La signature apposée ce 8 janvier par Geneviève André-Acquier, exécutrice testamentaire de Geneviève Bonnefoi, et Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, est l’aboutissement d’un processus de plus d’un demi-siècle. En acceptant ce legs, le Centre des monuments nationaux donne le coup d’envoi d’un projet qui va faire naître, dans le cadre enchanteur d’une abbaye cistercienne, à Beaulieu-sur-Rouergue, entre Montauban et Villefranche-de-Rouergue, un musée d’art moderne et contemporain.
Un couple passionné
À l’horizon 2022, sur environ 1000 m2, dans 19 salles du logis abbatial (bâti aux XVIIe et XVIIIe siècles), c’est-à-dire les salons, le réfectoire et les cellules, on pourra voir par roulement une partie du millier d’œuvres données. Celles-ci comprennent des artistes que l’on a commodément réunis sous le nom d’École de Paris (Poliakoff, Hantaï, Vieira da Silva, etc.) et d’autres, inclassables, comme Fred Deux, Frédéric Benrath ou Claude Viseux. C’est cependant l’ensemble qui, comme dans le cas de la Donation Cligman à Fontevraud (sur laquelle nous reviendrons dès son ouverture), fait sens. Il traduit en effet les goûts d’un couple de collectionneurs qui a suivi pendant un demi-siècle l’art en train de se faire dans le Paris de l’après-guerre. La personnalité motrice est Geneviève Bonnefoi, décédée en 2018 à l’âge de 97 ans, journaliste et critique d’art (à Combat, France-Observateur, aux Lettres nouvelles de Maurice Nadeau ou chez nos confrères de Connaissance des Arts), secondée par son mari, Pierre Brache, décédé en 1999, administrateur d’entreprises comme Fauchon ou la Tour d’argent, qui sera à la fin de sa vie secrétaire général de la société des amis du musée national d’Art moderne.