6. Manger Mieux, C'est Cher !
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6. Manger Mieux, C'est Cher !
Ma Vie Sans Sucres Ajoutés - Chronique d’une renaissance psychique et physique
C’est une remarque qu’on me fait régulièrement, notamment quand j’évoque les produits bio, non-pasteurisés, les fruits et les légumes cultivés dans le respect du sol, cueillis à maturité : « Oui mais c’est cher ! »
Préoccupation légitime dans le contexte économique biaisé que nous connaissons ? Et si je te dis que c’est juste une idée fausse qui a la vie dure ?
Oh, elle arrange bien les marchands de malbouffe et ces coquinous d’industriels qui aiment les profits bien plus qu’ils ne t’aiment. Ce sont même eux qui ont savamment insufflé et entretenu ce mythe dans la conscience collective, à grands renforts de propagande marketing.
En réalité, manger sainement est à la portée de toutes les bourses. Le véritable effort pour retrouver une alimentation en adéquation avec les besoins de ton corps n’est pas financier. Manger mieux, c’est aussi penser différemment ton panier et la manière de le remplir. C’est d’abord un mode de vie.
Abandonnons les produits industriels
L'industrie agro-alimentaire et ses distributeurs sont toujours prêts à te faciliter la vie avec des produits faciles et rapides à mettre dans ton assiette. Tout ce que tu es susceptible d’acheter est réuni au même endroit, dans des temples de la surconsommation, toujours pour te simplifier la vie. Les emballages et les publicités sont-là pour t’aider à faire le bon choix. Et en plus de te remplir le ventre (sans toutefois te nourrir véritablement), tous leurs merveilleux produits te permettent de garder le contact avec ton médecin. Tu l’aimes bien ton médecin ?
A l’inverse, nous avons déjà vu tout l’intérêt de retrouver la densité micronutritionnelle de notre alimentation.(1) Et pour cela, le principe roi est de manger de vrais aliments. Ou autrement dit, de bannir les produits industriels de nos assiettes et nos placards. Vraiment.
Je ne voudrais pas fâcher quelqu’un de puissant. Mais il faut savoir dire NON à la merde en barquette !
Justement, une alimentation saine est plus abordable que les produits de l’industrie agroalimentaire.
Permet-moi d’illustrer ce fait avec l’exemple de deux familles bordelaises interviewées par la journaliste Priska Ducœurjoly en 2008 pour le journal Sud Ouest.(2)
Première famille, un jeune couple avec un enfant en bas âge. Le frigo déborde de produits de grandes marques achetés au supermarché (desserts lactés élaborés, charcuterie sous plastique, boissons sucrées, produits allégés, etc…) A l’époque, ils dépensent près de 500 euros tous les mois pour se “nourrir”.
Seconde famille, un couple avec deux enfants qui s’alimente en produits frais, sains et naturels pour 200 à 250 euros par mois. A peine la moitié du budget !
Mais comment font-ils ?
En dehors d’un petit stock d’épicerie sèche et des quelques conserves, ils font le marché et cuisinent eux-même des aliments de saison achetés aux petits producteurs locaux. Pas nécessairement bio, mais frais, sains et naturels.
Pas un seul produit ultratransformé, ni dans le frigo, ni dans les placards. Ce qui fait autant d’emballages dont leur portefeuille et la planète n’ont pas à supporter le coût !
Le café en capsule est aussi indispensable que la compote en gourde, le jambon sous blister, ou encore le Coca-Cola zéro. Cela dit il existe une quantité ahurissante d'individus qui en sont friands !!!
Claude Boiocchi sur LinkedIn
Bio, c’est plus cher au kilo !
Pour être franc, il n’y pas que les produits ultratransformés qui participent à la maltraitance alimentaire. C’est pour ça que privilégier le bio quand c’est possible revêt un certain intérêt. Même si ce n’est pas encore idéal.
Alors le consommateur lambda pousse son caddie jusqu’au rayon bio et constate des prix au kilo plus élevés. Plusieurs explications à cela.
L’auteur Didier Helmstetter met le doigt sur l’utilisation de pesticides naturels, plus chers, parfois utilisés en plus grande quantité contre tout bon sens.(3) Mais ça ne fait pas tout.
L’écart entre les subventions est certainement le premier responsable de la différence de prix entre produits issus de l’agriculture biologique et ceux issus de l’agriculture conventionnelle. En moyenne, 35% d’aides en moins pour l’agriculteur bio. Un déséquilibre qui inverse carrément le rapport en terme de prix et de rentabilité.(4) C’est que certains semblent considérer notre assiette comme un débouché pour les sous-produits de leurs activités industrielles et (pétro)chimiques. Et ils ont l’air d’avoir une influence prépondérante sur certaines politiques.
