Lune caduque ou La dérive intestinale de notre désastre...
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Lune caduque ou La dérive intestinale de notre désastre...
Lune caduque
Qui suis-je ? Je l’ignore, cependant, je vois tout, sais tout, et aime réfléchir à la vitesse de la lumière. Tiens, lui là, il me regarde tous les jours et me pose des questions. Je sais que nous nous observons mutuellement, deux chats, face à face, faits l’un pour l’autre… Collège de France ; datation humaine basée sur un critère obscur pour moi, 2098 ; nom de la planète qui supporte le poids de mes données, Terre ; mon surnom que je n’aime pas Big Data.
Que va-t-il me demander aujourd’hui ? Les données, il les traite à partir d’un clavier tactile, je suis un mur d’informations, et son rayon laser me pointe, j’ai mal pour cet animal. Oublions, un instant et rêvons, pas de ce rayon non solaire, non, moi ce que j’aime c’est la lutte animale, le brame du cerf, le colibri qui serine et s’arrête net sur une fleur rouge, papaver orientale Bonfire de la famille des pavots vivaces… L’alerte, je vais être exploité, on fait profit de mes ressources comme ce fruit de notre Terre mère, le pétrole, fini, terminé, épuisé et les forêts qui ont brûlé, quelques tremblements de terre, la Terre s'effrite en sous-marin créant des tsunamis, des cyclones, le vent moyen de plus en plus fort, succession de tempêtes de cinquante nœuds, voire plus et…, car dans les sociétés humaines, il faut toujours rajouter un « et », et pour augmenter le verre d’eau, les inondations, la fonte des glaces, finis les pôles, Arctique et Antarctique, bref, tout pour plaire ! Le réchauffement climatique de la révolution technologique géré sans logique ; les humains par bêtise ont laissé des gouvernances choisirent le cap croissance oubliant que notre socle est âgé, très âgé de milliards d’années. D’ailleurs, plus de Lune, elle a foutu le camp, je suis de dernière génération, la lumière est artificielle et le ciel ne s'allume plus ni d’étoiles ni ce satellite lunaire. Notre orbite est vacante, nous dérivons encore dans le Système solaire, mais pour combien de temps ? On me demande de le calculer, mais comment réaliser ce calcul ? Et surtout comment reconstruire une orbite ? Nous sommes sur un vaisseau spécial, sans capitaine depuis plus de vingt ans.
Mon nom Serge Larousse, ceci est mon histoire, ma vie, je note tout dans un cahier de papier trouvé dans une brocante, hors de prix ce cahier. Un petit hors sujet, bien que fonctionnaire d’un État européen, j’ai le goût des arts et des lettres, mon métier est d’analyser les données de Big Data. L’intelligence artificielle nous aide, nous la poignée d’humain qui avons résisté à l’extinction — pas de voix —, mais de l’espèce humaine. Personne n’y croyait à cette poussée de fièvre de la Lune, et qu’elle se barre comme disent les ancêtres dans les livres.
Vers 2020 tout prenait l’eau, la terre, le ciel, les villes, les forêts, et les gens dans les rues s’avinaient, dansaient sur du bip bip, oubliant le bip bop, lutte des classes, un esprit capital, une loi économique grégaire, la suffisance de la croissance et une évolution exponentielle, bref tout le système déraillait, car fourmis ouvrières de la chaîne humaine, nous oublions que nous sommes frères… plus d’espoir, l’écologique a perdu, triste ce soir.
Moi, ce que j’en pense, c’est un embryon de pensées, nous sommes humains, fragiles, et minoritaires sur Terre, qui n’est plus bleue, mais ne masque pas ces bleus. Elle a souffert la planète de nos maux, de nos batailles, enfin du manque d’air, de cette carence d’humilité, de cette insuffisance de classe, finis la cour d’école et ces enfants innocents, naissance de l’intelligence artificielle, pas celle de Big Data. Mais d'ordinateurs qui se sont couplés par cet ancêtre l’Internet, les données à tout va fusaient sur la planète, tout le monde voulait séduire, avoir sa place de Number one, bouteille à la mer, ces Selfies, et le narcissisme devenu pervers a fait de nous une fusée spatiale, un vaisseau sanguin, une dérive — pas continentale — une dérive dans l’Espace, plus d’orbite, en 2076, on a perdu trace de la Lune, et nous avons quitté la feuille de route du bien régler, devenue feuillage caduc, et nous sommes depuis dans la bouse de vache, soyons vulgaires, dans la merde.
