Témoignage « J’ai adopté un chat SOS à la SPA de Gennevilliers »
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Témoignage « J’ai adopté un chat SOS à la SPA de Gennevilliers »
De nombreux français ont profité du confinement pour accueillir un animal dans leur famille. J’ai adopté un chat SOS en Mars 2021 à la SPA de Gennevilliers. J’aimerais profiter de cette belle expérience pour sensibiliser à l’adoption d’animaux adultes en situation difficile. En effet, de nombreux animaux attendent encore qu’une famille s’intéresse à eux. Ils vous apporteront autant d’amour qu’un jeune chiot ou chaton même s'ils ne sont plus tout jeunes ou en totale bonne santé. Ils méritent également de vivre une retraite paisible.
L’étape la plus longue : la réflexion avant l’adoption de mon animal
J’ai toujours vécu avec des chats : mes grands-parents avaient des chats. Mes parents eux-mêmes ont récupéré un chat errant lorsque j’avais à peu près une dizaine d’année. Il a fini ses jours chez nous. Le dernier en date, Homère, est un jeune chaton abandonné qui a été trouvé dans un champ. Ma mère l’a nourri au biberon. Ensuite, elle n’a pas eu le cœur de le placer.
Je savais qu’un jour, j’aurais un chat. N’ayant pas de famille en Île-de-France, la garde du chat posait problème. De plus, je traversais des soucis de santé. Il a donc fallu attendre plusieurs années avant de concrétiser ce souhait.
Pourquoi vouloir adopter un chat SOS ?
Fin 2020, j’ai découvert mon handicap. S’en est suivi un changement total de vie : j’ai quitté mon travail et je me suis mise à mon compte. De plus, je loue un appartement en rez-de-jardin dans une rue calme, de quoi faire un heureux félin.
Je me sentais parfois seule durant les longues journées à la maison. Confinement oblige, les sorties et interactions sociales se raréfiaient. Aussi, j’ai commencé à suivre des pages d’associations qui cherchaient à placer des chats abandonnés. Ces dernières expliquaient souvent que certains profils de chats n’attiraient pas l’attention et qu’il était dommage que tout le monde se précipite vers les chatons.
Peu à peu, l’idée d’adopter un chat dans le besoin s’est imposée. Adopter un animal âgé ou nécessitant des soins ne me dérangeait pas, au contraire. J’éprouvais le désir d’avoir un chat « comme moi », avec des problèmes.
Mon déclic : la découverte de l’adoption SOS de la SPA
Un jour, je tombe sur le profil d’une petite chatte noire amputée d’une patte. Je ressens immédiatement un tiraillement dans la poitrine. Enfant, une petite chatte noire à trois pattes appartenait à un voisin. L’animal faisait gaiement le tour du quartier en quête de câlins. Je n’avais jamais rencontré une chatte aussi affectueuse. Ce souvenir m’a convaincu de passer le cap de l’adoption.
Les demandes ont été nombreuses et l’association n’a pas donné signe de vie. Je continue donc ma recherche et commence à regarder sur le site de la SPA. Jusqu’à présent, je suivais en dilettante quelques pages par-ci par-là. Je découvre la SPA de Gennevilliers. Il s'agit du refuge le plus proche de mon domicile.
Sur leur site, l'association présente leurs pensionnaires. Chaque animal possède un profil avec son nom, son âge et quelques détails sur les circonstances de sa capture et sur son caractère. Nous sommes début Mars 2021.
Le principe de l’adoption SOS à la SPA
La SPA (Société Protectrice des Animaux) propose un système d’adoption SOS visant à donner de la visibilité et à aider des animaux qui ont du mal à trouver une famille. Les chats et chiens entrant dans ce dispositifs sont des animaux âgés et/ou avec des handicaps et des problèmes de santé. La SPA de Laon en parle mieux que moi.
« Parce qu'ils sont malades ou souffrent d'une pathologie (3 pattes, sourds, aveugles, etc), trop vieux, trop communs ou quelconques, trop discrets, trop grands, trop petits, trop excités ou impressionnants pour qu'on les remarque, certains de nos animaux restent trop longtemps dans nos refuges...
Nos animaux en SOS ont pourtant de nombreuses qualités et tant d'amour à donner...
Tous nos animaux âgés de 8 ans et plus sont proposés à l'adoption en SOS. En effet, au-delà de 8 ans, ils trouvent difficilement une famille. Et pourtant ! La longévité des animaux de compagnie, à l'instar de celle des humains, ne cesse d'augmenter. Les progrès de la médecine vétérinaire, du suivi des animaux (vaccination etc.) et de l'alimentation y sont pour beaucoup. Les chats vivent désormais généralement entre 15 et 20 ans et il n'est pas rare qu'un chien dépasse les 15 ans.
