Nos "bonnes résolutions" sont-elles vouées à la réussite ?
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Nos "bonnes résolutions" sont-elles vouées à la réussite ?
Remémorez-vous quelles furent vos bonnes résolutions le jour de l’an 2023. Vous êtes-vous contenté de les énoncer ? Vous y êtes-vous attelé un court moment avant de les abandonner ? Avez-vous essayé et raté ? Les avez-vous transformées en pratiques durables ?
Lorsque je pose ces questions à la cantonade en séminaires ou avec mes proches, le quatrième scénario d’accomplissement est statistiquement minoritaire. Les bonnes résolutions portent sur de nobles et bénéfiques finalités . Et pourtant, tout se passe comme si pour une majorité de nos contemporains, leurs bonnes résolutions étaient faites pour rater. Oserais-je penser pour jouir de leurs ratages ? Cette question provocatrice et systémique signe l’une de mes convictions sur cette problématique. Dans cette perspective, les « bonnes résolutions » non abouties nous permettent d’assouvir le désir du ratage. La finalité d’un système est lisible dans son état au moment où nous l’observons. En d’autres termes, de nombreux aficionados des bonnes résolutions savent plus ou moins consciemment qu’ils vont échouer . Et pourtant ils persistent.
De là à s’affranchir des bonnes résolutions, il y a un pas que je ne franchis pas. Les bonnes résolutions signalent une envie d’abandonner de mauvaises habitudes ou un désir à combler. Elles concernent l’hygiène de vie, la culture, la famille, l’écologie, le travail, le temps, le caractère, la formation, la spiritualité …
Avant de vous engager sur cette quête, posez vous cette double question : « Est-ce que mon but vaut la peine d’y consacrer du temps et de l’énergie ? Et si c’est oui, que vais-je faire dès maintenant pour l’atteindre ? »
Si votre "bonne résolution" utilise souvent le conditionnel, avec des expressions du type "j'aimerais", "ce serait bien si...", c'est déjà un signe précurseur que votre engagement pourrait être fragile. De même, si vous envisagez de simplement "essayer" de changer, sans un engagement concret, le spectre de l'abandon guette.
Lorsque votre résolution ressemble davantage à une promesse idéale, avec des déclarations radicales du type "je vais changer du tout au tout, plus jamais ça...", il est possible que l'idéalisme initial ne résiste pas à l'épreuve du quotidien.
Attention également à l'appel au destin, car compter sur la chance ou des circonstances favorables peut souvent être une excuse facile lorsque les choses deviennent difficiles. Le volontarisme exacerbé du type "vouloir c'est pouvoir, rien ne pourra m'arrêter..." peut souvent se heurter à la réalité des obstacles.
Des buts irréalistes, comme vouloir ressembler à une célébrité à l'âge de vingt ans, peuvent sembler admirables, mais si vos objectifs sont déconnectés de la réalité, vous risquez de vous décourager rapidement. De même, garder votre résolution secrète pour éviter les sarcasmes des autres peut indiquer une certaine fragilité dans votre engagement.
En résumé, si votre "bonne résolution" est truffée de conditionnels, de tentatives vagues, de promesses idéales, d'appels au destin, de volontarisme exacerbé, de buts irréalistes ou de secrets bien gardés, il se pourrait bien que votre résolution soit un vœu pieu destiné à s'enliser dans les sables mouvants de la procrastination et de l'inaction.
Pour faire aboutir mes bonnes résolutions, mon mantra est : « le secret n’est pas la volonté, c’est la routine.»
Se fixer des objectifs réalistes et partageables, tout en adoptant une approche progressive, augmente les chances de succès. Cultivez la discipline et la persévérance pour concrétiser vos aspirations, et transformez ainsi vos résolutions en habitudes durables. Engagez vous devant des proches bienveillants. En embrassant ces principes, vous maximisez votre potentiel de réussite et construisez un chemin solide vers l'accomplissement de vos buts en 2024.
Au moment où j'écrivais la conclusion, le philosophe Charles Pepin intervenait brillament sur cette problématique avec un focale différente à la mienne sur France Inter.