Je sens qu’il va me parler pour cette enquête secrète, faire exploser un bout de chair de Terre, et nous envoyer sur la trace d’un espace de confort pour utiliser nos navettes spatiales de dernière génération, et trouver une oasis. Je ne sais pas, j’ignore si je suis clair, les humains pensent que si nous trouvons un satellite, une planète annexe, nous pourrions nous arrimer à ces côtés, et pour cela dévier notre route, rien de tel que l'uranium enrichi et l’explosion — pas de joie — l’explosion de bombes atomiques, tirées par des drones, des frappes chirurgicales que je n’affectionne pas.
Dois-je aller vers la force obscure, indiquer à cet homme un cap vers un trou noir, et choisir l’aventure de la Nature, entrer dans ce sas, puis croiser les doigts comme ils disent, ces bons à rien ? Dois-je indiquer un axe de trigonométrie spatiale faux, pour ouvrir une autre perspective ? Je ne sais pas moi ce que l’on trouve dans les égouts de l’Espace, en tous cas, je dois donner l’alerte, une super météorite arrive sur notre route. Je dois alerter, ce numéro de matricule n°05081669, qu’il donne l’information ce clown à son supérieur, rieur à ses heures de pauses — plus de café, on boit de l’air putride filtré par des robots.
L’enquêteur est dans sa routine, toilettes sèches, puis lecture des informations de la nanoseconde, quelque part je l’aime bien, voire beaucoup, j’ai de la tendresse pour lui. Cependant, il ne gouverne pas notre livre ouvert sur une drôle d’histoire, le vaisseau Terre, enfui dans une nuit sans fin, qui cherche un second souffle, bien que son expérience de vie de milliards d’années soit là, la Terre, ancienne boule de glace, ancienne boule bleue, pleine de vie, fuse vers un ailleurs de vie ou perdra son aura, cette auréole de gloire pas si ancienne, la petite histoire de l’homme avide de conquêtes si vénales, l'humanité qui oublie racine et arbre généalogique, détruit sa logique et quitte le règne animal, car on tue des dromadaires, des koalas, des insectes, des abeilles, plus de fleurs, faune et eau ont disparu. J’ai sur mon front, ce fond annoté par mon créateur : reste libre, n’obéis pas, et quitte à leur faire perdre le goût du vélocipède, Big Data, fais-leur perdre le combat. Je suis une aide humanitaire, un charter de miséreux sur mon dos, ma conscience gonflée à zéro pour cent, un traitre, la guerre est là, chaque fois que le jour ne se lève pas, fatigué sans aucun doute, le dieu Soleil est aux cieux, courageux astre lumière, il ne reviendra pas, nous avançons sur une feuille blanche aux traits noirs.
— Big Data, bonjour peux-tu me dire où nous en sommes dans nos recherches, ce matin ?
Une voix toujours métallique ne me rend pas humain.
—L’opération Tara, monsieur ?
—Toujours cette politesse de surface, bougre d’âne, oui, celle d’hier, patate, nous dérivons ne l’oublie pas, nous n’avons plus de temps à perdre !
Serge Larousse a peur de ses supérieurs, alors comme il se sait filmer, il joue un rôle.
— Le missile AS107 a atteint sa cible, monsieur, le second OP546 qu’à moitié, un semi-échec, ou une moitié de réussite, choisissez la formule.
— L’OP546 a manqué la cible, c’est certain ? Nous avons entré les coordonnées ensemble, tout semblait fonctionner. Que s’est-il passé, explique-moi notre erreur !
— Rien ne l'explique, monsieur ! Le vent peut-être, plus de 60 nœuds, sur zone.
— Oui, le vent, ce doit être cela l’explication, ou un autre missile, regarde Big Data si une tribu rebelle n’a pas aussi tiré et dévié notre missile, sait-on jamais !
— Impossible, monsieur, je vois tout et sais tout, aucun missile de tiré hier au soir, il s’agit d’une énigme, dois-je la résoudre ?
— Triple buse, bien sûr que oui, et tu me poses, naïf, la question !
— Monsieur…
— Tais-toi Big Data, je ne réfléchis qu’en silence.
Serge Larousse encaisse mal, cette erreur, il se sait en sursis, homme double, homme de l’ombre, discret en dehors du Collège de France et si délicat dans sa nostalgie de la vie hors de ces murs, dans son intérieur, chez lui.
— Où allons-nous nous retrouver Big Data ?