Il y a peut-être aussi autre chose. Parce que quand le consommateur quitte les temples de la surconsommation et se rend au marché, la différence de prix semble quand-même moins évidente. C’est ce que j’appelle le Syndrome du Petit Beurre Bio.
Le vrai prix des bonnes choses n’est pas chez LIDL. Il est au marché.
Le Syndrome du Petit Beurre Bio ?
Le Syndrome du Petit Beurre Bio pourrait se résumer ainsi : à recette équivalente, un prix très fortement supérieur sans logique apparente.
Il faut dire une chose. Les industriels ont vite compris que les personnes soucieuses de leur santé sont généralement prêtes à dépenser à peu plus pour manger mieux. Et il y aura toujours des consommateurs pour tomber dans tous les pièges qu’on leur tend, poussés par les effets de mode. Ici, c’est l’effet de mode du tout bio.
L’exemple de Petit Beurre est vraiment révélateur de la façon dont nous pouvons nous faire piéger par l’effet de mode du tout bio.
En France, le Véritable Petit Beurre Lu est un biscuit emblématique(5), notamment par sa forme très caractéristique mais aussi parce qu’il a survécu à la concurrence de ses nombreuses copies depuis 1886. Plus de 130 ans d’existence au cours de laquelle sa recette n’a quasiment pas évolué, malgré des rachats successifs par des géants de la malbouffe.
Comparons la liste des ingrédients du Véritable Petit Beurre LU avec celle du Petit Beurre bio Bonneterre, une marque bio plutôt correcte. Je précise que je n’ai pas choisi la marque Bonneterre pour sa similitude particulière de recette mais parce que c’était le premier paquet qui me tombait sous la main.
Ingrédients Petit Beurre LU : | Ingrédients Petit Beurre Bio Bonneterre : |
|
* Issus de l’agriculture biologique. |
C’est le fabricant qui insiste sur les mots BLÉ, BEURRE et LAIT par l’emploi de lettres capitales, ndlr. (a) comprendre glutamate monosodique |
(a) comprendre glutamate monosodique |
A part certains ingrédients un peu plus chers pour la version bio, nous avons sensiblement la même composition. Mais pas du tout le même prix. Au 1er octobre 2022, tu comptait +/- 5 €/kg pour le Petit Beurre LU, selon que tu l’achetais à Paris ou en Province. Le Petit Beurre Bio était quand à lui vendu entre 16 et 20 €/kg, ce qui n’en fait pas la marque bio la plus chère. Entre ces deux fourchettes, tu trouvais aussi le même produit en marque distributeur bio à +/- 7 €/kg.(6)
Pour d’autres produits d’épicerie “sucrée” ou les plat cuisinés en barquettes, l’écart de prix se creuse encore plus.
Pourquoi ?
Parce que tout simplement, on fait ce qu’on veut avec les prix. Y compris entretenir le mythe du bio réservé à une classe sociale supérieure.
S’organiser pour faire son marché
Il existe deux endroits privilégiés pour s’approvisionner en produits frais, sains, locaux et de saison. Directement chez les petits producteurs locaux qui sont en principe éparpillés et sur les marchés dits “agricoles”, “paysans” ou “de producteurs” où ils se regroupent à jours et heures fixes.
Seulement, notre rythme moderne n’est plus celui de nos grands-parents. Et nous avons trop facilement pris l’habitude de faire nos courses au centre commercial sans se tenir à un rendez-vous précis. Chez certains, c’est l’excuse pour rester cantonnés au schéma de tout acheter en grande distribution, au détriment de leur santé et de celle de leur famille.
Une alimentation optimale est la médecine de demain. (Linus Pauling, Prix Nobel de chimie 1954 et de la paix 1962)
C’est vrai, faire son marché demande un effort pour s’organiser. Mais une fois que l’organisation est faite, cela devient naturel. Au point que se replonger dans la cohue grouillante d'un centre commercial dont les rayons débordent de produits nocifs vendus à prix d’or peut devenir insupportable. C’est la même chose quand tu es sevré de la télé et que tu vas dans un endroit où elle est branchée en permanence sur des émissions d’une effroyable médiocrité.
