(titre et photo Jeanne adresse du blog  bleuitudes ici http://nousdeux007.over-blog.com/2020/07/de-loin.html

Une feuille étale

Qui s’étiolait tout doucement

Aux nervures sinueuses

Posée et solitaire

La tige coupée

Loin de celui qui la portait

De ses ramures fières

Du tronc planté

Avec ses racines

Enfoncées

Dans la terre noire

Et qui se ramifiaient

Encore.

Son corps sombre

A peine illuminée

Sous la lumière rasante

Du coucher de soleil finissant

Se découpait en ombre chinoise

Sur le ciel violacé

Qui s’assombrissait peu à peu.

De loin

Une silhouette se dessinait

Avec une allure unique

Un fuseau volubile

Qui se mouvait

Portant sur son dos

Un enfant rond

Aux genoux écorchés

Et aux jambes blanches et fines

Et sous cette peau translucide

Les veines bleuissant

Frémissaient

Et son cœur palpitant

S’ébattait

S’ébrouait

Dans tout ce sang vermeil

En pleine jeunesse.

Tel un pur-sang

Celui-ci s’égayait

Et la bouche agile

De cet enfant

Aux cheveux bruns et éclatants

Entourant le visage

Avec de chaque côté

Des yeux opales

Laissait ses mots

En pleine efflorescence

Retentirent dans ce silence

Cette pénombre bleutée.

Alors ses mains

Si douces

Élevèrent son corps

Puis le déposèrent

Près d’elle

La feuille ébahie

Qui solitaire et abandonnée

Attendait qu’on la recueille.

L’enfant

Tout d’abord resta immobile

Devant elle

Il la contempla longuement

Puis sa main potelée

S’empara de ce qu’il lui parut être

Un trésor

Quelque chose d’essentiel

A conserver

A prélever.

Entre ses mains elle s’illumina

Sa parure vert émeraude

Avec cette rouille qui la parsemait

Sembla soudain s’éclairer.

Et l’enfant alors

Emporta la feuille énamourée

En courant

Abandonnant

L’ombre et ses branches repliées

Qui avait supporté son corps.