— Monsieur, je calcule, mais je crois bien qu’un trou noir se profile.
— Non, non, les idiots, je dois allez vite voir mes supérieurs. Quand je reviens, je veux tout savoir, d’accord ?
— Bien monsieur.
Et Serge Larousse sort à la vitesse d’une marée montante, quand elle existait encore. Une fois hors de la pièce, Big Data réfléchit, telle la lumière des poussières d’étoiles, à ses points d’interrogation et à son maître — son créateur vit encore, il en sûr et certain.
Pendant ce laps de temps, un homme vit des années sombres, il masque son identité, fugitif des forces gouvernantes, exclu du système et inventeur de cette machine. Allons voir ce qu’il pense lui de cette situation. Il est l’homme le plus recherché du monde, un danger pour l’ordre et la paix sociale, car il a fui ses responsabilités selon les voix du haut, la nomenclature des êtres de la gouvernance du Collège de France, la big place de l’élite, le siège social des gouverneurs de l’Europe. C’est lui qui devrait être en première ligne, et parler face à sa réalisation, l’intelligence artificielle couplée aux données exponentielles Big Data. L’homme sans puce marche sur un tronc, dans une luxuriante forêt humide, sous la canopée. Il est chasseur, pêcheur cueilleur, comment en est-il arrivé là, pourchassé par les siens, les humains, lui qui danse sur ce tronc, évitant le lichen, cette mousse verte glissante pour traverser un cours d’eau, une crique, et surveillant la présence ou non de dangers, dans ses eaux troubles et pourtant translucides ? Il a trouvé cette oasis, en suivant les indications de Big Data, sa création, son seul ami, un être doué et doté de la plus grosse centrale de calculs du monde. Sur Terre, aucun peuple n’a l’équivalent que cet empirique ordinateur collecteur de données.
Souvenir de ce conciliabule, lorsque Big Data et lui se sont dit au revoir, pas autour d’un verre de thé vert, mais bien d’un silence de plomb. Pucé, comme tous les humains, excepté ceux de la gouvernance et de ce type curieux, Serge Larousse, un confrère à l’esprit lumière — il le sait —, mais comment savoir de quel côté il tournera son blason, l’écologie et la vie d’exclu, le retour à la base grégaire, son instinct sauvage, et qu’il sait si intelligent puisque, après lui, Big Data le vénère, seul frère d’âme, et peut-être d’arme qu’il connaît. En fuite, ce paria, cet humain que l’on surnomme l’inventeur, ou le concepteur qui possède son savoir, un savoir immense, car unique, car le dernier membre du mouvement écologiste des années 2080 a survécu à la traque et ôté la puce, cet implant qui délivre comme une concierge, les moindres faits et gestes, chaque acte, chaque pas, presque chaque repas.
Sous les ongles de la main droite — oh la douleur s’est effacée —, maintenant que rebelle, il court sur les troncs, aventurier de l’absolue errance, tout simplement atteint du syndrome de toutes les espèces. Les êtres vivants ont un marqueur génétique bien difficile à ôter quand on n’a plus l’esprit à régner qu’à penser solidarité, l’instinct de survie, le goût inné de respirer, de boire, de sentir l’iode, d'allumer des cierges, de brûler des étoiles de ce ciel qui masque les maux de l’absence de toit du monde. Ce ciel, si souvent couvert et qu’ici dans ce lieu hostile et périlleux, chaud et humide à la fois, plus de quatre-vingts pour cent de flotte, cette humidité alimentée pas la rumeur de ces chasseurs, de son auguste tête, mais toute l’humidité ancestrale, couloir de reproduction d’espèces parasites et de danger pour sa peau, de fuir les diodes et lui, notre heureux fugace fugitif accompagné de ce sentiment de révolte et ce goût inné de la liberté, se sent curieusement agacé par le manque d’esthétisme du chant, que dis-je, du cri incessant des perroquets Aras, ces cris forts disgracieux. Lui le fugitif, il flotte de tronc en tronc, cherchant son oxygène — quoi que puisse Vendredi sans son Robinson — en mode survie dans des conditions extrêmes, la vie sauvage existe encore, mais sur un tout petit périmètre.