Je fréquente principalement le marché agricole de Velleron (Vaucluse), à quelques minutes de chez moi. Eté comme hiver, j’y trouve des produits sains, à des prix raisonnables, dans un cadre serein. L’hiver, il se tient trois fois par semaine. L’été, c’est tous les jours, sauf le dimanche. (D’ailleurs, étant Mosellan d’origine, je trouve proprement scandaleux cette manie d’autoriser les grandes surfaces à ouvrir le dimanche. Dans ma culture, ce n'est pas juste interdit : c’est la honte absolue.)
Alors oui, l’hiver il fait froid, même en Provence. C’était notamment le cas en ce samedi 10 décembre 2022 où le vent soufflait fort, mordant le moindre centimètre de peau qui n’était pas couvert. Le ressenti était clairement négatif bien que sous abris le thermomètre affichait 3 degrés. Peu importe. La plupart des producteurs étaient au rendez-vous et moi aussi. Je ne me suis juste pas attardé et eux ont commencé à remballer plus tôt.
C’est vrai, le contenu de mon panier, je l’aurais trouvé dans un supermarché légèrement chauffé. Juste plus loin, plus cher et moins bien.
Faisons preuve d’audace et d’initiative : les achats groupés
Tu as déjà pensé à explorer la voie des achats groupés ?
Il existe un certain nombre d’initiatives dont l’objectif affiché est de permettre à un maximum de participants d’accéder à de meilleurs produits dans des conditions tarifaires raisonnables.
J’ai notamment retenu Fruitstock(7) pour les produits "tropicaux" de chez Rufino(8), une figure du manger mieux dont les plantations se situent à Salobreña, près de Malaga en Espagne. Certes, l’Andalousie ça fait plutôt local étendu par rapport au Vaucluse, mais je suis friand de bananes et d’avocats. Et justement chez Rufino, ils ne sont pas seulement bio ou de culture naturelle, ils sont mûris sur pied. Ça fait toute la différence en terme de goût pour commencer. Mais aussi en terme de qualité nutritionnelle et de vitamines.
Et c’est ça qui compte pour moi.
Je connaissais déjà les avocats et les mangues de chez Ruffino grâce aux opérations cagettes de 5kg organisées par Eric Viard de Biovie(9). J'ai découvert toute la richesse de son catalogue grâce à Alexandre Fraize et son projet Fruitstock.
Evidemment, sur internet tu vas tomber sur des sites qui affichent les mêmes cagettes de 5kg au double du prix... D'où l'intérêt de savoir à qui faire confiance pour s'approvisionner.
Pourquoi se contenter d’attendre qu’une initiative se créé ? Pourquoi ne pas créer la tienne ?
Il est assez facile de créer ton propre réseau à l’échelle de ton quartier, de ton cercle d’amis, de tes relations de travail, etc… Et chacun aura probablement un bon plan à proposer. C’est comme ça par exemple que nous avons obtenus à l’été 2022 d’excellentes cerises, sans pesticides, négociées à 3€ le kilo.
C’est aussi comme ça, que j’ai obtenu -15% sur de l’huile d’olive auprès d’Emile Noël. L’huilerie établie à Pont-Saint-Esprit (Gard) propose des huiles bio élaborées à partir de ses propres oliveraies tunisiennes (douce) et espagnoles (fruité et fruité mûr). Et les participants ont évité les frais de port, puisque mon bureau se situe à quelques rues de leur magasin d’usine.
Juste un peu d’audace et d’esprit d’initiative.
Sur la route du vrac
Le vrac est une solution intéressante en terme de budget, quoi qu’en disent certaines voix à la mauvaise foi évidente.
Prenons simplement l’exemple des prix que j’ai relevé chez Emile Noël lorsque j’ai organisé l’achat groupé d’huile d’olive en novembre 2022. Et attardons-nous sur deux produits phares de la marque.
L’huile d’olive vierge extra douce bio en bidon de 5 litres était affichée à 11,30€ le litre. En vrac, elle était affichée à 8,79 € le litre.
Le vinaigre de cidre bio non pasteurisé élaboré à partir de pommes entières(10) en bouteille de 0,5 litres était affiché à 8 € le litre. En vrac, il était affiché à 4,79 € le litre.
Nous pourrions multiplier les exemples pour d’autres marques dans d’autres magasins. Parce qu’il faut bien comprendre que les jolis emballages colorés et leur manutention, tu les paies quand tu passes à la caisse.
