Journée d'enfer dans l'Au-Delà - Chapitre 2
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Journée d'enfer dans l'Au-Delà - Chapitre 2
Chapitre 2 - L'offre de Samaël
Oscar se releva d’un bond, très vite imité par ses autres compagnons. Cain remarqua qu’ils étaient tous sur leurs gardes, comme s’ils s’attendaient à une attaque-surprise tôt ou tard. En revanche, le démon renard avait les mains dans son dos, dans une attitude décontractée.
— Pourquoi tu me suis, bordel ?! s’écria le barman avec fureur. Fous-moi la paix !
— Voyons, mon ami, calme-toi, répondit posément l’intéressé en resserrant sa cravate noire. Inutile de t’accorder autant d’importance, très cher, je ne suis pas là pour toi.
À peine finissait-il sa phrase qu’il disparaissait dans un nuage de fumée noir. Quelques secondes plus tard, Cain sentit une main griffue se poser sur son épaule et le tirer. Il tourna la tête et croisa le regard pétillant de curiosité du démon avant que celui-ci ne saisisse sa main pour la serrer dans la sienne.
— Samaël, ravi de vous rencontrer ! lança-t-il avec bonne humeur en lui broyant les phalanges. C’est un vrai plaisir ! Je suis terriblement navré pour cette première impression fort peu reluisante dans ce bar ! Ce n'était pas très adroit de ma part !
— Ne t’approche pas de lui !
Tara attrapa son ami par l’arrière du col et le tira pour l’éloigner de l’homme. Elle se posta entre eux et pointa un doigt menaçant entre ses deux yeux dorés.
— Je connais les types dans ton genre ! siffla-t-elle à mi-voix. Toujours à la recherche de plus de pouvoir pour écraser les autres. J’te laisserai pas t’en prendre à nous !
Cain savait que la jeune femme n’était pas du genre à plaisanter avec ses avertissements, mais il ne put s’empêcher de penser que son effet effrayant était gâché par la demi-tête que son interlocuteur avait de plus qu’elle. De plus, il ne semblait pas impressionné, gardant un simple sourire amusé. Il abaissa simplement l’index à moins de cinq centimètres de son nez.
— Ma chère, si je voulais réellement vous tuer, déclara-t-il comme s’il parlait de la météo, vous ne seriez déjà plus de ce monde.
— Alors dégage ! lança Cléo d’un ton sec. Personne ne compte faire de pacte avec toi, ici !
— Quelle tristesse, soupira Samaël en secouant la tête, son rictus toujours aux lèvres. Je n’en ai pas après vos âmes, soyez tranquilles ! En fait, pendant que j’arrachais un bras à ce malotru tout à l’heure, je me suis souvenu de l’endroit où j’avais pu voir ce jeune homme.
Il désigna d’un vague signe de la main le blond, qui haussa un sourcil sceptique. Il s’en serait souvenu s’il avait croisé un type avec des oreilles de renard sur la tête !
— C’était dans le journal de ce matin, continua le rouquin d’un air enjoué. Il y avait une photo de votre curieux duo dans cet article ! Quand je vous ai reconnu, je n’ai pas pu résister pour venir vous voir ! Ce texte était vraiment désopilant ! Mon dernier fou rire aussi important remonte à l’éruption du Krakatoa de 1883, quelle perle !
Il ne semblait pas ironiser, car son rire sonnait terriblement honnête. À côté de lui, le volcan Tara n’allait pas tarder à exploser, Cléo fixait le démon d’un air sceptique, et Oscar se frappa le front de sa main. Cain ne retenait pour sa part qu’une seule information : quelqu’un était intéressé par son article ! Même s'il en riait en le comparant à une catastrophe ayant fait des milliers de morts...
— T’es juste là pour te foutre de notre gueule ? reprit Tara dont le visage commençait à virer au rouge. Retourne faire mu-muse avec tes petits marchés et fous-nous la paix !
Le blond fut sur le point de lui rappeler qu’elle parlait très mal à quelqu’un qu’elle avait elle-même présenté comme dangereux. Mais son expression l’en dissuada rapidement : il n’avait pas envie de finir en gratin de démon !
— Aah, les pactes, le pouvoir, se désespéra Samaël en levant les yeux au ciel. Il n’y a pas que ça dans la vie d’un démon.
