L'Egorgeur : Chapitre 4
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 29 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
L'Egorgeur : Chapitre 4
La silhouette du Maire se découpait sur la toute petite place bordant l'hôtel de ville. Le soleil de juillet s'y faisait écrasant à cette heure de la journée. Émile aurait préféré enquêter à l'automne plutôt qu'en cette période. Porter chapeau et écharpe lui convient très bien. La sensation d'étouffer même en bras de chemise, beaucoup moins.
— Monsieur le Maire.
— Monsieur le Commissaire. Merci de prendre sur ton temps de vacances.
— Oh, c’est aussi l’opportunité de visiter une pâtisserie ou deux, voire même un bistrot, sans être observé par l’Œil du Mordor.
— Toujours dans les jus de légumes ?
— Toujours.
— Venez à la maison tous les deux. Tiens, je vais envoyer quelqu’un chercher Madame. Et le temps qu’elle arrive, on se goûtera un petit gin d’exception.
Comment dire non à une telle invitation ? Seulement, une invitée surprise les attendait déjà sur place : Tatiana, croisement improbable entre Jessica Rabbit et Hermann Göring, une vieille amie de la femme du Maire.
— Frère Tatiana, quelles nouvelles de la fraternité de Valence ?
L’intéressée, vêtue d'une chemise légère couleur lavande et d'un pantalon à pinces gris, releva sa poitrine avec ses longues mains de dentelière.
— Commissaire Mamour ! Ça faisait longtemps.
Toujours là au moment inopportun, cette Tatiana ! Comme si elle avait un radar intégré, un don en plus de celui d’énerver Madame Demesy.
— Il parait que vous avez un petit meurtre sympa sur les bras, mes mignons ?
— Plutôt quatre, intervint le Maire. Parfait pour une belote entre fantômes. Heureusement que nous ne sommes pas en période d’élections. Je n’ai pas besoin d’un connard qui s’amuse à égorger les touristes. En plus ce soir, on a le feu d’artifice sur la plage du CREPS.
— Ce n’est pas non plus comme si une cigale géante ravageait la ville…
— Va dire ça à la Préfète, Émile ! Je l’ai eu sur le dos pendant une heure et demie.
— Laisse-moi deviner ; elle veut faire annuler le feu d’artifice ?
— Le Rotary local va s’en donner à cœur joie. Les charognards !
— Je m’en occupe, de ta Préfète, assura Tatiana en plissant ses yeux noirs en amandes derrière ses lunettes de créateur, aux verres assortis à sa chemise. Il paraît que tu as acheté du Gin l’autre jour ?
Apéro tout juste engagé, un regard désapprobateur vint glacer le salon.
— Tatiana.
— Eugénie.
Si les jolis yeux noisettes de Madame Demesy pouvaient tirer des balles, il y aurait eu une cliente supplémentaire pour le médico-légal. Le Maire eut droit à la bise, mais pas non plus avec un enthousiasme débordant.
Après un paleron admirablement réussi, la maîtresse de maison proposa une petite note sucrée en forme de madeleine géante, largement imbibée de rhum et agrémentée d’une montagne de chantilly au mascarpone.
De quoi mettre plein d’étoiles dans les yeux du Commissaire.
— C’est mieux que le jus de légumes, hein Émile !
— Ah moi, je n’aurais jamais mis le Commissaire au régime, assura Tatiana en jouant des cils et du décolleté de façon savamment mise en scène.
— Le tiramisu n’est pas une position du Kama-Sutra, balança froidement Madame Demesy.
— Tu es en forme, ma chérie, lui répondit l’autre. C’est le concombre qui te réussi comme ça ?
— Les plaisirs de la bouche, ça ne veut pas dire ce que tu crois Tatiana.
— Peut-être, mais je suis douée avec ma bouche.
— Ça, la moitié de la planète le sait, Milaya (1) !
Histoire de désamorcer la situation, le Maire interrogea son épouse sur ce qu’elle et son amie de Valence avaient prévu de faire après le repas. De son côté, Émile laissa les clefs de sa nouvelle auto à Madame. Son hôte avait besoin de lui parler.
Avant d’aborder le sujet, les deux hommes allumèrent un cigare, confortablement installés sur la terrasse jouxtant la piscine.
— Tu vas pouvoir résoudre l’enquête rapidement, Émile ?