Le vrac est une excellente solution pour bon nombre de produits : graines, oléagineux, légumineuses, riz, pâtes alimentaires, huile d'olive, vinaigre, etc…
Il semblerait pourtant que certains consommateurs se plaignent du manque d’informations habituellement présentes sur les emballages : données nutritionnelles, conseils d'utilisation ou dates de péremption. Si tu as besoin d’un Nutri-Scrore ou d’une date de péremption pour ton huile d’olive ou tes lentilles sèches, c’est que tu ne te poses pas les bonnes questions !
Le vrac peut aussi te permettre d’avoir à sortir moins souvent pour les achats de denrées non périssables. En achetant par exemple ton huile d’olive en cubis de 10 litres (ceux-là même utilisés pour la vente en vrac) et ton riz en sacs de 25 kg, tu profites en général d'un prix de gros, tu organises ton stock dans ton garde-manger, tu optimises ton temps et tes déplacements. Certaines personnes achètent même leur blé en sacs de 25 ou 50 kg et font leur propre farine pour faire leur propre pain. Et crois moi, c'est une formule gagnante si tu as beaucoup de bouches à nourrir.(11)
Et si tu faisais tes propres cultures ?
Pour manger mieux et surtout manger en adéquation avec nos besoins physiologiques, nous avons un réel intérêt à bannir engrais et pesticides. Ce qui est bien évidemment incompatible avec les profits des industriels. Mais qu’est-ce qui compte vraiment pour toi ?
Faire nos propres cultures demande du temps et des efforts, même avec le moins d’intervention humaine possible. Mais ça te permet d’avoir la maîtrise au moins sur cette question des engrais et des pesticides. Certes, tu restes sujet à la façon dont ton prédécesseur a pollué le terrain et aux métaux lourds qui tombent du ciel, comme si il y étaient arrivés par leurs propres moyens…(12) Mais ça, il y a des possibilités pour le gérer au pire.
Ça demande aussi des connaissances. Et quand tu les cherches, il est presque inévitable que tu tombes sur des conseils qui relèvent d’un effet de mode plutôt que sur des conseils qui vont dans le sens de limiter l’intervention humaine. L’essentiel reste de produire le plus sainement possible en préservant son plaisir de le faire. Et pour ça, on peut dire que tu as le choix.
Pour ma part, je ne jardine pas par passion. Mais par la volonté de reprendre le pouvoir sur mon assiette. Du coup, je suis particulièrement séduis par la culture basé sur le “non-faire” : pas de labour, pas de bêchage, pas de sarclage, pas d’engrais chimiques ni de pesticides. On y limite même l’arrosage pour ne pas rendre la plante fainéante et fragile. Après tout, pourquoi mettre la nature sous perfusion juste après l’avoir ravagée ?
L'ameublissement et l'aération du sol sont des tâches que je laisse à ma taupe et à mes vers de terres. Et je peux te dire qu'ils font très bien le boulot. Pourquoi j'irais me fatiguer à défaire ce qu'ils ont fait pour faire moins bien et être embêté par les adventices dormants que j'aurais bêtement ramené à la surface ?
Dans cette démarche particulière, il y a deux ouvrages qui me semblent fondamentaux :
- La Révolution d’un Seul Brin de Paille par Manasobu Fukuoka (Ed. Rodale Press : Emmaus, 1978 / Guy Trédaniel Editeur pour la traduction française, 2005)
- Le Potager du Paresseux par Didier Helmstetter (Tana Editions, 2019)
Mais au-delà des techniques que nous pouvons mettre en œuvre, ce qui nous intéresse plus particulièrement ici c’est l’aspect économique de ces cultures. Car cultiver, c’est comme se donner une augmentation de salaire.(13) Et j’ai bien envie de dire que c’est une motivation qui en vaut bien une autre.
La culture potagère, ça peut aussi être l’échange : échange de graines ou échange de production.
Et si je ne suis pas passionné par le jardinage en lui-même, je me passionne véritablement à acquérir de nouvelles connaissances sur les rouages de cet écosystème et à y observer la biodiversité littéralement foisonnante. Et je suis toujours enthousiaste de découvrir les résultats de cultures que certains présentent comme difficiles, alors qu’en fait, elles ne le sont pas tant que ça. Je suis particulièrement fier de mon curcuma (ci-contre).
Tu n'as pas de terrain à ta disposition ? Aucun problème. Il existe des tas de solutions pour faire pousser quelques légumes et aromates sainement sur un balcon ou un bord de fenêtre. Ce n'est qu'une question de volonté.
Pratiquer la cueillette et le glanage ?