— Oh, et il y a quoi d’autre, alors ? interrogea Cain en haussant un sourcil. Le cul, les bastons, l’alcool ?
— Mais non, enfin ! La distraction, mon cher ! s’exclama le rouquin avec excitation. Je me moque bien d’avoir du pouvoir, tout ce que je désire, c’est un projet récréatif ! Quelque chose qui me fera sortir de la monotonie de mon quotidien ! Votre idée curieuse a attiré ma curiosité !
— Vous pensez qu’on pourrait faire en sorte d’instaurer des règles dans les Enfers ? Que les gens pourraient essayer de redevenir un peu plus humains ? demanda le blond avec avidité.
— Absolument pas ! ricana le démon renard en secouant la tête.
Son interlocuteur le regarda quelques secondes en silence, éberlué. Ce type avec son sourire était à la fois agaçant et intrigant ! Un mélange qui donnait envie de le frapper ! Il eut ensuite cette réflexion pleine de sagesse et d’intelligence :
— Hein ?
— Nous sommes des démons, jeune homme, reprit Samaël d’un ton léger. Nous profitons de notre seconde vie dans un monde sans règle pour nous plonger un peu plus dans nos vices ! Si l’Enfer devient réglementé, autant être dans le monde des humains, cela reviendrait au même.
— Alors pourquoi vous vous intéressez à mon projet ? questionna Cain sans comprendre. Vous aimez les causes perdues ?
— Exactement ! Il n’y a rien de plus amusant que de voir les gens se débattre pour essayer d’échapper à un futur misérable, et regarder leur objectif leur filer sous le nez ! Aussi ai-je envie de vous prêter mainforte.
— Hors de question ! s’insurgea Tara en le fusillant du regard. Tu ferais tout pour nous voir échouer et tu saboterais nos plans ! On y croit, nous !
— Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, répondit Samaël d’un ton plus grinçant. Les âmes humaines sont parfois surprenantes, je me demande combien tenteront d’échapper à la damnation grâce à vous ! C’est leur échec qui m’intéresse et non le vôtre !
— Il y a une merde quelque part, intervint Cléo avec froideur. Ça m’étonnerait que tu nous aides sans rien demander en retour ! Tu vas essayer de nous embobiner tôt ou tard ! Tu ne vas pas réussir à me faire croire que tu fais ça juste pour te marrer.
Le démon tourna la tête vers elle dans un craquement en souriant plus encore. Ses yeux se plissèrent légèrement avant qu’il ne réponde.
— Croyez-le ou non, il ne s’agit pour moi que de divertissement ! Après tout, je suis un Saigneur, mon influence pourrait vous servir…
Cain eut l’impression de se prendre une gifle dans la figure ! Il avait beau n’être en Enfer que depuis trois ans, il savait très bien de quoi il s’agissait. Les Saigneurs, dont le terme était la variation sanglante du mot « seigneur », étaient les démons et démones les plus connus dans les Enfers. Chacun occupait un vaste territoire et étendait son pouvoir par des commerces divers, tous plus louches les uns que les autres. Ils avaient apparemment beaucoup de démons à leur botte, ce qui expliquait leur puissance. La seule personne qui était au-dessus d’eux était le Roi qui, d’après les rumeurs, était plutôt transparent.
— C-c’est un Saigneur ?! s’écria le blond en se tournant vers ses deux camarades. C’est quoi ce bordel ?! Pourquoi vous me l’avez pas dit ?! Vous voulez ma MORT ?!
Les deux jeunes femmes échangèrent un soupir désespéré, alors qu’Oscar se frappait la tête contre le mur.
— Mec, souffla Cléo en se pinçant le haut du nez. On t’a dit qu’il était genre..ultra puissant et qu’il avait évincé d’autres démons très connus, qu’il fallait le fuir comme l’herpès…
— On dit « fuir comme la peste », corrigea Tara avec une grimace.
— M’en fous ! répliqua la seconde avec impatience. En gros, c’était un peu évident qu’un type comme lui était devenu Saigneur, non ?
— Tu le fais exprès ou quoi ? hurla Cain en s’arrachant presque les cheveux, paniqué. J’te rappelle que je suis un bébé démon ! Comment tu veux que je le sache ?! J’pige que dalle à la politique satanique, moi !
