André Cayot, un musicien au Ministère de la Culture
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 28 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
André Cayot, un musicien au Ministère de la Culture
André Cayot a travaillé 25 ans au Ministère de la Culture. Passionné de musique, il a œuvré pour diverses structures, notamment dans l'émergence des artistes.
Capture d'écran de l'interview vidéo (filmée par Mathieu Bach)
Dans une brasserie du Marais, nous rencontrons André Cayot sur fond de Bob Dylan. L'ex-conseiller pour les musiques actuelles continue de suivre de près les nouveautés culturelles -- surtout dans la musique. Il nous éclaire sur son parcours et la culture française aujourd'hui.
Pourquoi avoir choisi de travailler dans la culture ?
C'est un sujet qui me tient à cœur depuis toujours, j'ai été musicien très tôt. J'ai fait le choix d'avoir une carrière à la fois musicale et institutionnelle, celle-ci forcément dans la culture. Cela s'est fait par plusieurs étapes dans ma vie. J'ai commencé à travailler dans une structure para-municipale à Bourg-en-Bresse, dans l'Ain. J'ai accompagné la création d'un service aux associations ainsi qu'un certain nombre de services mis en place dans les années 70. Beaucoup de créativité était nécessaire pour accompagner le grand mouvement post soixante-huitard dans ce domaine-là. J'ai ensuite dirigé un centre régional pour la chanson et les musiques actuelles, ce qui m'a amené au ministère. La musique est mon axe principal.
Une carrière musicale en parallèle ?
Si on peut parler de carrière, en tout cas. J'ai été guitariste-chanteur professionnel pendant une quinzaine d'années. J'ai créé des groupes comme beaucoup de gens, on a fait le métier comme on disait à l'époque. J'étais aussi dans le domaine jeune public. Je continue d'ailleurs dans cette voie-là, j'ai fait plein de choses à ce niveau-là.
Comment définir la culture française en quelques mots ?
Comme une exception, enfin c'est un mot d'esprit rapide. La France est un tout petit pays, quand on le situe comme ça géographiquement. C'est aussi l'endroit où la jonction naturelle avec la culture américaine est évidente. Le 75e anniversaire du Débarquement a montré à quel point nos liens sont forts à ce niveau-là. D'autre part, il y a une sorte de faisceau convergent des cultures européennes en France. J'ai toujours été très intéressé par la manière dont la France est un lieu où les cultures se croisent, avec en plus un autre front culturel qui est le nôtre. Quand je parle de la chanson française aujourd'hui, elle est complètement impactée par tout ce qui vient des Etats-Unis, mais aussi côté africain évidemment. Il y a l'autre côté méditerranéen, le Moyen-Orient, le Maghreb et l'Afrique. Vous étiez au pays de la sono mondiale dans les années 80. Je pense que si on a perdu un peu ce côté-là, il est toujours assez fort dans l'esprit de ceux qui défendent une culture mondiale en France. On le voit aussi dans le domaine du jazz, que je parcours beaucoup. Pour moi, la culture française c'est un maelström avec en même temps des racines qui sont fortes, identitaires et patrimoniales.
Il y a aussi le numérique qui aide beaucoup à cette connexion.
Le numérique est l'outil idéal de connexion et en même temps l'endroit où l'on va produire de nouvelles de nouvelles choses, sans aucun doute. Est-ce que nous sommes les porteurs à ce niveau-là ? Sans doute. C'est un pays dans lequel la culture des start-ups est importante. On sent qu'il y a de la matière grise. Mais est-ce qu'on peut traduire cette matière grise dans les faits réellement ? Comment accompagne-t-on ces entreprises que je vois régulièrement ici ou là, à naître, à se développer ? Je n'ai pas la réponse. Ce serait trop simple.
Aujourd'hui, dans la culture en France, quels sont les projets ?
La création d'un Centre national de la musique à l'image du CNC me semble une piste très intéressante. J'ai beaucoup milité pour cette idée là en 2011-2012. Notre ministre actuel Franck Riester l'a reprise à son compte et va la développer en 2020. Je trouve ça vraiment pertinent. On a besoin d'un outil comme celui-ci qui rassemblerait à la fois les acteurs de l'export, les centres d'information de ressources, les lieux dans lesquels on est en charge des crédits d'impôts. En gros, c'est l'équivalent de ce qui existe pour le cinéma. Cela vient de cette fameuse exception culturelle dont la musique est aussi porteuse en France, même si les frontières aujourd'hui sont beaucoup plus ouvertes qu'elles ne l'étaient précédemment. Il faut faire valoir nos différences sur le terrain par les talents de certains domaines de la musique, dont les musiques électro qui sont aujourd'hui un des éléments moteurs de la création française. Je trouve qu'il se passe aujourd'hui beaucoup de choses très prometteuses et qu'on a des outils qui n'existent pas ailleurs. On a en France une culture accompagnée par les collectivités territoriales de façon déterminante par l'État. C'est historique, c'est ce qui fait que la France est un pays singulier de ce point de vue là avec une politique qui allie le public et le privé de façon assez équilibrée.
Est-ce alors plutôt à l'Etat de s'occuper de la culture ou aux acteurs privés ?
C'est cet équilibre-là qu'il faut trouver. l'État est très présent dans le domaine culturel parce que le ministère de la Culture est présent depuis soixante ans, parce qu'il y a les questions de la gestion patrimoniale. Même si le privé a pris une place très importante à ce niveau-là, je pense qu'il faut garder en France cet ancrage institutionnel qui fait la singularité de notre de notre pays, tout en l'adaptant aux données actuelles.
Dans le domaine du patrimoine, également. Je vois ce que fait Stéphane Bern, l'accompagnement avec la participation de la Française des Jeux, ça me semble intéressant. Il y a d'autres d'autres sujets sur lesquels on doit pouvoir trouver l'équivalent pour la musique.
J'ai été beaucoup actif sur l'équilibre entre le privé et le public. Quand je parlais du CNM tout à l'heure, c'est un endroit où on doit pouvoir trouver ces axes-là en respectant aussi un autre aspect, celui de la production des territoires en matière de culture. Je trouve qu'il y a énormément d'initiatives qui ne sont pas forcément parisiennes et qu'il faut savoir prendre en compte. Ce n'est pas toujours très simple.
Pensez-vous que la radio et le streaming sont ennemis ?
Non, pas vraiment. Je pense que ce sont deux choses complémentaires, avec notamment les web-radios. La radio se porte très bien aujourd'hui parce qu'on a une production qui est importante. Mais je pense qu'on a besoin de tous les médias pour pouvoir diffuser nos artistes. Ce n'est pas si évident aujourd'hui, il y a de très grosses ventes dans des domaines où on peut repérer facilement. Pour d'autres, c'est beaucoup plus difficile. Je me suis toujours préoccupé de l'émergence dans le domaine musical. On a besoin d'avoir tous ces vecteurs-là. J'ai travaillé avec certaines radios, je sais bien ce que ça veut dire que d'être porteur de l'émergence. Des radios de service public le font très bien, les radios privées complètent tout ça. Je pense au travail de France-Inter, sur les découvertes dans le domaine de la chanson. Ont-ils des répercussions sur le streaming ou sur les ventes ? J'espère que oui. Il faut combiner.