La moto et ses philosophies
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La moto et ses philosophies
Ouagadougou - 2009 - Comme Catherine Deneuve, j'ai flouté l'image ça fait plus jeune.
En réponse à un commentaire d’un de mes articles sur le web , j’ai tenté d’expliquer brièvement les principales philosophies de la moto.
Ce sont des clichés et du second degré. Que nos amis qui possèdent des Harleys n'en prennent pas ombrage. Ce ne sont pas les propriétaires de Harleys qui sont visés mais seulement une certaine catégorie.
Voici le texte. Attention, certains aspects ou réflexions pourraient choquer les vieux de plus de 12 ans et demi...Si, si, ça existe.
La moto, c'est plus qu'un loisir, ce sont des philosophies :
- La philosophie de la vitesse: Le mec qui tourne sur des circuits à + de 300 sur des Ducatis Panigale. Toujours à la recherche de la combinaison ou du réglage d'injection qui lui fera gagner 1 seconde sur son dernier chrono. C'est en plus un technicien.
J'apprécie ces personnages ainsi que leur courage.
Je ne parle pas du crétin qui, au mépris de la vie d'autrui trace à fond sur l'autoroute. Celui-ci est tellement con qu'il ne mérite même pas une ligne lors de son dernier voyage vers le paradis des "Eparpillés"
- La philosophie de la découverte et du voyage avec une BMW 80G/S ou une 500 XT.
- L'amoureux des belles mécaniques: Le type qui restaurent des Kawas H2 ou des Ducats 750ss et qui en a plein son garage.
- Le fanatique de la route qui fait toutes les concentres, les Grands Prix et mêmes la concentre des éléphants en plein hiver en Autriche. Qu'ils pleuvent, qu'il neige, qu'il vente, il est toujours sur la route. Tout son argent passe dans la moto.
Son vieux blouson râpé par d'innombrables gamelles est couvert d'écussons et de badges de toutes les concentres et Grand Prix qu'il a parcourues. Sa philosophie est primaire mais j'éprouve pour lui, une certaine admiration pour son courage et sa persévérance. J'ai commencé comme ça mais je n'ai pas pu continuer.
C'est le motard à l'état pur. Celui de la chanson d'Edith Piaf : L'homme à la moto.
D'ailleurs, c'était à mon époque et je ne sais pas si ce type de personnage nietzschéen existe encore.
- Le Hypster qui, à grand renfort de peinture noire mat et de bandes thermiques, a massacré une 650 Bonneville de 1963 en l'affublant de gros pneus et d'un réservoir de 500XT. Enfin généralement, ce n'est pas lui qui fait le massacre mais un atelier spécialisé genre "Deus ex machina" ou "Blitz Motorcycle". Massacre qu'il a généralement payé la peau du fion. Il se la joue "fanatique de la route" mais a du mal à aller chercher le croissant le dimanche matin à la boulangerie du coin avec son engin génétiquement modifié. Par contre, il a un goût de la mise en scène et du marketing qui suscite l'admiration. Il est assez sympathique et pas sectaire. Il voue une certaine admiration à son modèle le "fanatique de la route". Malheureusement le contraire n'est pas vrai. Contrairement au "fanatique de la route", il est propre et sa tenue négligée est soigneusement étudiée.
Il a un nombre de tâches calculé sur ses vêtements et évite d'essuyer sa jauge d'huile sur son pantalon "Rock à Gogo". Les tâches et les déchirures sur ses fringues ont été achetées avec. Il n'a jamais pu se résigner au parfum mélange d'odeur d'essence, de sueur, de bière et de biroute mal nettoyée de son modèle.
Alors que le "fanatique de la route" est en voie de disparition, les Hypsters motocyclistes sont de plus en plus nombreux. Il est assez proche du Harleytiste, qui comme son nom l'indique, possède une Harley qui pèse plus lourd qu'un camion et qui ne peut même pas prendre un virage. Bourgeois bourré de pognon, au guidon de son tas de ferraille qui vaut une fortune, il se prend pour un "rebel without cause" à la Marlon Brando et se fait appeler 'baillekeur'. Ca veut dire motocycliste en américain...
Il amène mémére et son clébard qui ressemble à une chenille mutante dans ses équipées sauvages de trente kilomètres l'été, qu'il appelle des 'HOG', avec d'autres bourges de son espèce. Il a un profond mépris pour les autres catégories de motards et en particuliers pour le "fanatique de la route" qui, pour lui, est un besogneux, un nécessiteux et qui sent mauvais (Encore que là, on ne peut pas lui en vouloir).
