée
En
Avant
Une autre
Silhouette
S'avance.
Le trait
De liaison
Les a réunis.
Un rond bleuté
Au-dessus
Eclaire leurs paupières
Esquissant avec leur pinceau
Doux leurs lèvres séparées
Le vocable à venir
Récite déjà la leçon
Apprise par cœur
Le jeu se profile
Leurs regards troubles
Incapables
Pour l'heure
Ne peuvent encore se fixer
Sur un point ou un autre.
Les lointains qu'ils observent
N'ont pas de contours nets.
Comédie de la passion
Ici où le désir déchire
Chaque être ou personnage
Tout ceux-là qui auront
Endossé un rôle
Prêts à se jeter
Sans autre considération
En cet espace
Qui pourrait bien
Les dévorer.
Les masques sont à posséder
Sur les visages
Des rictus apparaissent
Qui les dévisagent
Et qui leur procurent
Des teintes particulières.
L'affrontement
Reste à venir.
Déjetée
Décentrée
Retirée
De son orbite
Empilement
Où les formes
Se trouvent
Confondues
Ceux-là interprètent
Une étreinte incroyable
Où les mains
Comme les pieds
Se délacent
Et où leurs jambes
S'entremêlent
Dessinant
En cercles concentriques
Qui se raccrochent
Peu à peu
Une danse
Où chaque corps
Exulte
Perdu dans son sillage
Celui-ci ne peut exister
Qu'en relation rapprochée
Lorsque son pas
L'entraîne à sa suite.
Les voix aussi
Doivent s'enlacer
Chaque mot prononcé
Étant en soi
Un signal
Des futurs affrontements.
Le discours
S'est étiolé
Il s'est rapiécé
Pareil à un morceau
De tissu élimé
Ceux qui jouent
Les amants de fortune
Ont revêtu
Une parure
Plus appropriée
C'est une mise en scène
Où la sauvagerie
Est de mise
Et ils osent
Énoncer
Les mots de la cruauté
Qui restent à tisser
Tout autour
Tel un filet protecteur
L'intensité est de mise
Une certaine finalité
Pourrait s'exclamer
En leurs pupilles
Brillantes
Des larmes
Pareilles à des lames
Deviennent des armes
Et non plus des plaintes.
Les soupirs
Se transforment en cris
Expulsés avec rudesse.
Ce sont
Des déviants
Des
Mutants
Qui sur leur
Chair supportent
Toutes
Les cicatrices
À venir.
Comme dans un espace clos
Ou une prison
De verre
Chacun se retrouve
Enfermé
Derrière des plaques
Transparentes.