

Renaissance
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Renaissance
Dakar, le 12 juillet 2025
Chère Précilia,
Je suis si heureuse d'avoir de tes nouvelles !
Depuis mon départ de Libreville, les évènements se sont précipités à une vitesse folle. Déjà presque une décennie que nous ne nous sommes pas vues mais j'ai toujours conservé l'espoir, au fond de moi de te revoir un jour. Qui aurait cru que tu tomberais sur mon adresse postale dans les journaux ? Comment ne pas y voir un signe du destin, la preuve que notre amitié n'est décidément pas vouée à l'oubli ?
Quand je relis ta lettre, les souvenirs inondent ma mémoire. Les escapades dans les ruelles ensoleillées et cabossées de notre quartier, le marigot, l'école puis le restaurant de ma mère. Ta maison, le ronronnement de la télé, notre petit cocon de bonheur et d'insouciance, et surtout le marché ! Avec son capharnaüm de fruits, de légumes, ses couleurs chaudes, ses odeurs entêtante, son agitation enivrante et ses sonorités exotiques. Nous y avons vécu tellement d'aventures ! Moi, la petite fille timide et réservée et toi, enthousiaste et pleine de ressources, toujours prête à m'entraîner dans tes aventures.
Ta lettre déborde de questions et comme je te comprends ! mon départ a été aussi brusque que douloureux. Tu n'es pas sans savoir toutes les difficultés que ma famille a rencontré à l'étranger. Ce qui était notre petit paradis représentait une source de souffrance pour eux. Aux yeux de mes parents, partir était une libération. Partir, quitter ce pays qui n'était pas le leur, ce pays qui avait disloqué leurs familles et qui leur était resté étranger tout au long de leur séjour. Préparé en moins d'une semaine, ce retour au pays forcé, après vingt ans d'absence, ne s'est pas fait sans heurts pour mes parents. Ils ont dû réapprendre à vivre dans un monde qui ne les pas attendu. Pour nous les enfants, ça été encore pire. La langue, les coutumes différentes, la nourriture même . Et oui, j'ai bien sûr cherché à te recontacter. Mais à l'époque, je n'avais aucune coordonnée, aucun moyen de garder ancrage avec mes connaissances. D'autant plus que mes parents avait veillé à coupé les ponts avec leur ancienne vie, nous contraignant à faire pareille. Tu n'imagines pas comme cela m'a dévastée. J'ai mis plus de temps que les autres à m'acclimater. Je me suis réfugiée dans l'écriture, je gribouillais des lettres et des poèmes pour tous mes amis. La nostalgie a frappé l'âme sensible que j'étais avant même que je ne sois sorti de l'enfance. Il m'a fallu quelques années pour me relever de cette mauvaise passe. Au bout du chemin, ma famille m'attendait avec ses contradictions et ses blessures, certes, mais aussi son amour incommensurable. J'ai alors compris que la valeur de ce nouveau trésor ne détronait en rien celle de l'ancien et que je pouvais l'aimer sans trahir ce que nous avions eût.
Puis la chance m'a encore sourit. Mes textes, ceux là même que j'avais écrit au plus fort de ma détresse, m'ont valu d'être repérée par une maison d'édition. J'ai commencé à raconter mon histoire et celle de mes parents, il fallait qu'il y ait quelqu'un pour dire et se souvenir des épreuves qu'ils ont traversé. La célébrité m'ouvrait ses portes, j'ai choisit de la mettre à profit pour honorer notre histoire. C'est sans doute comme cela que mon nom et mon adresse se sont retrouvés dans les pages de ton quotidien matinal !
Je suis curieuse de savoir ce que tu deviens. Sur la photo que tu m'as envoyé, tu as toujours l'air de cette adolescente trop grande pour son âge avec qui j'allais à l'école. Tu es resté la même vieille âme dans un corps de jeune femme malgré les années. En témoigne tes habitudes de correspondance ! D'ailleurs, aimes-tu toujours autant la photo et la lecture ? que deviennent Louise et tes parents ? Habitez-vous toujours dans la banlieue de la capitale ? Je me demande ce qu'est devenu notre ancienne école. Vétuste comme elle était, a-t-elle survécu aux pluies sempiternelles du Gabon ?
Quant à moi je suis restée la même grande rêveuse qu'auparavant. Cependant, je dois avouer que l'expérience a détruit une part de moi dont je n'ait pas finit de constater l'ampleur. Mais elle m'a aussi façonnée telle que je suis. J'ai fais des rencontres qui m'ont aidé à m'exprimer sur ce que je ressentais et m'ont permis de m'ouvrir. Ma coquille s'est brisée mais peut-être était-ce pour le mieux ?
J'ai tant de questions à te poser ! Voudrais-tu me rejoindre au Sénégal pour les vacances ? Tu pourras constater ma renaissance de tes propres yeux. Je te ferais découvrir les plages de Dakar, les villages de Lébous et on ira explorer le Delta du Saloum ensemble; Je t'apprendrai des mots wolof et tu m'apprendras à parler fan; On s'échangera nos contacts pour ne plus jamais être coupé l'une de l'autre;
hâte de recevoir ta réponse ! en attendant, porte-toi bien;
Ton amie, kadidja;