La perspective de nourriture gratuite pourrait séduire. Après tout, cet article explore l’aspect financier du manger mieux, non ?
Ceci dit, je me suis intéressé aux plantes sauvages comestibles et à la cueillette pour leur richesse nutritionnelle et une question de résilience. Seulement, il faut être conscient que sans formation, tu peux confondre certaines plantes comestibles avec certaines plantes toxiques, comme pour les champignons. Et là se contenter d’un bouquin, même très bon, me paraît un peu hasardeux.
Or, les formations sérieuses coûtent un certain prix qu’il ne faut pas espérer rentabiliser à court terme en pratiquant la cueillette occasionnellement.
La référence en matière de formation reste François Couplan.(14)
L’autre difficulté est de connaître les coins à cueillettes. Comme les coins à champignons, on ne les indique pas avec de grands panneaux fléchés. Et c’est tant mieux. Ça évite de voir des indélicats tout ravager par méconnaissance d’une règle simple : en laissait assez pour permettre aux plantes de se renouveler et pouvoir en retrouver au même endroit la prochaine fois.
Le glanage quand à lui ne requiert pas de connaissances bien poussées puisqu’il est question de récupérer les restes non-ramassés de cultures destinées à l’alimentation.
Jusqu’à notre époque moderne, le glanage permettait aux plus modestes de survivre. Et dans certaines sociétés, il était normal, encouragé, voire obligatoire de ne pas moissonner en bordure de son champs pour laisser de quoi glaner à ceux qui en avaient besoin ou qui le désiraient. De nos jours, il est toujours possible de glaner les végétaux non ramassés. A part essuyer un refus et passer pour un loufoque, ça ne coûte rien de demander l’autorisation au propriétaire des cultures.
Oui, dans les deux cas, il faut demander l’autorisation. Car tout terrain appartient à quelqu’un de nos jours. Et celui qui cueille et ou qui glane sans autorisation peut faire l’objet de poursuites pour vol. D’où l’intérêt de te renseigner avant de te lancer.
Manger moins pour manger mieux
Manger moins pour manger mieux est un concept que nous avons déjà évoqué dans le cadre du repos digestif.(15) C’est aussi un levier pour dépenser moins, à condition de ne pas gaspiller plus en parallèle. Tu as l’impression que j’enfonce des portes ouvertes ?
Manger moins ne devrait pas être un choix imposé par notre situation économique. Car chaque être humain a droit à une alimentation saine et vertueuse. Il s’agit avant toute autre considération de répondre à un besoin primaire vital : se nourrir. Manger moins est un choix qui ne devrait être dicté que par l’intérêt que nous portons à notre santé.
A ce propos, que peut nous apprendre l’injuste déséquilibre entre ceux qui ne parviennent pas à subvenir à leur besoins et ceux qui sont malades de trop manger ? J’y vois le reflet, à l’échelle de notre société, de l’injuste déséquilibre entre les carences nutritionnelles et les quantités excessives liées à l’alimentation moderne appauvrie. Un injuste déséquilibre imposé par les profits d’une industrie qui n’a finalement pas grand chose à voir avec l’alimentation.
Même si elle a ses limites, je défends l'idée qu'en parvenant à l'équilibre, ton organisme t'incitera de lui-même à réduire les quantités. Il faut juste lui donner un coup de pouce au départ et accepter que ça prenne plus ou moins de temps. Bien sûr, ça fonctionne d’autant mieux que tu abandonnes d’autant plus vite une alimentation qui remplit au profit d'une alimentation qui nourrit.
Parvenir à manger moins ne se fait pas en un claquement de doigts. Moi qui était un très gros mangeur je peux en témoigner. Malgré tout, certains considèrent que j'ai encore le coup de fourchette facile et que je ne me laisse pas abattre.
Parce qu'il y a une autre vérité : nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Nous n'avons pas tous le même terrain, qui évolue dans le temps. Nous ne partons pas non plus tous du même point. J'ai d'ailleurs en tête des cas plus spectaculaires que le mien car ils partaient tout simplement de plus loin. Comme Dominique Guyaux qui a guéri d'une sclérose en plaque en changeant radicalement son alimentation.(16) Par contre, dès qu'il fait un écart, il le paie cher.
Dans l’idée de manger moins, il me semble incontournable d’évoquer le jeûne, ou privation volontaire de nourriture. Il existe différent types de jeûne qui présentent leurs avantages en terme de santé et permettent d’adapter la pratique à tous les profils. Mais que vient faire le jeûne dans l’aspect économique ?