[…]
Nos chats en SOS sont quant à eux atteints d'une maladie transmissible à leurs congénères : FIV+ (sida du chat), FELV (leucose), ou sous croquettes adaptées à des problèmes qu'ils ont ou ont eu ; de vieux chats ou encore des chats craintifs. N'hésitez pas à venir les rencontrer. »
Source : https://www.la-spa.fr/laon/nos-animaux-en-sos
Le coup de cœur pour « Tox », chat noir âgé malade
Je réalise que mon souhait d’avoir un animal « comme moi » va dans le sens de l’adoption SOS. Je suis enchantée à l'idée qu'un vieux chat finisse ses jours chez moi. Je décide donc de restreindre le champ des possibles en cochant « Adoption SOS » sur le site de la SPA.
Je prends le temps de lire et de relire tous les profils de chats pour voir si l’un d’eux correspond à mon mode de vie. Il y a beaucoup de chats FIV+ et FELV. Malheureusement, il m’est impossible de prendre un animal contagieux pour pouvoir le ramener à Noël en famille. Cela élimine beaucoup de prétendants.
Et là, parmi les quelques photos qui restent sur le site se trouve celle de Tox, 11 ans. La photo est légèrement floue. On y voit un chat de gouttière noir d’allure frêle et « mal réveillé ». Il me fait un peu rire, je le trouve mignon à sa manière. C'est un peu le corollaire de la petite chatte noire à trois pattes.
J’apprends sur sa fiche que Tox est extrêmement sociable, propre, calme mais qu’il souffre d’une maladie qui nécessite un traitement assez coûteux. Je décide aussitôt de prendre contact avec l’association pour me renseigner. Tox souffre d’un granulome eosinophilique félin. Il s’agit d’une maladie auto-immune de la peau qui provoque des plaques purulentes et/ou croûteuses. L’état de Tox est désormais stable mais il dispose d’un traitement à vie pour empêcher les plaques de revenir. Le traitement coûte environ 80€ par mois.
Ni une ni deux, je décide d’aller le voir le week-end suivant.
Rencontre avec les chats SOS de la SPA de Gennevilliers
En arrivant, je suis étonnée par la propreté du refuge. Les locaux sont modernes, bien ventilés. Les soigneurs et bénévoles connaissent sur le bout des doigts leurs pensionnaires. Ils nous accueillent avec d’autant plus de bienveillance qu’ils apprennent que nous venons voir « Tox ».
Apparemment, peu de personnes demandent à voir les chats SOS. Les chats SOS se trouvent dans une chatterie à part. Chacun possède sa cage. La pièce est calme, les matous dorment. Je vois certains chats avec des perfusions. Sur la porte de la chatterie, un mot est placardé « Attention, Tox en liberté ».
Quand nous entrons, je découvre le chat roulé en boule dans un couffin posé sur la table. Il miaule doucement à notre arrivée. La bénévole me montre alors son dossier et m’explique en quoi consiste son traitement. À le voir, Tox ne semble pas malade. Ses poils ont repoussé, il ressemble à n’importe quel chat à ceci près qu’il n’a pas de queue ! Il a également un croc branlant et un autre cassé. Cela lui donne un air de vieux loup de mer.
Le coup de cœur est total. En plus, Tox accepte facilement les caresses d’inconnus puis vient se frotter dans nos jambes. La bénévole tente de nous montrer d’autres chats mais elle comprend vite que je n’ai d’yeux que pour Tox. Nous signons finalement les papiers d’adoption et repartons gaiement.
En route pour une nouvelle vie
Je décide de rebaptiser Tox Lucien. Je lui achète un petit collier bleu blanc rouge.
Lorsque je viens le chercher le mercredi suivant, l’équipe est très émue. Lucien attend depuis novembre son adoption définitive. Le chat est un peu déboussolé mais accepte de pénétrer dans la caisse. La SPA m’offre des croquettes pour sa transition alimentaire ainsi que sa couchette préférée.
Lorsque j’attends qu’on m’amène le passeport de Lucien, j’entends la standardiste répondre deux fois au téléphone. Elle répète que ce n’est pas encore la saison des chatons. Un homme vient également déposer deux chats au refuge dans l’intervalle. Cela me fend le cœur mais je suis trop loin pour entendre son histoire.
De mon côté, je repars du refuge en promettant d’envoyer des photos de leur ancien pensionnaire.
L’acclimatation de mon chat SOS
Tout a été préparé pour la venue de Lucien : une litière, une gamelle, des croquettes senior et un arbre à chat. Je prends également rendez-vous chez le vétérinaire pour son traitement.