— Qu’est-ce que tu entend par rapidement ?
— Disons quatre victimes sans lien… Sûrement un crime d’opportunité. Les marginaux ne manquent pas de se mêler aux touristes. Va savoir ce qui leur passe par la tête avec toutes ces nouvelles drogues !
— Petite précision : sans lien APPARENT.
— Justement, pas la peine d’aller en chercher un. Si ?
— Tu me demandes d’enfiler un costume qui me gênera aux entournures.
Le Maire tira sur son Montecristo sans mot dire. Émile éteignit le sien et se leva pour prendre congé.
— Tu veux que je te ramène ?
— Merci. Je vais plutôt marcher un peu.
Note en bas de page et crédits :
(1) ru. Милая : trad. fr. mon Chou, Mignonne
Illustration de couverture générée par DALL-E 3 sous Microsoft Copilot à partir de prompts originaux.
Illsutration dans le texte réalisée avec Affinity Photo 2 par Daniel C. Muriot à partir d'images générées par DALL-E 3 sous Microsoft Copilot d'après des prompts originaux. Tous droits réservés.
Bonus - Les coulisses de la création des images :
https://www.panodyssey.com/fr/article/ia/generer-des-images-avec-l-ia-cgrj5sgw6274
Jackie H hace 2 meses
Si les deux cartes en dehors de Tatiana représentent le commissaire et son épouse, j'avoue que je les imaginais plus vieux et plus rigides... sans doute à cause de l'image du bonhomme au chapeau des trois premiers épisodes, qui faisait un peu "commissaire Maigret" à l'ancienne. J'ai naturellement imaginé l'épouse qui allait avec, un peu "bobonne" comme dans les dessins de Jacques Faizant... comme quoi l'imagination de chaque lecteur se représente les choses à sa propre manière... parfois (et probablement même souvent) d'une façon très différente de celle de l'auteur !
Daniel Muriot hace 2 meses
Effectivement, le roi de trèfle et la reine de trèfle représentent le Commissaire et son épouse.
(modifié)Tout dépend de ce qu'on entend par vieux. Et puis, le vieux d'aujourd'hui ne ressemble plus au vieux d'avant.
Le couple a la cinquantaine dans cette l'histoire. La retraite n'est pas si loin que ça pour Emile Demesy. A quel moment pouvons-nous le qualifier de vieux ?
Le style un peu Maigret à l'ancienne, n'empêche pas d'avoir l'air jeune. Dans les romans de Simenon, nous découvrons un Maigret à divers époques de sa vie. Déjà à la retraite et plus de soixante ans, à 26 ans dans ses début à la PJ, ou entre les deux comme dans le cas de mon Commissaire Demesy.
Le style vestimentaire y fait beaucoup dans la perception qu'on a d'un personnage. Avec le chapeau, l'écharpe et le manteau de la couverture, je fais vieux moi aussi. Avec une chemise en lin et un pantalon léger, beaucoup moins.
Quand à son épouse, personnellement, je me méfierais de son air de petite femme bien gentille...
Jackie H hace 2 meses
Euh, telle qu'elle est présentée dans l'entrevue avec Tatiana, avec ses petites piques assassines distribuées avec un sourire jusqu'aux oreilles, elle n'est pas si gentille que ça, et même pas gentille du tout, c'est plutôt un petit serpent qui pique 🪱... (un physique à la Vanessa Burggraf de France 24 lui irait très bien de ce point de vue-là)
Sinon, qui suis-je vraiment pour traiter qui que ce soit de "vieux" avec mes 63 ans révolus au compteur 😆 mais c'est un fait qu'être vieux en 2024, ce n'est plus ce que signifiait "être vieux" dans les années 1970 et je crois qu'on peut dire qu'actuellement, en effet, ça fait bien trois décennies que 50 ans, c'est le nouveau 30 (pas encore le nouveau 25 mais patience, on s'en rapproche, petit à petit, on s'en rapproche)... la "Femme de trente ans" d'Honoré de Balzac serait "La Femme de cinquante ans" aujourd'hui. Mais je n'en suis pas moins restée l'héritière d'une vision de la vieillesse qui, disons, date un peu 😊🙂
Daniel Muriot hace 2 meses
Je ne connaissait pas Vanessa Burggraf. Physiquement, ce serait un bon choix pour une adaptation TV.
J'avoue avoir hésité à la faire blonde.