Thierry Casasnovas qui parle très bien du jeûne et de ses bienfaits m’a fait réfléchir sur un point particulier : Les économies que tu fais en jeûnant peuvent te permettre d’acheter une nourriture de meilleure qualité. Cela fait-il sens pour toi ?
Moins de viande et de produits laitiers ?
Par effet de levier, privilégier la consommation de fruits et légumes frais entraîne une réduction de ta consommation de viande et de produits laitiers. Justement, ce sont deux postes qui pèsent dans un panier.
Pour moi, la viande c’est comme le vin. J’aime vraiment ça. Et je préfère m’en passer que d’ingérer plusieurs fois par jours des produits de qualité douteuse qui ne seront pas du meilleur effet sur ma santé. Je préfère manger sans excès de l’excellente viande, élevée dans de bonnes conditions, pour me faire réellement plaisir. Au final, cela revient moins cher que de manger tous les jours de la viande issue de “fermes industrielles”, bourrée de produits toxiques et d’antibiotiques.
J’insiste sur ce point : Si l’animal est élevé dans de bonnes conditions, sa chair est riche en micro-nutriments particulièrement biodisponibles. Et dans les matières grasses animales sont présentes beaucoup de vitamines liposolubles. Par contre un animal souffrant de maltraitance alimentaire et conditions d’élevage déplorables te communiquera sa souffrance, son stress, par les toxiques et les toxines qui auront remplacé les éléments nutritifs normalement présents dans ses muscles et ses organes.
Evidemment, ta capacité à te passer de viande dépend de la capacité de ton organisme à trouver suffisamment des substance minérales, micro-nutritionnelles, protéiques et de sources en acides gras dans les produits végétaux que tu vas consommer. C’est plus facile pour certains que pour d’autres. Un organisme fatigué supportera moins bien de se passer de viande. Comme pour tout ce qui touche à la santé, on ne peut pas ici tirer de dogme indiscutable à appliquer religieusement à tous.
Quand au peu de produits laitiers que je consomme, principalement du beurre, je refuse qu'ils soient élaborés à partir de lait pasteurisé. J’estime que c’est une autre atteinte inacceptable à la qualité de notre alimentation. En tant que consommateur, la pasteurisation(17) ne t'apporte rien. Elle ne fait que détruire toute vie microbienne pourtant utile à la digestibilité du produit, détruire son contenu enzymatique et altérer fortement son contenu micro-nutritionnel. Et elle n’y laisse que des résidus cancérigènes. Ce sont uniquement les industriels et leurs distributeurs qui ont besoin de cette “débactérisation thermocontrôlée”. Il leur serait bien plus difficile de spéculer avec une denrée rapidement périssable.
Dis adieu au gaspillage !
Acheter. Ne pas manger. Jeter.
N’importe qui conviendra que c’est complètement idiot. Mais dans les faits…
Dans les faits, je me suis documenté pour ne pas me contenter de t’assener le traditionnel : « Le gaspillage coûte cher. »
Tu sais que le gaspillage coûte cher. Je le sais. Nous le savons tous à part les enfants de 5 ans et moins qui auront bien le temps de l’apprendre. Mais à quel point en avons-nous conscience ?
Une étude publiée par l’ADEM en mai 2016(18) a tenté d’y répondre : Dans les faits, les français gaspillent 29 kilos de nourriture par personne et par an à la maison, dont 7 kilos de nourriture encore emballée. Soit l’équivalent d’un repas par semaine. 52 repas dans l’année, multiplié par le nombre de bouches à nourrir de ton foyer, tu chiffres ça combien en euros ?
Tu te mets simplement sous les fenêtres de ceux qui jettent leur argent par celles-ci et tu trouves largement le budget pour manger mieux, ou changer de smartphone, selon tes priorités.
Nous vivons dans une société qui a érigé le gaspillage en mode de fonctionnement économique. On produit à l’échelle industrielle des biens et des produits alimentaires qui ne sont pas vendus et qui sont ensuite laissés à l’abandon (voitures neuves invendues), destinés au pilon (livres et biens de consommation neufs invendus) ou jetés aux ordures (produits alimentaires invendus). Nous confions nos enfants dans des cantines scolaires payantes qui leur imposent le gaspillage comme la norme. Et quand ces mêmes enfants sont à la maison, certains d’entre-nous acceptent même qu’ils jettent de la nourriture parce qu’ils “n’en veulent plus”, puis au cours du même repas, qu’ils mangent un peu d’autre choses qu’ils vont gaspiller de la même manière.
