Vivre est un verbe transitif, doté d'un sujet et d'un complément
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Vivre est un verbe transitif, doté d'un sujet et d'un complément
Les nouvelles générations auraient un nouveau rapport à la vie et aux autres. Volontiers communautaires et à la fois largement ouvertes sur le monde. Le digital les y aide. Les jeunes se regroupent dans ses bulles. Ils percent d'autres domaines. Ils sont davantage sensibles à la qualité de vie et de relation. Ils ne bousculent pas leurs aînés qui, pourtant, continuent de gérer le monde à leur manière ; ils se montrent moins combatifs et rebelles que les générations précédentes, comme s'ils se savaient portés par une lame de fond, implacable ; comme s'ils se devinaient soumis à cette même lame, fragiles à leur tour.
Les nouvelles générations ne comptent pas sur la transmission. Elles comptent sur la transition qui s'opère, sur ce que la vie leur apprend. La vie au plus vaste du vivant, le savoir au plus étendu et proche à la fois. Les jeunes intègrent en légitime partenaire la nature sur terre, l'espace du cosmos, l'intelligence artificielle qui résume un savoir historique et chaotique, de passé et de projection aussi ouverte que l'est la prévision météorologique. Et à chacun la liberté de sortir, d'agir, de se rassembler. En transit ou en correspondance. Vous en êtes probablement. Ou alors comme moi, vous êtes des vieilles générations. Je m'applique, pour commencer, l'expérience de vivre et de vivre en transition choisie que j'explore en ce post.
Un sujet
Je suis d'une génération passée. J'ai grandi à une période dite de transition. J'ai grandi dans l''Espagne des années 70. J'ai vécu la transition démocratique, le développement économique et le progrès social. Avec l'aide de l'Europe et bien d'autres régions amies. Celles de l'empire espagnol de la Renaissance, une autre transition, après le Moyen âge de l'obscurantisme et du repli sur soi. Je me trouve proche des nouvelles générations pour avoir vécu cette même confiance et cette même exigence. Mais je découvre le besoin de faire enfin MA transition. De ne pas laisser à l'époque, au monde et à l'inframonde technologique faire leurs vagues sans moi. Ce n'est pas parce que tout est connu, prévisible et ajustable ensemble que chacun de nous le sommes.
Le verbe vivre
Je découvre à chaque naissance et à chaque mort de mes proches la complexité de l'histoire familiale et la richesse des destins qui s'en détachent : ceux de ma fratrie, ceux de nos cousins et par delà, ceux d'une génération, passée. Je découvre ma singularité, qui n'a rien d'extraordinaire mais rien de négligeable non plus. Je porte un moi le gène d'une femme arrachée aux Philippines espagnoles, celui des hommes de la famille aussi, qui ont respecté et même adoré leurs épouses, qui ont entrepris pour elles et leur famille, celui des femmes cultivées et émancipées qui sont nées de ces unions.
Mon destin a été de travailler avec le monde entier en multinationale de renom, de ne pas accepter la jalousie et la rivalité de mes compagnons jusqu'à trouver et vivre enfin avec celui qui me soutient et m'admire autant que je le fais pour lui, d'élever deux femmes nouvelles, de m'entourer de beauté naturelle, à l'écart de la foule, et d'être en contact étroit, profond avec cette même civilisation que je distancie opportunément, à travers mes rencontres choisies, universitaires et privées, et mes publications, online et papier en passant par l'édition. Mais d'autres groupes d'appartenance m'attendent sans doute encore. Et moi, je les attends, je les recherche, je les explore, comme ici avec vous.
Un complément
Car pour faire transition, pour changer quelque chose au monde, à mon histoire, à mon destin, moi qui ai choisi le métier de maturité d'accompagner les changements, personnels et professionnels, pour être en transition, plutôt qu'en adaptation de processus plus ou moins connus, irréprochables, certifiés de plus en plus souvent, je dois, vous devez, jeunes générations et générations âgées, nous devons nous mélanger. Sans que cela ne soit l'illusion d'un avenir global. Chacun mélanger son sang, sa salive, ses larmes à d'autres tres concrètement. Quitter nos trajectoires personnelles, individualistes de mon temps, collectives actuellement, faire une halte, oser une bifurcation, rencontrer une personne inattendue, vivre une expérience immersive dans un groupe spontanné. Les transitions ne sont pas des faits ou des balises cochées ; elles sont des vécus, intimes et partagés.
Retour d'expérience immersive redoutable mais fascinante
La crise du covid que nous vivons encore aujourd'hui a rapproché nombre d'entre nous de nos propres voisins, méconnus jusqu'ici, de nos familles, désaffectées à sincèrement y penser, d'autres professionnels de nos métiers qu'il a fallu réorganiser. J'ai été consultée par des personnes inattendues. J'ai rejoint moi même un groupe de travail sur moi différent des habitudes que j'avais connues. Tout ceci me bouleverse profondément. L'entre deux que chacun de nous abrite, entre volonté égoïste et inhibition' entre l'immédiat et le latent, l'apprécié et l'incompris, la controverse fondamentale refait jour. La transition en marche, la vie vivante.
Nous sommes un désir qui se conforme aux usages de son temps, et même d'un temps abscons, dont nous ne savons rien au fond, sauf à vouloir le protéger de nous mêmes et nous dérober à l'essentiel : notre propre existence, notre transit personnel. Redevenons un désir tranchant, qui affute sa propre lame, qui avance ensemble en rouleaux, qui vit la déferlante, qui épouse le sable chaud ou les glaces de l'arctique qu'il est possible de refondre ensemble avec la confiance et l'audace en même temps. Et d'autres suivront. D'autres belles et véritables transitions. D'autres hommes et des femmes en mouvement. Et de transition en transition, les femmes et les hommes sont. Ils vivent la vie, sujet, verbe et complément, avec tous les adjectifs possibles : heureux, soucieux, amoureux, curieux, généreux, petis et grands, discrets, puissants, hônnetes, charmants, ivres, nobles, et vous alors, en ce moment ?
Eva Matesanz Psychanalyste Groupaliste