L’acclimatation de Lucien est rapide. Il me suit partout, quémande des câlins et saute même sur mes genoux. Le soir, au moment de dormir, nous fermons la porte de la chambre à coucher. Lucien pleure dans le salon car il veut nous rejoindre. Nous ne cédons pas. Le lendemain, au moment du coucher, Lucien comprend et va dormir sur son fauteuil. Il ne nous réveille pas la nuit. Depuis, il a pris ses aises. Nous ne sommes pas parvenus à lui interdire l'accès du lit.
Il est d’emblée très proche de moi mais se révèle plus timide avec mon compagnon. Il aura besoin d’un peu de temps pour s’habituer. Parallèlement, son caractère se modifie : derrière le chat apathique se cache un minet débordant d’énergie, joueur et explorateur. Lucien est un chat extrêmement vif pour son âge. Il adore aller dehors et se promener dans le quartier. Il joue avec les cordons, câbles et fils. Il court dans l’appartement durant ses quarts d'heure de folie.
Depuis, Lucien est devenu ami avec mon conjoint. Il est ami avec tout le monde pourvu qu'il y ait du pâté à la clef. Mon conjoint dit qu’il a l’impression d’avoir affaire à « une vraie petite personne ».
Réfléchir avant d’adopter pour éviter les abandons
L’état de ses dents et de sa queue montre qu’il a passé une vie difficile. Le vétérinaire m’a dit qu’elle n’avait pas été enlevée lors d’une opération. Elle est donc tombée toute seule suite à une infection ou a été sectionnée par accident. Sa sociabilité m’interroge : aurait-il été abandonné ? Il est évident qu’un animal laissé à lui-même souffre et que l’abandon tue chaque année des animaux. Sans compter les problèmes de surpopulation et de reproduction anarchiques.
Mieux vaut de même éviter un douloureux passage à la SPA pour nos compagnons[1]. Je l’ai remarqué lorsque Lucien est arrivé à la maison : il semblait apathique, presque déprimé. Puis il a complètement changé de caractère. De même, il présentait le même comportement qu’un humain traumatisé. Il a ainsi refusé de manger les croquettes prêtées et de dormir dans son ancien panier. Il était évident qu’il évitait tout ce qui lui rappelait ses derniers mois.
Un chat (et manière général tout animal domestique) doit être compatible avec le mode de vie de ses adoptants. On ne choisit pas son animal à son look mais à ses caractéristiques. Évidemment, l’adoption engage l’adoptant sur plusieurs années. Un animal demande un soin quotidien.
Un animal est comme un enfant
Il faut également bien prendre en compte les éventuelles bêtises d’un animal. Il faut être conscient qu’un animal est comme un enfant. Il ne comprend pas toujours qu’il commet des impairs. Reste à l’éduquer patiemment et à trouver des solutions aux éventuels problèmes.
Lucien a fait quelques pipis de marquage le premier soir. Un matin, j’ai également découvert une flaque d’urine dans un coin de l’appartement. Depuis que nous lui avons acheté une deuxième litière, il n’a plus fait de bêtise. Il a en revanche tendance à aimer griffer le tissu qui couvre le sommier malgré ses jouets.
Il y aura toujours de petites bêtises. C’est la vie, il faut y être préparé et adopter en conscience.
Plaidoyer pour les animaux SOS : ils méritent aussi une vie de famille
Certes, un chaton ou un chiot sont mignons. Mais tous les jeunes finissent par grandir. Ensuite, ils vivent 15 à 20 ans environ et ne sont ni à l’abri de vieillir, de devenir handicapés, incontinents ou de développer une pathologie lourde. Faut-il les abandonner pour autant ?
La difficile adoption des animaux passés un certain âge ou en raison d’une maladie doit nous interroger sur les raisons qui nous poussent à vouloir d’un animal. Trop d’adoptions se basent encore sur des envies ponctuelles ou des affects temporaires qui, à termes, conduisent à bien des souffrances inutiles. De mon expérience, un chat, même âgé, n’est pas moins affectueux qu’un chaton. D’ailleurs, les animaux recueillis par mes parents se sont tous révélés être très indépendants et peu tactiles.
Alors, si vous êtes prêts à accueillir un animal, considérez-les tous et n’hésitez pas à regarder du côté des animaux SOS. Votre perle vous y attend peut-être.
[1] Voir une vidéo à ce sujet : https://www.la-spa.fr/actualites/spa/labandon-un-traumatisme-pour-les-animaux
Copyright photos : Clémence Jeanne Guiot