Le temps en filature
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Le temps en filature
Photo. S. Barzasi
Le temps en filature
Petite chronique temporelle en période de confinement
Samedi 21 mars 2020, au détour d’une rencontre matinale – non fortuite et avec mesures de distanciation respectées – avec M.-C., une dame d’un certain âge de ma commune à qui je livrais quelques denrées alimentaires (#solidarité)…
Au moment de me quitter, M.-C., cette jeune retraitée de 82 ans, qui a priori dispose de tout son temps, me confie : « Moi ce temps-là [de confinement], je le vois comme un temps de vacances que je ne prends jamais ! »
Cette période de confinement, que nous vivons en France depuis plus d’une semaine déjà, nous oblige à nous interroger sur notre rapport au temps, ce temps que l’on dit très souvent passer trop vite. Nous disposons aujourd’hui d’un espace temporel dont nul ne connaît la durée.
Ce laps de temps, cet intervalle indéterminé, semble déconnecté de toute considération économique – pour ma part en tout cas étant salariée et non pas auto-entrepreneur ou chef d’entreprise. Ne court-on pas toujours après le temps eu égard au proverbe « Le temps, c’est de l’argent » ? Ne dit-on pas « gagner du temps » ou « perdre son temps » ? Chaque jour qui passe est-il définitivement perdu ? Bon, je ne vais pas abusez de ce « temps de parole », votre temps est bien trop précieux pour passer en revue toutes ces expressions économico-temporelles…
Certes, je travaille encore, pour le moment à plein-temps, confinée chez moi. Ce confinement, que je respecte scrupuleusement (#responsabilité), me fait toutefois bénéficier de près de trois heures journalières supplémentaires (principalement du temps de transport récupéré) ; et je compte bien les optimiser. En « temps normal », le manque de temps est trop souvent pour moi un prétexte à procrastiner. « Je n’ai pas le temps », c’est une excuse facile et souvent efficace – pourrait-on dire un gain de temps – pour ne pas avoir à rentrer dans des explications interminables et sans fondement réel concernant, par exemple, mon « inactivité » de fin de semaine (#gaspillage ?). Au fond, si je prends la peine, pour ne pas dire le temps, d’y réfléchir, ne serait-ce pas qu’une simple histoire de priorités ?
Bref, cette période de confinement je la considère finalement comme une aubaine, l’aubaine de redécouvrir du temps, voire de se le réapproprier et d’en « faire quelque chose », mais surtout pas de le tuer. Au vu du contexte ces temps-ci, ce serait mal venu de vouloir prendre du bon temps… Il sera toujours temps, le temps venu !
Dans son discours de lundi 16 mars dernier, notre Président, nous a invité, durant cette période de repli sur soi et/ou de repli chez soi, à « retrouver le sens de l’essentiel ». Mais, hormis les besoins vitaux, l’essentiel c’est quoi ? C’est une notion bien subjective… Pour moi, sans doute s’agirait-il de prendre le temps d’écrire, de lire (lire enfin les ouvrages empilés qui encombrent ma table de nuit depuis bien trop longtemps), moins essentiellement de terminer le rangement ou les petits travaux engagés dans mon appartement... Au risque de faire lever les yeux au ciel de certains de mes proches, ce pourrait être aussi l’opportunité de me replonger dans ma thèse ; soit profiter de cette pause pour reprendre ses projets interrompus, mis en pause… pourrais-je oser mis en quarantaine ?
Les idées ne manquent pas et j’en viens même à me dire que je vais peut-être être à court de temps, d’ici à la fin du confinement, pour les mettre en œuvre 😊. Pour autant, je n’irai pas jusqu’à dire que je souhaiterais que ce temps – suspendu – s’inscrive dans la durée… de peur de le trouver trop long (#Pour combien de temps encore ?).
Pour finir, je prends quand même un temps pour remercier ici vivement et chaleureusement toutes les personnes qui sont sur le front de cette guerre sanitaire et qui donnent, consacrent et « passent leur temps » à sauver des vies (#soutien aux personnels soignants ; #soutien à l’hôpital).
Et vous ? Qu’allez-vous faire de ce temps d’arrêt ?