J’ai publié ce texte sur un site. Son aspect satirique et volontairement vulgaire n’a semble-t-il pas été compris. Je me suis donc justifié par une explication plus approfondie mais toujours dans le même style qui, à mon avis correspondait à la façon dont nous vivions à l’époque :
Quand j'étais plus jeune , (j'ai commencé la moto il y a 45 ans) je faisais aussi beaucoup de route, je n'avais pas de voiture. J'ai fait des concentres, des Grands Prix, des 24H du Mans moto, j'ai pris des râteaux, écrasé des volatiles, tué des lapins et j'ai même essayé un veau... mais là, j'ai perdu. Et puis je me suis spécialisé dans le sexe faible : Une vieille, une jeune et puis une en voiture conduite par une dame, là aussi j'ai encore perdu. J'étais pas un pervers avec les femme, j'avais pas de bol, c'est tout. Par la suite, j'ai arrêté de me faire mal bêtement (et de faire mal aux autres) voyant que ça ne servait à rien.
On picolait pas mal et on dormait par terre hiver comme été lors de nos périples. Il n'y avait pas beaucoup de flotte pour se laver à l'époque et ce n'était pas notre problème. On rencontrait des mecs assez spéciaux. Je m'en souviens d'un qui avait cousu des capsules de bière plein son blouson.
J’essuyai ma jauge d'huile sur mon futal. C'est mieux qu'entre les doigts, surtout quand tu vas t'arrêter un peu plus loin pour bouffer ton "jambon-beurre" qui fermente depuis une demi-journée dans la sacoche de réservoir, coincé entre la bouteille de Cabernet-Sauvignon et le bidon d'huile GTX 20W50. Et pis les doigts, c'est fait pour se moucher et non pour essuyer l'huile. Avoir des valeurs c'est important. Tu vas chopper un cancer au pif et tu vas te demander où tu as attrapé ça.
Quand je rentrais de Rennes à Bressuire en hiver, je m'arrêtais toujours à St Florent le Vieil chez une vieille qui avait un café et je prenais un café triple calva pour l'énergie. Red Bull n'existait pas à l'époque et on pouvait encore se désaltérer sans risquer l'injonction thérapeutique, et puis les journaux sous le blouson ça ne tenait pas toujours chaud.
Comme pour pisser, l'hiver, c'était comme de chercher une aiguille dans une botte de foin, surtout avec la combinaison Plastex, le caleçon long Thermolactil, le slip kangourou et la "Nouvelle république du centre ouest" sur la poitrine.
C'est pas un essai d'humour, c'est du vécu! Je sais, c'est pas bien. J'ai pas été un bon gars ni un bon citoyen à l'image de ceux du XXIème siécle en ce qui concerne les filles, l'alcool, la bagarre... quoiqu'il y avait bien pire.
Que celui qui n'a pas connu ça me jette le premier piston.
En ce qui concerne les Hypsters, je n'en connais pas, ça n'existait pas à mon époque. Mais en se documentant on arrive à voir leurs particularités propices aux moqueries.
Les Harleytistes, sans commentaire.
Les autres possesseurs de Harley, je les respecte comme les autres motards, bien que je ne partage pas toujours leur goût vestimentaire.
Le husky aux yeux bleus, l’aigle américain et la tronche de Johnny sur le tee shirt HARLEY ne m’ont jamais rien inspiré de grandiose. De même la tête de mort qui ricane au-dessus des 2 bielles croisées suscite chez moi plus de pitié que d'admiration.
Quant aux voyageurs en 80G/S, XT ou Transalp, c'est assez similaire aux "fanatiques de la route" mais avec une dimension un peu plus profonde en ce qui concerne la découverte d'autres horizons. Le voyageur est souvent un transfuge des "fanatiques de la route" dont le mode de vie est assez proche.
J'ai voulu parler de tout ça. Mais c'est sur que pris au premier degrés mes clichés sont assez basiques.
C'est vrai, j'ai un peu chargé avec "Mémère et sa chenille mutante". C'est la faute à Louis Ferdinand Céline dont j'adore les textes. Pas la peine de dire que c'était un facho qui n'aimait pas les juifs. J'apprécie l’œuvre et non le personnage. C'est sur que si je m'inspirais de l'autre Céline (Dion), ce que je raconte passerait mieux mais je me marrerais moins en écrivant et le public visé ne serait pas le même.
Et comme la pilule ne passait toujours pas, j’ai fait mon Méa Culpa et dans un autre article j'ai répondu :
C’est vrai, je me suis conduit comme un rustre, comme un malotru. J’ai honte.
Mais vous savez ce que c’est, on s’enferme dans une routine. Le boulot, le métro, le dimanche chez les beaux parents, le numéro spécial de la St Valentin et puis un jour on s’aperçoit que Raymond Souplex et Alice Sapritch sont décédés, que les enfants ont grandi et que le site est devenu le Cercle des Poètes disparus.
Alors j’ai voulu me faire pardonner de ma goujaterie.
Pour cela, j’ai choisi de vous raconter une aventure que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître.
Balade du temps jadis
Il y a de cela bien longtemps, au siècle dernier, lorsque le Roi débonnaire Gisquette 1er régnait sur le royaume de France, la bonne ville Du Mans organisa la kermesse printanière du grand rendez vous motocycliste du donner et du recevoir. C’était une époque bénie durant laquelle les Gens d’Armes ne poursuivaient pas, la nuit, dans les campagnes, les voyageurs tenaillés par la soif.
