Hier, j’avais 43 ans,

j’avais 9 tontons.

Aujourd’hui, j’ai 44 ans

et j’ai perdu mon premier tonton.

Ce n’était pas un tonton de sang,

je n’avais jamais compris la différence

avant l’adolescence…

Mais c’était un tonton de cœur,

et ça, ça n’a pas de valeur.

Petite,

il m’impressionnait.

C’était un militaire.

Et dans mon imaginaire

de petite fille, je l’imaginais

en héros de guerre,

vaillant, sur des champs de bataille.

Petite,

on me racontait que leur famille partait en mission,

aux Antilles, en Afrique…

Et mon imaginaire de petite fille

gambadait à nouveau,

conforté par les photos de mes cousines,

en tenue locale et sous des cocotiers…

Quand ils rentraient de mission,

mes cousines avaient grandi,

un petit cousin était arrivé,

et je redécouvrais ce tonton

au caractère bien trempé,

dans ses volutes de cigares,

accompagné de son féroce Tymale…

Là encore, il m’impressionnait.

Mais, il était l’un des seuls à m’appeler Jeannou

et de ce sobriquet si doux,

une complicité était née.

A Dakar, lors de mon premier voyage en Afrique,

avec Tata, vous nous aviez reçus comme des rois.

Et te montrant un tableau que j’admirai dans votre salon,

tu l’avais décroché, tout de go,

et me l’avait offert sans ménagement.

Quand tu avais décidé de quelque chose,

ce n’était pas autrement.

Ainsi, ton départ brutal ressemble finalement à ta vie.

Te sachant perdu,

tu as déposé les armes

en pleine bataille

voulant ainsi préserver le reste de la cavalerie.

Il n’empêche, tonton,,

que tu vas nous manquer !

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