CHAPITRE XVII
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CHAPITRE XVII
CHAPITRE XVII : Où les risques du métier s’exposent au grand jour
Après avoir déjeuné dans un établissement situé à proximité du commissariat central, sans avoir l’opportunité de rencontrer son ami commandant, par hasard, il se rend chez lui et passe un coup de fil de son portable discret, pour lui indiquer qu’il déjeunera les 2 prochains jours, à la « brasserie du cordon sanitaire », et qu’il serait particulièrement opportun qu’il vienne seul.
Réconforté par la réaction positive de son ami, il se dirige vers la mairie.
Alors que la rue est désertée à cette heure, il remarque grâce à une vitrine, qu’un véhicule circule très lentement, à quelques mètres derrière lui.
Lorsqu’il se retourne, il remarque que le conducteur stoppe net sa voiture et regarde avec attention un numéro de rue, sur sa droite.
Intuitivement, la réaction lui parait inadéquate.
Malheureusement les reflets du parebrise lui interdisent de visualiser distinctement le chauffeur.
Reprenant sa marche, il profite de toutes les vitrines pour tenter de surveiller ce qu’il pense être un suiveur. Il lui semble d’ailleurs qu’un passager vient de s’installer à droite.
Lorsqu’il commence à croiser des piétons, le véhicule accélère et tourne à la première occasion.
S’agirait-il seulement de paranoïa ?
Dès qu’il arrive au palais municipal, il est accosté par le 8ème adjoint aux travaux de désengorgement qui lui rappelle la réunion avec les entreprises de BTP qui vont établir le cahier des charges de construction de la nouvelle ligne de tramway[1].
Cet adjoint efficace lui indique qu’il a prévu et tracé un nouveau trajet qui est prioritaire dès lors que la rue Monorgueil va devenir piétonnière…
Il en profite pour se plaindre d’être obligé d’avoir tant travaillé, inutilement, alors qu’il est déjà submergé, sur le projet initial de la ligne 3 qui devient peut-être la ligne 4.
Il retient encore le maire, sans que celui-ci puisse y échapper, pour indiquer qu’il faudra prévoir un budget, qu’il s’engage à gérer, pour indemniser les grandes surfaces installées dans l’axe de la rue Monorgueil, qui cèderont partie de leur parking pour créer celui du tramway.
De gros travaux en perspective, pour lesquels, il faudra demander des subventions, au conseil départemental, à la région, à l’Etat et bien sûr à l’Europe dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Là aussi, il se propose de gérer toute cette partie administrative, dont il ne veut pas laisser la charge épouvantable de travail à ses collègues.
Réussissant enfin à s’extraire de cette mélasse politico-financière, le maire en retire cependant du positif, en se disant qu’il sait dorénavant comment obtenir un soutien de plus.
Il faudra cependant établir un dossier qui démontrerait, si nécessaire, qu’il a eu des doutes et qu’il a commencé une enquête.
Il ne faudrait pas qu’il puisse être soupçonné de complicité !
Ses contacts avec les entreprises de BTP nationales et locales deviennent du coup, particulièrement dangereuses.
Il lui faut absolument mettre en place de nouvelles liaisons, et impliquer plusieurs adjoints.
Le mieux serait, sans aucun doute, que le 3ème adjoint soit pris en étau.
Mais le projet de la rue Monorgueil étant déjà certainement une riche source de financement, cette manœuvre a peu de chance de succès.
Par ailleurs, cette idée a pu aussi germer dans l’esprit tordu de ses adversaires et il se peut, même, que cette intervention, hors réunion et hors témoin, de son 8ème adjoint ait été enregistrée à son insu.
Il faut absolument établir un mémo à l’attention de l’adjoint au budget par lequel il lui posera la question générale d’une efficacité améliorée de la gestion financière par un service concerné.
Sous réserve, bien sûr, d’un contrôle postérieur.
[1] Ce sont les entreprises qui vont soumissionner à l’appel d’offres qui préparent les questions. Intéressant, non ?