— Raison de plus pour ne pas se fier à lui, reprit sa meilleure amie en croisant les bras. Il serait capable de nous entraîner dans ses merdes avec ses collègues surpuissants !
— Voilà qui est amusant ! se moqua Samaël en joignant ses mains dans son dos. Sachez, très chère, que je peux me dépatouiller seul en ce qui concerne mes obligations sociales ! Je vous propose de mettre mon statut et mes capacités au service de votre projet, ce qui me garantira mon lot de distraction pour encore un moment. Vous n’avez rien à perdre !
— Écoute pas ce malade, souffla Tara à son ami. On trouvera notre propre moyen d’y arriver.
— Ouais, ça vaut pas le coup, renchérit Cléo. Venez, on rentre et on va ronfler ! J’ai du boulot demain, moi !
Les deux démones tournèrent les talons pour partir, le prenant par la manche, mais Cain ne bougea pas d’un millimètre.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda la jeune femme avec impatience. Me dis pas que tu vas te laisser avoir par ses belles paroles !
Le blond redressa la tête pour regarder Samaël. Ce dernier le fixait en retour, toujours en souriant. Il ne donnait pas l’impression qu’il allait essayer de les retenir, mais il n’avait pas envie de partir.
— Mauvaise idée ! lança Cléo, comme si elle avait lu dans ses pensées.
— C’est le premier démon qui veut bien nous aider ! répliqua Cain avec conviction. Ça fait un an que je suis sur ce projet, que tout le monde s’en fout ! Maintenant que quelqu’un s’y intéresse, j’ai pas envie de laisser filer l’occasion si facilement.
— Il ne va pas t’aider, il va foutre le bordel, argumenta la démone aux cheveux noirs.
— Et alors ? Toi aussi, tu te fiches de mon idée ! gronda son camarade. Tu es avec nous seulement parce qu’on vit ensemble sans se battre, mais au fond, tu trouves mon plan ridicule aussi !
— Cain, arrête ! intervint Tara avec fermeté alors que Cléo s’éloignait à pas furieux. OK, t’es en colère, mais t’en prends pas à elle ! Tu as parlé quelques minutes avec ce connard, et on est déjà en train de se disputer ! Ce salopard est juste là pour mettre le chaos !
— Je sais que c’est un salaud ! rétorqua son ami, avant de se rappeler que l’intéressé était juste à côté d’eux. Enfin, je veux dire, tous les démons sont en Enfer pour une bonne raison, non ? Quitte à devoir m’allier avec l’un d’eux, autant que ce soit avec celui qui veut nous aider et qui en a le pouvoir… Je peux m’en sortir, t’en fais pas.
— Tu disais que tu étais un bébé démon IL Y A MÊME PAS DEUX MINUTES ! lui rappela la jeune femme d’un air sceptique
— J’ai paniqué, oublie ! soupira Cain en passant une main dans sa nuque. S’il te plaît, laisse-moi faire…
Tara plongea ses yeux gris dans ses iris bleus, avant de simplement hocher la tête en signe d’abandon.
— J’espère que tu sais dans quoi tu t’embarques, conclut-elle avant de rattraper Cléo qui tournait à l'angle de la rue.
Le blond se tourna vers Samaël, qui n’avait pas bougé ni dit un mot. Il avait encore son sourire, admirant le bout argenté de ses gants d’un air fasciné. Ce type avait sans doute une idée en tête, il ne faisait sans doute pas ça par pure envie de s’amuser.
— Vous êtes… bizarre, commença Cain, mal à l’aise. J’dirais même un peu tordu… mais j’accepte votre aide. Par contre, je voudrais que ce soit clair : je ne veux pas de pacte ou de magouilles, c’est compris ?
— C’est limpide, répondit le démon renard avec satisfaction. Ce partenariat va provoquer de grands changements en ce bas monde ! Oscar, aurais-tu l’intention de partir comme un voleur ?
Le barman avait amorcé un demi-tour et n’avait pu faire que quelques pas avant de se faire remarquer. Il poussa un soupir et jeta un rapide regard meurtrier par-dessus son épaule.
— Je ne prends pas la fuite, enfoiré, je retourne bosser ! répliqua-t-il avec froideur. Tout le monde n’a pas le loisir de se la couler douce comme toi !