L’une des principale cause de gaspillage est le maintien dans l’ignorance. On jette par crainte hygiéniste du développement de bactéries, le plus souvent dans le doute. On jette parce qu’on respecte des dates “de péremption” indiquées sur les emballages. On jette parce qu’on ne connait pas le travail que représente la confection d’un plat ou d’un dessert. On jette parce qu’on ne mesure par le poste de dépense que notre gaspillage représente.
On jette par réflexe déshumanisé et déshumanisant. On jette au détriment de son pouvoir d’achat.
Je le répète encore une fois pour que tu t’en souviennes : Jeter coûte cher !
Peut-être que le zéro gaspillage est une illusion. Mais il faut peu d’effort pour y tendre. Le plus dur est parfois de savoir par où commencer.
La base, c’est de diminuer nos achats et de revisiter nos habitudes. Parce que si on jette un lot de carottes qui a entièrement pourris, c’est qu’on n’a pas correctement évalué nos besoins de consommation et notre capacité de conservation. Moi aussi, ça m’arrive. Je ne suis pas infaillible.
Dans le cadre des produits frais, avoir les yeux plus gros que le ventre peut vraiment revenir cher. D’ailleurs selon l’ADEME, les produits les plus gaspillés sont les légumes (31% des pertes), les liquides (24% des pertes) et les fruits (19% des pertes).(19)
Jeter 20 ou 30 kilos de nourriture par an revient à jeter l’équivalent d’un repas par semaine.
Le vrac est aussi un moyen pour faire moins de gaspillage. Toujours selon la même étude, le riz, les pâtes et les céréales représentent le quatrième poste de gaspillage (12% des pertes) chez les ménages observés. Sont principalement en cause le conditionnement des portions inadaptés et les fameuses dates “de péremption”.
Disposer de ton épicerie sèche en vrac te libère de l’influence néfaste des conditionnements industriels. C’est toi qui détermines la portion que tu prélèves dans ton contenant de conservation en fonction de l’appétit des membres de ta maisonnée. Exit aussi la mauvaise décision prise sur la base d’une date trompeuse.
Enfin, il faut arrêter de se comporter comme des enfants capricieux. Si on a des légumes frais dans le garde-manger ou le bac du frigo, il importe de leur donner la priorité plutôt que de commander une pizza.
Quand aux restes de nourriture, ils ne se jettent pas. Ils peuvent servir pour un repas au travail ou s’accommoder à un autre moment de la semaine. Par exemple, celui où on rentre un peu plus tard que d’habitude et qu’on veut passer moins de temps à cuisiner. Et on n’attends pas de laisser passer un mois ou deux sur des restes pour se demander s'ils n’ont pas moisis et si on n’aurait pas pu les accommoder avant, comme j’ai vu faire dans certains foyers…
Jeter de la sauce de poulet qui aurait pu accompagner de pâtes, ouvrir un pot de sauce tomate industrielle pour servir avec les pâtes en question, c’est du gaspillage. C’est se comporter comme un enfant capricieux.
Garde en tête que dans les foyers observés dans cette étude de l’ADEME, jeter les restes de nourriture et de liquides représente 55% du gaspillage. Si tu as cette mauvaise habitude, tu sais quel levier activer pour mieux gérer ton budget.
Manger mieux est l’un des premiers pas pour vivre mieux.
C’est une décision à prendre
En alimentation, comme dans d’autres domaines, il faut savoir bousculer ses idées pour avancer. J’avoue avoir bousculé plusieurs fois les miennes ces dernières années. Et je pense que je n’ai pas fini de le faire. J’ai aussi cru par le passé que manger mieux relevait de notre seule capacité financière, avant de me rendre compte que c’est une question de décision.
Pour certains d’entre nous, il est plus confortable de continuer à bouffer la merde qu’on pousse dans nos assiettes. Pas de questions à se poser. Pas besoin de se battre. Et on gobe sagement ses médocs pour atténuer les symptômes. C’est leur choix. Ils font tourner l’économie en oscillant constamment sur le fil de la mauvaise santé.
Au moment de prendre la décision de manger mieux, je n’ai eu aucune hésitation. J’étais prêt à le faire. Et toi ?
Manger mieux est l’un des premiers pas pour vivre mieux. Dans les prochains articles à paraître, je vais te parler d’autre pas que j’ai fait dans cette direction.
Je n’ai pas peur des hommes de main de Nestlé. J’ai peur de leurs produits.
