Les quatre éléments de Verlaine
En Panodyssey, puedes leer hasta 10 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 9 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Les quatre éléments de Verlaine
La sensualité
La sensualité, pour un poète, fait partie de l’équipement de base. Mais Paul Verlaine est peut-être le plus librement sensuel des poètes. Quand Baudelaire se laisse aller au plaisir, il y a comme une atmosphère de malédiction dans l’alcôve. Quand Victor Hugo évoque l’étreinte amoureuse, on sent qu’il retient la bride. Dans les poèmes de Verlaine, aucune trace de culpabilité, aucun sacrifice fait à la pudeur : s’il fait preuve de retenue, c’est par art et volontairement. Totalement dominé par sa sensualité et ses émotions, Verlaine se laisse aller au fil des associations que lui proposent couleurs, sonorités, odeurs.
Sites brutaux !
Oh ! Votre haleine,
Sueur humaine,
Cris des métaux !
La faiblesse
Il y a des poètes énergiques et volontaires : Victor Hugo, Arthur Rimbaud. Paul Verlaine, au contraire, est la nonchalance même. On trouve dans son recueil Sagesse une belle image de cette disposition intérieure radicalement passive :
Mouette à l’essor mélancolique,
Elle suit la vague, ma pensée
La faiblesse est peut-être le mot qui le caractérise le mieux. Verlaine se laisse entraîner par l’instant, l’atmosphère, le désir quel qu’il soit,
De ci, de là,
Pareil à la
Feuille morte.
Verlaine aspire a être brutalisé ou cajolé, selon le moment : mais toujours il est le jouet d’une puissance extérieure. Première d’entre elles, la tendresse maternelle revient dans les poèmes comme une note fondamentale et perdue.
Qu’est-ce que c’est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être ?
L'espérance
On a souvent rapproché Paul Verlaine et François Villon. L’un et l’autre vécurent en marginaux, et eurent maille à partir avec la justice. Condamnés tous les deux, ils touchèrent le fond du désespoir en prison. Et c’est de leur cellule qu’allaient naître leurs chants les plus beaux et les plus aériens, « La Ballade des pendus » pour François Villon, les poèmes de Sagesse pour Verlaine.
A vrai dire, on ne trouve pas vraiment chez Verlaine un sentiment de culpabilité. Romances sans paroles, écrit après la séparation d’avec Mathilde, raconte surtout sa frustration d’avoir été jeté par sa famille. Mais Verlaine sent son avilissement. Il sait qu’il est terriblement faible, qu’il n’est pas de taille à lutter contre son alcoolisme, que son destin est de mourir dans le caniveau. Pourtant
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable
Et c’est ce qu’il y a peut-être de plus déchirant dans ses poèmes : malgré la déchéance complète, ils expriment souvent une espérance invincible.
La légereté
Un commentateur a comparé la poésie de Verlaine à un crayon de papier en perpétuel équilibre sur sa pointe. Pour arriver à cet effet, il y a un travail considérable sur le rythme, la césure et la structure du vers en général.
Calmes dans le demi-jour
Que les branches hautes font
Pénétrons bien notre amour
De ce silence profond.
Rien n’est plus éloigné de lui que l’éloquence et la rhétorique, qui sont les tentations permanentes de la poésie en langue française. Verlaine fait parfaitement bien sentir que la poésie est autre chose que de la prose bien écrite. Elle est
De la musique avant toute chose
Pour approfondir : Paul Verlaine, sur Littératurefrançaise.net