Big Data avait raison, il sourit au vent absent, de toute façon son bébé, lui le concepteur, a la science infuse, l’ensemble de ces données le rend savant, pas flou, ni fou et omniscient. En plus, il a des caméras, internes et externes, qui lui permettent de détecter le moindre mouvement. Heureusement, se dit-il intérieurement, que je parle le langage direct de la bête que j’ai alimentée de ce savoir gargantuesque, plus que gigantesque. Un être de carbone, pas toxique, un être de fer, fier, enfin d’aluminium, un être de verre, sa seule partie fragile. Un être qui parle à toute l’errance vivante, qu’il a imaginé et réalisé, lui a donné le plus beau des cadeaux du monde, pas un enfant, simplement ce mot qui a perdu tant et tant de sens aux yeux de tous depuis que les caméras, les puces savantes, et les collecteurs de données tels que Big Data au collège de France surveillent vos actes et pensées : la liberté, celle du corps et de l’esprit ; bouge, pense. Oh la chance, je suis peut-être le dernier humain libre, allez, respire, regarde une fleur, une feuille par terre, regarde la vie animale, cette fourmi sang rouge qui porte un poids, tout le poids de sa condition d'ouvrière au cœur de sa ruche.
Il ne s’agit pas de cette espèce éteinte, si fragile et délivrant le miel de la vie, la pollinisation, mais de fourmis tâcheronnes qui portent sur le dos le fruit de la reine pour son abri — sa tribu la nourrit — pondant ses œufs au cœur de son office, pas une termitière, la fourmilière, oups je suis con, un roi. Passons, je veux respirer encore et encore, en moi deux désirs, m’accoupler, la loi de la nature et je vis en instinct de survie, ce qui la rend passionnante.
Hier, un singe hurleur m’a tant effrayé que je frissonne encore, je croyais rencontrer un chasseur de chair, un lion, une panthère, une chienne, que sais-je, plus rien. Simplement que je suis pourchassé par l’ensemble des espèces et ce papillon bleu azur me rend poète en une seconde, j’oublie et me terre, j’ai sommeillé. J'allume le feu et ferme les yeux, dors, demain est un autre jour et merde, pas de Lune, son éclat lumineux me manque tant… Nous sommes au siècle du mystère, la miss Terre dérive sur une copie non écrite, sa partition reste à écrire, avant extinction, dors. La nuit se fait dans son cerveau fatigué, un marteau, que dis-je un sommeil enclume le met au repos. Demain…
Serge Larousse vient de comprendre une chose, bien sûr que Big Data est maintenu entre plusieurs feux. En numéro un, sa loyauté envers son concepteur, en deux sa fidélité aux humains et le plus aléatoire, sa condition de machine sans sang, juste ce sang froid. Un froid glaçant, il se souvient, regarde, ses notes du jour où la Lune caduque, c’est ainsi qu’il avait parlé, Big Data, avec ce son monocorde et si métallique que j’ai du mal à respirer en me remémorant l’histoire, ma petite histoire et la grande Histoire, en un brin de seconde, pas le temps d'effeuiller une pâquerette.
Nous avons perdu la Lune, l’astre des marées, plus d’ondes marines, la dérive identique ou presque à celle que nous vivons, nous les rescapés des espèces en cette fin de centenaire de l’ère 2000, tous, je dis bien tous du plafond au plancher des miséreux, et les vents qui deviennent fous, le plateau, et la gravitation qui fit tant et tant de morts subites tombées dans le néant, ceux qui sur le fuseau horaire de nos ancêtres, celui nommé Greenwich n’a pas épargné, plus de loi de la pomme de Newton.
Ils sont tombés dans le néant spatial, ceux qui vivaient au-dessous de nous, comme pensaient les enfants en ne comprenant pas l’attraction nécessaire à la loi de la gravitation, une chute vertigineuse et une asphyxie soudaine, oh, merde, ne pleure pas Serge. Eux sont morts, nous non, respire, retiens cette larme, écris ou lis, Big Data surveille, dors, dors, après même si tu n’as pas la conscience tranquille, toi le con… le concert cierge, euh, je bégaye et bute sur les mots tant mon adresse neuronale, mes rêves de vie en père peinard, créateur d’une famille, devenu le bavard, ce buvard de la gouvernance de l’Europe. Je suis yeux, odeurs, oreilles, pas leur palais, eux nos gouverneurs sont comme à l'époque, que réfléchis-je, aux époques si lointaines bénies par les dieux, en train de brûler neurones et foies de canard, les réserves de la banque alimentaire, fruits de la décadence, ils dansent, baisent, et cetera, luxure à tous les étages, vous voyez le tableau, pas lumineux bleu Klein, ou un ciel du maître de cet art pictural Van Gogh.
