Albert Camus, une certaine idée du journalisme
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Albert Camus, une certaine idée du journalisme
En Algérie : Alger Républicain
Fondé en 1938 et dirigé par Pascal Pia, Alger Républicain était un journal progressiste, sans subvention et sans compromis avec la censure sévissant à l’époque. Dans cette aventure idéaliste, Albert Camus faisait un peu de tout : chroniques judiciaires, critiques littéraires, comptes-rendus d’assemblées politiques, etc. Mais c’est avec un grand reportage sur la Kabylie, à la veille de la seconde guerre mondiale, qu’Albert Camus montrera ses qualités les plus profondes. Il n’a alors que 25 ans.
Dans cette enquête sur une région reculée et misérable de l’Algérie, Camus collecte les avis, recense les chiffres, émet des propositions politiques concrètes, tout en donnant à l’ensemble la force d’un témoignage : la voix singulière de l’écrivain s’élève déjà, au service d’une cause qui le dépasse.
« Je savais aussi qu’il y aurait eu de la douceur à s’abandonner à ce se soir si surprenant et si grandiose, mais que cette misère dont les feux rougeoyaient en face de nous mettait comme un interdit sur la beauté du monde. »
Misère de la Kabylie
En France : la période « Combat »
Entré comme rédacteur dans ce qui fut d’abord le principal journal de la Résistance, Camus devint bientôt rédacteur en chef, puis éditorialiste. A cette époque, mais aussi dans l’avant-guerre et l’après guerre, la presse française se distinguait par un goût de la polémique allant bien souvent jusqu’à l’invective. Camus, quant à lui, n’aimait pas l’insulte, la mauvaise foi et la malhonnêteté intellectuelle. Il prit bientôt la figure d’une autorité morale dans un pays qui en manquait. Il considérait que le journalisme repose sur une exigence assez simple : « que les articles de fond aient du fond et que les nouvelles fausses ou douteuses ne soient pas présentées comme des nouvelles vraies. »
« La tâche de chacun de nous est de bien penser ce qu’il se propose de dire, de modeler peu à peu l’esprit du journal qui est le sien, d’écrire attentivement et de ne jamais perdre de vue cette immense nécessité où nous sommes de redonner à un pays sa voix profonde. Si nous faisons que cette voix demeure celle de l’énergie plutôt que de la haine, de la fière objectivité et non de la rhétorique, de l’humanité plutôt que de la médiocrité, alors beaucoup de choses seront sauvées et nous n’aurons pas démérité. »
Combat, 31 aout 1944
Examiner les sources de l’information, peser ses mots, ne pas se précipiter dans les conclusions : voici la démarche de Camus dans ce qu’il appelait le journalisme critique, et qui aujourd’hui encore pourrait servir de boussole dans une profession parfois décriée.
- Lire les écrits de Camus dans Combat : Actuelles, Gallimard, 1997.
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Lire le reportage sur la kabylie : Chroniques Algériennes (1939-1958), Gallimard, 2002.
Pour aller plus loin : explorez l'espace Albert Camus, sur Littératurefrançaise.net !