Nous partîmes, un matin d’Avril, mes amis et moi vers notre destin.
Nous arrivâmes à la ville aux heures vespérales, à l’heure où le soleil, fils du jour et de la joie, se couche derrière les pins. La lune, fille de la nuit, du désespoir et de la soif commençait, à travers les bois, sa lente ascension qui allait la mener à l’aube d’un jour nouveau.
Nous allumâmes un grand feu puis après avoir pansé nos montures, nous déballâmes nos victuailles que ma sœur Cunégonde nous avait amoureusement préparées.
D’autres voyageurs vinrent alors se joindre à nos agapes. Alors que nous festoyons, nous chantions quelques vieilles chansons françaises à la gloire de l’artilleur de Metz, des 3 orfèvres et d’un moines capucin qui avait installé le confessionnal dans son jardin.
Au loin, les pots de détentes poussaient leur cri joyeux et le chant des mégaphones montait dans la nuit claire. Les allumeurs allumaient, les carburateurs carburaient, les soupapes soupaient et nous, on se désaltérait.
Il y eut quelques joutes mémorables entre chevaliers dont certains défendaient les destriers teutoniques, d’autre défendant les montures de la perfide Albion et d’autres encore celles du soleil levant. En ce temps là, il y avait très peu de montures provenant du nouveau monde.
Puis, à l’heure où la brume étend son linceul blanc sur la campagne, nous nous endormîmes, le regard plongé dans les abysses célestes, repus d’un liquide rouge et odorant dont nous étions friands à l’époque.
Enfin, lorsque la nature eut fini de couvrir les champs de perles de jour, nous nous levâmes, la tête dans les nuages et le foie meurtri.
Nous nous rendîmes, plein d’espoir, à l’endroit des festivités. Certains de mes camarades encourageaient les chevaux au pelage vert clair, d’autres aux couleurs rouge, blanc et bleu et d’autres encore les étalons que la nature avait doté d’une petite aile de chaque côté et qui volaient, tel des Pégasses des temps modernes, vers la victoire. Puis, après avoir dévoré force chapons et bu des nectars dont les noms Sidi Brahim ou Castelvin invitaient à la dégustation, nous reprîmes le chemin du retour.
A mi chemin, nous fîmes une halte dans une région boisée. Je me mis à chercher à l’intérieur de ma houppelande et après avoir enfin découvert l’objet convoité, je sortis celui-ci qui se mis aussitôt à pleurer. Quand son chagrin fut enfin apaisé, je le remis précieusement dans son écrin. Il versa encore une ou 2 larmes dans son nid douillé pour se rendormit, soulagé. Comme d'habitude, notre ami P'tite Teub était toujours en retard pour repartir.
Quelques lieux plus tard, nous fîmes halte chez Dame Isabeau de Montfort qui tenait une taverne à l’entrée de la forêt de Brocéliande. Celle-ci nous servit le sang de la vigne chaud et légèrement sucré qui nous réchauffa le cœur. Dame Isabeau était une gente Dame de belle prestance à la poitrine généreuse et qui n’hésitait pas à consoler un damoiseau mélancolique moyennant quelques écus sonnants et trébuchants.
Quand nous sortîmes de l’estaminet, je remarquais qu’une brume épaisse s’était levée et que la route oscillait mollement. Je mis cet étrange phénomène sur le compte d’un maléfice jeté par la Fée Mélusine ou l’Enchanteur Merlin dont Brocéliande est la demeure. Certains samedis soir, des chevaliers de la route assuraient avoir vu des Elfes volant au dessus des bois et des farfadets traversant la voie. Malheureusement toutes ces manifestations magiques ont disparu depuis que la maréchaussée circule la nuit dans les campagnes endormies.
Mon camarade, le preux Johan des Echaubrognes eut du mal à monter sur son étalon mais avec l’aide de sa fiancée, la prude Anne de Montmorency, il s’installa aux rênes de son destrier. Il ne risquait plus de tomber, il était assis.
Puis nous reprîmes la voie du retour et arrivâmes, fatigués mais heureux à notre chaumière.
Note : Le personnage d'Isabeau est librement inspiré de "Belles Tétines" qui tenait un bar restaurant quelque part au Sud de Brocéliande.
Je ne vous donnerai pas l’adresse exacte. Ca ne servirait plus à rien car «Belles Tétines» est maintenant retirée des affaires et approcherait certainement des 90 printemps. (Alors forcément, c'est un peu grippé tout ça)
Les autres personnages m'ont été inspirés par mes potes de l'époque, gais lurons, ripailleurs invétérés....et cascadeurs occasionnels.
Cunégonde, la sœur que je n’ai jamais eu m’a été inspirée par Anne Sophie Lapix. Je l’imagine comme la sœur plus âgée, grande pucelle dégingandée, toujours en train d’ houspiller son petit frère pour l’empêcher d’aller jouer au papa et à la maman avec Janine, la petite voisine.