Bonjour :)

Il y a quelques temps déjà, j'ai entrepris une démarche. Le 25 novembre dernier, je contactais deux conseillers du ministère de l'Economie afin d'évoquer quelques unes des difficultés des autoentrepreneurs. Au départ, je ne prévoyais pas de rendre accessible ce courrier à des lecteurs. Je me suis dit par la suite qu'il serait intéressant que je partage. Pour l'instant, j'attends la réponse mais néanmoins, j'ai décidé de vous présenter la lettre que j'ai envoyée en pièce jointe d'un courriel. Voici donc le corps du courrier.

" Je vais partir de ma propre expérience, des échanges que j'ai pu avoir avec d'autres autoentrepreneurs pour dégager quelques pistes de réflexion. 

Pour commencer, je vends des articles de mercerie / loisirs créatifs sur la plateforme française en ligne, Un grand marché. Je répercute les frais postaux sur les acheteurs, et malheureusement, ces frais sont parfois dissuasifs d'un quelconque achat ! Ainsi, si l'article qui rentre dans une enveloppe dépasse une épaisseur de trois centimètres, il faut pratiquer le tarif d'un colis. 

De même, je me demande comment il est possible de s'aligner sur les grandes enseignes qui proposent souvent la gratuité des frais d'envoi pour un petit montant d'achat ou à un tarif très faible. 

De plus, il faut sans cesse réduire la marge pratiquée pour envisager de faire des ventes. Le bénéfice réalisé fond vite puisqu'il faut payer une assurance professionnelle, voire le remboursement d'un prêt à titre professionnel. Et pour maintenir la fidélité de la clientèle ou en attirer une nouvelle, il faut évidemment proposer des nouveautés donc acheter de la marchandise régulièrement. Ces achats pratiqués ne donnent évidemment pas accès aux mêmes avantages que ceux dont les grandes sociétés bénéficient. Comment négocier des tarifs intéressants auprès des fournisseurs  quand je commande quelques unités, là où les centrales d'achats fonctionnent à l'achat par palette ? Je vous laisse faire un rapide calcul. Vous vous rendrez vite compte qu'il est impossible de faire de quelconques frais de publicité. Par contre, de leur côté, les géants ont toutes les capacités de se rendre visibles à la radio, à la télévision, sur internet, grâce à des campagnes publicitaires, ce qui a pour conséquence d'augmenter leurs ventes. Le black friday est un exemple marquant mais ce problème est évidemment présent toute l'année. Enfin, je regrette que les autoentrepreneurs sortent souvent du cadre économique puisque nous ne sommes jamais représentés. A titre d'exemple, je tiens à rappeler que pendant toute cette crise, je n'ai jamais été aidée jusqu'à ce jour (hormis soixante treize euros versés par l'URSSAF en mai 2020) au niveau financier puisque mes chiffres d'affaires n'atteignaient pas le minimum demandé pour prétendre à une quelconque aide. Et je regrette que jamais, pas une seule fois, la CCI n'ait pris le temps de m'appeler. De ce fait, je n'ai pas voté aux élections professionnelles par mécontentement, et non par manque d'intérêt. D'ailleurs, j'adresserai prochainement un courrier à ma chambre de commerce pour que les responsables connaissent la raison de mon abstention. 

Les grosses entreprises existent mais il serait aussi temps de prendre en considération les " invisibles " puisque nous contribuons à notre façon à la vie du pays. Je rappelle un fait qui ne semble pas bien intégré : les micros entrepreneurs ne sont pas des statistiques mais des humains. De même, le fait d'être devenu autoentrepreneur est un choix qui a pu être dicté par des impératifs de vie, au niveau familial, de la santé, etc. Pour ma part, j'ai deux maladies invalidantes, ce qui me rend évidemment moins efficace sur un marché économique où il faut être un gros requin. 

Par courrier, j'ai soulevé quelques uns des problèmes rencontrés par les très très très (!!!) petites entreprises. Vous n'aviez peut-être pas conscience de ces difficultés. Que pourriez-vous proposer pour améliorer notre situation ? "

Bien sûr, je n'ai pas fait ce partage pour m'entendre parler ! Donc, j'attends vos réactions, vos commentaires que vous soyez autoentrepreneur, entrepreneur d'une petite entreprise, d'un commerce, etc ! Bien sûr, tout ceci se fera en toute bienveillance, que ce soit à mon égard, entre vous si vous n'êtes pas d'accord sur vos propos, au niveau des politiciens, etc. Ouvrir un débat, faire avancer une réflexion, oui ! Mais un ring de boxe, non !

Je vous tiendrai au courant des suites. Merci pour votre attention :)

Sophie COCARD. 

Photo : Sophie COCARD.