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IL OU ELLE ? 

IL OU ELLE ? 

Veröffentlicht am 29, Jan., 2021 Aktualisiert am 29, Jan., 2021 Wohlbefinden
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IL OU ELLE ? 

Finalement que faut-il dire : aller la voir ou aller le voir ? 
Instinctivement, c’est «elle» qui vient à la bouche et se conjugue au féminin dans la plume : la mer. Aussi naturellement qu’on se ne pose pas la question du genre au moment de rendre visite à sa mère. 
Mais cette mer-là n’aurait-elle pas un père ? Un pair ? Bien sûr que oui. Si bien que «le» féminiser relève tout autant de l’erreur d’orthographe que de ne pas être sensible à sa magnificence : elle est Océan. Il est Océan. 
Aujourd’hui je suis allé leur rendre visite, à elle et à lui, à cette Mer Atlantique. 
Depuis sept ans désormais que j’en suis voisin établi, sorte de marin de terre côtière, jamais je ne lui avais été infidèle aussi longtemps. Je suis pourtant venu résider ici, en cette Basque et vaste terre, notamment pour lui, pas que pour elle(s) : l’Océan m’a toujours donné des ailes. 
Tout comme la mer régénératrice pour Albert Camus dans La Mort Heureuse*, il m’apporte quiétude, érosion des soucis et étouffement des pensées négatives. Sérénité, paix et oubli. Marcher de tout son long me grandit alors qu’il rapetisse mes ires.  Le dévorer de mes yeux m’éclaire lorsque mon regard est sombre. M’y baigner me plonge dans un état unique de plaisir sensoriel, qu’aucun massage ou enlacement ne m’apporte. 
Pourquoi lui ai-je été infidèle ainsi durant un long mois ? Ce n’est pas le propos ici, un confinement avant l’heure en cet automne 2019. Mais m’être privé de sa vision d’étale, avoir délaissé ses marées pour affronter seul au port les vents contraires, ne m’en avait pas rendu moins éperdu de sa beauté lénifiante. 
Sur un banc je me suis assis, je l’ai embrassé, humé, respiré le regard clos. Dès potron-minet, j’avais entendu son appel venu de cris stridents à ma fenêtre de mouettes matinales. J’étais aussi excité de le retrouver que l’exaltation de ces femmes indiennes lorsque les vaguelettes sur la plage de Mahäbalipuram mouillent le bas de leur sari pour la première fois. Vierges qu’elles étaient de ne l’avoir jamais vu jusque-là.  
Je lui ai donc rendu visite, je l’ai retrouvé. Et je me suis retrouvé. Tel un magicien, l’Océan m’a redonné gout en moi dans ce mois sans fin. 
J’écoutai Dominique A, qui mieux que quiconque l’a dépeint en chanson-hommage : 

«Si ma ligne de vie venait à se casser
J'aimerais pour finir avoir encore le temps
De monter sur la dune et le voir écumer
J'aimerais pour finir regarder l'océan
Comme lorsque l'on courait et qu'il apparaissait
Et qu'on criait de joie, ivres de sa colère
On ne le craignait pas et nous en étions fiers
C'était la même colère qui en nous s'élevait»
L'Océan

*Extrait de La mort heureuse d’Albert Camus : 

"Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. Il se dévêtit, descendit quelques rochers et entra dans la mer. Elle était chaude comme un corps, fuyait le long de son bras, et se collait à ses jambes d'une étreinte insaisissable et toujours présente. Lui, nageait régulièrement et sentait les muscles de son dos rythmer son mouvement. A chaque fois qu'il levait un bras, il lançait sur la mer immense des gouttes d'argent en volées, figurant, devant le ciel muet et vivant, les semailles splendides d'une moisson de bonheur. Puis le bras replongeait et, comme un soc vigoureux, labourait, fendant les eaux en deux pour y prendre un nouvel appui et une espérance plus jeune. Derrière lui, au battement de ses pieds, naissait un bouillonnement d'écume, en même temps qu'un bruit d'eau clapotante, étrangement clair dans la solitude et le silence de la nuit. A sentir sa cadence et sa vigueur, une exaltation le prenait, il avançait plus vite et bientôt il se trouva loin des côtes, seul au cœur de la nuit et du monde. Il songea soudain à la profondeur qui s'étendait sous ses pieds et arrêta son mouvement. Tout ce qu'il avait sous lui l'attirait comme le visage d'un monde inconnu, le prolongement de cette nuit qui le rendait à lui-même, le cœur d'eau et de sel d'une vie encore inexplorée. Une tentation lui vint qu'il repoussa aussitôt dans une grande joie du corps. Il nagea plus fort et plus avant. Merveilleusement las, il retourna vers la rive. A ce moment il entra soudain dans un courant glacé et fut obligé de s'arrêter, claquant des dents et les gestes désaccordés. Cette surprise de la mer le laissait émerveillé. Cette glace pénétrait ses membres et le brûlait comme l'amour d'un Dieu d'une exaltation lucide et passionnée qui le laissait sans force. Il revint plus péniblement et sur le rivage, face au ciel et à la mer, il s'habilla en claquant des dents et en riant de bonheur."


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