— Quel dommage, ricana son interlocuteur avec un rictus sardonique. Ton lieu de travail a accidentellement été détruit il y a quelques minutes, je crains que ta présence là-bas ne soit plus d’une grande utilité !
— Va te faire foutre ! cracha Oscar en levant son majeur dans sa direction avant de reprendre sa route.
Samaël sembla se transformer en un nuage de fumée noire qui rampa sur le sol et, comme lorsqu’il était apparu à côté de Cain, il surgit juste devant le malpoli. Il passa son bras autour de son cou et le rapprocha de lui, collant leurs visages. Si le rouquin souriait de toutes ses dents, le second affichait une grimace entre l’agacement et le dégoût.
— Ne t’en fais pas, mon ami, s’enthousiasma le Saigneur avec un gloussement. Étant donné que cet incident est ma responsabilité, je me ferai un plaisir de t’offrir un travail chez moi !
— Tu te fous de ma gueule ?! se vexa Oscar en parvenant difficilement à se décoller de lui pour le fixer dans les yeux. Tu penses vraiment que je vais accepter une proposition aussi pourrie ?
Samaël le regarda également, un sourire presque innocent sur les lèvres.
— Probablement, répondit-il avec une confiance insolente.
— Ouais ben tu peux toujours courir, j’marche pas dans tes combines, grimaça le barman en s’éloignant. Salut et sois pas pressé de me revoir !
— Voilà qui est contrariant, soupira le rouquin d’un air pas contrarié du tout. Ce coin des Enfers est plutôt réputé pour son excellente cuisine italienne…
Le démon aux cheveux noirs s’arrêta net avant de plaquer une main sur son front et de la laisser glisser tout le long de son visage. Il se retourna brusquement, sourcils froncés.
— Tu crois que tu peux me convaincre avec de la bouffe ? Ben t’as raison.
Oscar croisa les bras en s’adossant contre le mur, l’air toujours ronchon. Au même moment, Tara revenait avec Cléo, qu’elle semblait avoir réussi à calmer.
— Bien, maintenant que nous allons être amenés à travailler ensemble, reprit Samaël en se tournant vers Cain, je vous suggère de vous installer chez moi. Nous y serons tranquilles et cela nous épargnera les désagréments des déplacements répétés.
— Quoi ? s’étrangla Tara avec des yeux ronds comme des soucoupes.
— Rassurez-vous, ma demeure est bien assez grande pour tous vous y accueillir, et il y a tout le confort dont vous aurez besoin ! Chambres, sanitaires, salon, et sans me vanter, je ne suis pas mauvais cuisinier !
— On va pas emménager chez un Saigneur ! protesta la démone. C’est vraim…
— NAN ! l’interrompit Cléo d’un ton presque hystérique en plaquant un index sur ses lèvres. Stop ! Tais-toi ! On peut enfin quitter cet appart-épave ! Saigneur ou pas, on y va !
— Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ? demanda Cain d’une voix peu rassurée. On ne voudrait pas déranger.
— Que nenni, l’ami ! garantit le rouquin d’un ton enjoué en se mettant en marche pour quitter la ruelle et rejoindre la route principale. Je n’ai pas pour habitude d’amener des gens chez moi, nous serons seuls.
Le petit groupe le suivit silencieusement sur plusieurs centaines de mètres, avant que Cain accélère un peu pour marcher à côté du démon renard.
— Merci, déclara-t-il, un peu gêné, vous n’étiez pas…
— Voyons, nous sommes partenaires de travail à présent, je pense que nous pouvons nous tutoyer.
— Euh, je sais pas si je vais réussir à tutoyer un Saigneur… vous êtes quelqu’un de beaucoup plus influent que moi.
— Certes, je comprends, répondit Samaël d’un ton léger en haussant les épaules. Les rumeurs sur les Saigneurs en font des êtres sanguinaires sur le papier. Cependant, je vous rassure, je ne compte pas tuer quelqu’un pour un simple changement de pronom ! Ne vous en faites donc pas pour votre sécurité, je n’en ai pas absolument pas après votre vie ou celle de vos amis. Avec vous, l’avenir des Enfers s’annonce des plus passionnants !
Dessin original d'Elysio Anemo