S'il y a des moments où l'on a tellement l'impression d'être guidé par des forces qui nous dépassent qu'on a du mal à se plier à l'idée de simples coïncidences, ma visite à Dharamsala fut un de ces moments là.

J'arrive par un bus de nuit dans cette ville siège du gouvernement tibétain en exil, au milieu des montagnes, par une route en lacets interminable à faire des bonds de 1m à l'arrière du bus à chaque déformation de la route. Je viens conclure mon voyage dans ce haut lieu du Bouddhisme Tibétain, et apprends dès mon lendemain l'arrivée du Dalaï-Lama pour une session d'enseignements de plusieurs jours à destinée d'une communauté de moines et de pratiquants venus de Mongolie et de Russie.

Je me promène dans la ville où réside tout une communauté tibétaine vivant d'un artisanat issu de ses traditions, et découvre avec surprise des manifestations menées ici chaque semaine par des jeunes tibétains très revendicateurs pour réclamer l'indépendance de leur pays. Je me prends notamment de passion pour les bols musicaux, bols de plus ou moins grande taille que l'on fait résonner en tournant un balai à leur surface, pour produire un son d'une grande pureté et d'une très grande longévité invitant à la méditation, et pour lesquels je passerai chaque jour dans la boutique les essayer pour élire celui que je ramènerai.

Je fais la rencontre de Delphine et Till, 2 français, avec qui on découvrira du fromage de yack, du vrai pain, et même des pâtisseries chocolatées. Quel bonheur après 2 mois à bouffer du riz et des chapatis ! Pique-nique idéal pour une journée de randonnée. J'y fais la connaissance d'un vieux sick ayant étudié le droit en Angleterre et parlant parfaitement anglais, avec qui j'irai régulièrement me promener. Je retrouve aussi pour la troisième fois ce vieux Peq, de court passage par là avant de rentrer à Dehli. Et nous attendons la venue d'H.H, His Holiness le Dalaï-Lama.

Des milliers de fervents se retrouvent à l'entrée des temples le premier jour de l'enseignement. Par malheur, après une longue attente, on me refuse l'accès avec mon appareil photo que je dois redéposer à l'hôtel. Je reviens une heure plus tard, ayant loupé le passage du Dalaï Lama installé désormais à l'intérieur du temple, accès réservé. Je parviens bon gré mal gré à franchir la première barrière de sécurité limitant l'accès à l'esplanade, et cherche par l'encadrement de la porte à apercevoir Sa Sainteté. Voici que devant moi un Russe hèle à l'intérieur une personne qui vient expliquer au vigile qu'il fait partie du groupe. Il le laisse rentrer...et moi à sa suite. Me voici donc assis, en face à 20m du Dalaï Lama, pour deux heures d'enseignements parmi la petite centaine de privilégiés. Ce qui fera dire à ma voisine intriguée par ma présence que j'ai vraiment un karma exceptionnel...

Les enseignements sont longs, pointus et traduits dans un petit poste radio en anglais, on n'assiste donc pas tous les jours à leur leçon. On en profite avec deux autres amis croisés à Pushkar pour aller visiter le musée du Tibet, et au sortir, nous repassons par le temple. Bien nous en a pris ! C'est précisément le moment où le Dalaï Lama cloture sa session et rejoint sa résidence. Nous nous retrouvons devant une barrière et le Dalaï Lama vient précisément serrer quelques mains à notre encontre.

La ferveur et l'admiration de tous pour ce maître spirituel donne une profonde solennité à ces deux rencontres. Ceci clotûre en outre pour moi une rencontre avec le Bouddhisme et le Dalaï Lama initiée quelques années plus tôt à Bercy, et pour laquelle j'ai longuement approfondi mes lectures et même réalisé mon mémoire de Master 1 sur le sujet.

Le déroulement parfait de l'ensemble de ce voyage ainsi que l'atmosphère très portée sur la spiritualité et les énergies qui règne partout en Inde me laisse conclure au delà de toute rationnalité matérialiste qu'ici plus qu'ailleurs, si tu suis ton instinct et te laisse porter là où ton coeur te dit d'aller, ce que tu es venu chercher sans pourtant trop savoir quoi s'offrira à toi