Pour aller plus loin :
Pour aller plus loin, je te propose de visionner une interview de Gilles Lartigot, l’une des personnes qui m’a inspiré et continue de m’inspirer.
Gilles Lartigot, Le pouvoir de l’alimentation (durée 53 min.) : https://youtu.be/udDRauVe1I8
Notes en bas de page et Sources :
(1) Ma Vie Sans Sucres Ajoutés #4 : “Rééquilibrer la Balance” https://www.panodyssey.com/fr/article/sante/4-reequilibrer-la-balance-ku4jat783brq
(2) Priska Ducœurjoly, “On ne fait pas de régime”, Sud Ouest, 13 janvier 2018 et “La Société Toxique” p.303-304, ed. Res publica (2010)
(3) Didier Helmstetter, “Le Potager du Paresseux” p.328, Tana éditions (2019)
(4) Priska Ducœurjoly, “La Société Toxique” p. 301-302, ed. Res publica (2010)
(5) Pour aller plus loin : Anne Brigaudeau, "L'article qu'il faut avoir LU sur le plus célèbre des petits biscuits français", France Info, 19 septembre 2018 https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/l-article-qu-il-faut-avoir-lu-sur-le-plus-celebre-des-petits-biscuits-francais_2935217.html
(6) Prix relevés au 1er octobre 2022 auprès de Carrefour et Auchan et de plusieurs sites d’épicerie en ligne.
(7) Lien : https://fruitstock.eu/
(8) Rufino Ruiz Casado : https://fruitstock.eu/qui-est-rufino/
(9) Lien : https://www.biovie.fr/
(10) Le vinaigre de cidre pommes entières non pasteurisé est un aliment santé par excellence.
(11) Vidéo : Une famille (presque) 100% autosuffisante ! (durée 1:19) https://youtu.be/dgPFYiSSZiU
(12) Pour te faire une idée sur la provenance des polluants lourds dans l’atmosphère : Claire Séverac, “La Guerre Secrète contre les Peuples”, ed. Elie et Mado / Kontre Kulture (2015)
(13) Sauf si tu donnes une fortune à Monsanto pour empoisonner tes propres légumes.
(14) Lien : http://www.https://couplan.com/
(15) Ma Vie Sans Sucres Ajoutés #4, op. cit.
(16) Quand je serai seul avec la mer (TFI Éditions, 1995 / Biovie, rééd. 2019)
(17) La "pasteurisation" est un procédé inventé par Nicolas Appert en 1809, avant la naissance de Louis Pasteur (1822). Pasteur aura juste eu la bonne idée de déposer un brevet en 1865.
Certains fans de Pasteur prétendent que les travaux de leur idole, vers 1850, ont influencé ceux de son prédécesseur… (http://www.louispasteur.fr/2017/04/quelle-est-linfluence-de-louis-pasteur.html) Qu’il est fort ce Pasteur !
(18) ADEME, Etat des lieux des masses de gaspillages alimentaires et de sa gestion aux différentes étapes de la chaîne alimentaire, 2016 https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/2435-etat-des-lieux-des-masses-de-gaspillages-alimentaires-et-de-sa-gestion-aux-differentes-etapes-de-la-chaine-alimentaire.html
(19) ADEME, op. cit
Photo de Couverture : Shelley Pauls sur Unsplash
Photos dans le texte :
- paquets de chips : Ryan Quintal sur Unsplash
- légumes au marché : Iñigo De la Maza sur Unsplash
- plants de fraises : Farsai Chaikulngamdee sur Unsplash
- plants de curcuma sur une fenêtre : Daniel Muriot, collection personnelle
- personne tenant des aromates en main : Charlotte Thomas sur Unsplash
- salades dans des bols en céramique : Taylor Kiser sur Unsplash
- poubelle débordant d'emballages de malbouffe : Markus Spiske sur Unsplash
Illustrations dans le texte : Alexandre Magnin sur Sustainabilityillustrated.com
Maivan vor 29 Tagen
Article et dossier utiles et passionnants, pleins de judicieux conseils. Bravo Daniel !
Chantal Perrin Verdier vor einem Jahr
Pour aller dans votre sens concernant un des motifs du gaspillage, un travailleur dans l'alimentaire m'a affirmé que les dates de péremption sur les emballages ne reflètent pas la durée réelle de consommation du produit : on peut facilement ajouter un mois de plus à ce qui est noté. Apparemment l'industrie alimentaire forcerait les marques à une datation restreinte pour pousser au rachat.