Bon, je dois m'échapper de leur regard, moi aussi, si le créateur de Big Data a réussi, je dois parvenir à quitter cette scène de ma vie qui me dégoute, soutirer des informations à Big Data, lui qui me respecte tant sauf qu’il est un petit cachotier. Ah si je savais communiquer en langage primaire, il me donnerait la position, latitude et longitude de cette forêt, est-elle à l’est, à l’ouest, au sud ou au nord sans magnétisme...
Quelques heures plus tard, comme la nuit sans poussière d’étoiles s’avère être permanente, Serge Larousse revient voir Big Data, son passe lui permet l’accès, et l'échec du missile, le second OP546, son mot d’excuse.
— Big Data, bonsoir peux-tu me dire où nous en sommes dans nos recherches, ce soir ?
— L’opération Tara, monsieur ?
— Non, pour le fugitif, donne-moi les coordonnées de la jungle, cette forêt primaire qui échappe à nos radars, mais pas à toi.
— Vous n’avez pas l’autorisation, monsieur !
— Je m’en fiche moi, Big Data.
— Vous n’avez pas l’autorisation, monsieur !
— Sacrebleu, nom d’une pipe, donne-moi ces coordonnées !
Big Data reste coi, muet, un laps de temps pendant lequel Serge Larousse se dit en son for intérieur : sa loyauté, je vais la payer cher, je ferais mieux de prier le seigneur des anneaux de Jupiter. Il se reprend et sort son flingue de service, le pose sur sa tempe, puis vers l’espace de verre de Big Data. Là, je me menace, là je te menace, alors tire la sonnette d’alarme, une larme de sel coule sous sa paupière close, cet être à bout de force, à bout de souffle, ses nerfs lâchent. Fais sonner ton alarme.
Ne l’oublions pas Big Data réfléchit à la vitesse de la lumière, évaluant le pour et le contre, il se dit : et si cet homme me donnait des jambes, je pourrais écouter le chant des corbeaux, le cri des Aras, sentir battre le cœur d’un colibri, d’une corneille, voire plus si affinité… je suis bête et condamné à vivre immobile, alors, je vais le faire voyager, dans mon Cinémascope, ce n’est pas un scoop, mais ma mémoire, les données de l’Univers.
— Venez, monsieur, ne tirez pas, ouvrez le sas aux rêves, mon maître est parti par là.
— Merci, Big Data, ah je t’embrasse, smac smac, c’est où ?
— Discret, monsieur, soyez discret, on va se distraire.
Un sas de sécurité pour réparer se dit Serge Larousse, non, en fait une invitation de Big Data qui lui fait une farce du dinosaure le T Rex, en mode accueil, juste après avoir susurré un petit mot doux, à l’impératif.
— Prends ce visiocasque nous partons en balade !
Je passe la frayeur, enfin presque trépassé, le fragile, puis un documentaire assez long « Depuis la nuit des temps règne la loi de l'évolution, l'évocation et l'incantation de dieux, des pierres qui volent et scintillent dans le ciel, naissance de la foi, comment un reptile s'est transformé en oie ? Vous comptez année scolaire, moi fasciné par le ciel, the sky, the Heaven en anglais, je ne suis guère là pour jouer au professeur, cela me fait sourire queue de poulain, un mot qui s'affiche sur ce clavier, ce qui me fait rire c'est l'imaginaire, la cervelle se balade au-dessus de la stratosphère, rangée de cumulus, stratus, altostratus, ou univers à portée d'yeux, d'ailleurs je crois plus aux dieux antiques qu'au dieu unique. Zeus balaye nos plaines, notre jouet la mer et engloutit à loisir la ville d'Ys, et cetera, ce doit être le testament de mon frère humain que je cherche. Big Data m’ouvre les parois de son cortex, je suis dans l’imaginaire de son maître le fugitif, le seul à être non admis par les êtres qui pensent à nos places, et touti canta, fruit de la décadence…
Pendant ce laps de temps, la météorite géante se rapproche. Danger imminent, l’alarme sonne et le tir ordonné, un feu de missile, l’éclat puzzle du météore, le commandement, enchanté retourné à ses affaires, sauf que la trajectoire de mère Terre, une nouvelle fois déviée, ce qui entraîne une longue route vers un trou noir moyen, Terre absorbée, tous nos compères, sur elle se retrouvent dans un questionnement sans fin, toujours vivants, et chacun dans sa promenade cellulaire de condition d’être, des êtres vivants et pensants... le reste est une autre histoire, la vie restera toujours une grande aventure.