Interview : Yaël Hassan, écrivain
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Interview : Yaël Hassan, écrivain
Nous vous offrons des entretiens passionnants avec des gens qui le sont encore plus ! Nous lançons une série d'interviews de professionnels de l'écrit et qui sont inspirants pour ceux qui aimeraient les imiter et vivre de leur plume. Nous cherchons à connaître leur parcours et la façon dont ils voient leur métier aujourd’hui, et nous leur demandons des conseils au sujet de leur activité. Bonne lecture !
Quel métier exerciez-vous avant de devenir écrivain ?
J’ai travaillé dix ans à Air France, puis dix ans dans différentes agences de voyage.
Lors de l’écriture de votre premier livre, avez-vous l’impression d’avoir beaucoup progressé entre le moment où vous avez commencé à écrire et le moment où vous vous êtes dit qu’il était temps d’envoyer le manuscrit à un éditeur ?
Ça ne s’est pas passé comme ça. J’écris depuis très jeune sans avoir prévu de devenir auteur. Je n’avais aucune intention d’en faire un métier, et je me sentais très étrangère au monde de la littérature. Suite à un accident de voiture qui m’a immobilisée vers 42 ans, je ne pouvais plus exercer mon métier pendant de longs mois. En mal d’activité, je m’ennuyais beaucoup et j’en ai profité pour écrire. Je ne savais pas quoi, je ne connaissais pas le monde de l’édition. En me renseignant à droite et à gauche, je suis tombée sur un concours de littérature pour la jeunesse. J’ai trouvé ça pas mal pour voir si j’étais capable d’écrire un roman, ce que je n’avais jamais fait. Mon premier roman était donc un roman pour enfants et j’ai remporté le concours. Il a donc été publié, et de fil en aiguille, j’en ai écrit un autre, jusqu’à ce que ça devienne mon métier. Je suis consciente de la chance que j’ai eue d’être publiée sans avoir aucune autre démarche à faire.
Qu’est-ce que c’est, pour vous, « bien » écrire ?
Quand je commence un livre, je vois tout de suite si ça va aller ou pas. Une belle écriture est difficile à définir, c’est celle qui va toucher le lecteur, mais c’est très subjectif. En tout cas personnellement les cinq premières lignes me permettent de juger si un roman est fait pour moi. L’écriture d’un roman est une sorte d’état de grâce. L’écriture doit être fluide, spontanée, venir toute seule.
Où trouvez-vous l’inspiration lorsque vous écrivez ?
Pour moi un auteur qui a de l’imagination c’est un auteur de science-fiction, fantastique, et ce n’est pas du tout mon truc. Moi je suis un auteur de la réalité, je n’invente rien, je n’ai aucune imagination. C’est mon quotidien qui m’inspire. L’avantage, c’est que je ne suis jamais en panne d’inspiration. J’invente des histoires vraies.
Où trouver des critiques constructives de ce qu’on a écrit ?
Moi je n’en cherche pas du tout, mon seul interlocuteur c’est mon éditrice et surtout pas mon entourage qui n’est pas objectif. Je pense qu’il faut avoir des capacités d’autocritique suffisante pour savoir si c’est bien ou pas. Je réécris énormément mes textes et je n’envoie le résultat que quand je pense ne pas pouvoir faire mieux. Il vaut mieux ne pas chercher de critiques. Je reçois beaucoup de textes d’auteurs débutants et je ne peux rien leur dire, je ne suis pas en position de juger, je ne suis pas éditrice. Il faut pouvoir se juger soi-même.
En deux mots, qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Tout, un seul mot ! Ce n’est pas un métier facile, un des rares qui ne s’apprend pas. Ensuite, il n’y a pas plus précaire. On ne gagne sa vie que si on vend des livres, ce qui est le cas de très peu d’écrivains en France. Là, pendant le confinement, on a souffert sans les conférences et salons qui nous font vivre. En pus c’est très aléatoire, ça peut s’arrêter du jour au lendemain. Mais il y a les rencontres, la liberté, et c’est tellement énorme qu’on oublie tout le reste.
Merci à Art Lasovsky pour la photo de couverture