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Un si long couloir ...

Un si long couloir ...

Publicado el 31, mar., 2020 Actualizado 28, sept., 2020 Cultura
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Un si long couloir ...

Enfant dans un couloir - Dessin au fusain

J’ouvris les yeux.

Ouf !

Un rêve, une sorte de trêve avec la réalité : je le sus à six ans.

Je dégageai du lit mes petits pieds glacés et les posai avec application sur le sol.
La chambre de la nuit laissa peu à peu émerger les repères rassurants : mon affiche Monsters, ma poupée  Chucky et ma porte noire, celle de la sortie.
Je m’y dirigeai, empoignai la poignée (détermination des six ans) et je l’ouvris sur le couloir.

Ah ! THE couloir !
Long, très-très-long.

Je glissai un nez puis un bras ensuite une jambe enfin moi tout entière. Toute droite dans le couloir, mon jouet sous le bras, j’avançai de deux pas voire quatre ou six ?
Six pour porter chance.
Je progressai avec comme unique but la porte de la chambre de mes parents.
Au bout de THE long, très-très-long couloir.

Je passai devant la bibliothèque encastrée dans le mur en ignorant ce craquement de bois qui authentifia sa présence.

L’escalier sur la droite surgit peu après, tellement flouté par l’obscurité que ses marches grossirent. Et sa rampe tel un serpent prêt à crocheter …
J’accélérai légèrement mais à peine à cause de mes jambes tellement lourdes !
Sous l’escalier les ombres habituelles manquèrent cette fois de souffle : aucune pour me distraire de ma progression.

Ce fut là que sur ma gauche, le passage habituellement fermé, dessina dans l’obscurité une trouée qui sembla vibrer, respirer.

Je sus devoir ne pas me tourner vers elle.
Je sus devoir ne pas m’arrêter … 
Si proche, la chambre de mes parents … Si tentante, si vraie !

Alors La Bête perça l’obscurité, sembla bondir du seuil et se jeta sur  moi.

Le néant m’engloutit sur mon hurlement muet …
… Pour me rejeter sur la porte de la chambre de mes parents.
Là, de bois et de peinture, sous mes doigts.
Je la caressai avec espoir, ma main la tâta jusqu’à trouver la poignée que j’empoignai, à nouveau.
La fente salvatrice qui confirma l’ouverture, l’esquisse du grincement réconfortant, le soulagement qui s’ensuivit, n’empêchèrent pas La Bête de me reprendre.

Cette fois j’entendis mon hurlement.

 

J’ouvris les yeux.

Ouf !

Un rêve, une sorte de trêve avec la réalité : je le sus à six ans …

 

Chantal Perrin Verdier

Consigne : Vous racontez votre plus grosse peur... au passé simple ! @Valentin Bert

Dessin au fusain de Chantal Perrin Verdier

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