la révolution des assistants vocaux
Auf Panodyssey kannst du bis zu 30 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 29 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
la révolution des assistants vocaux
La révolution des assistants vocaux
D ’abord une pulsation, ensuite un souffle, puis un cri et enfin une voix. D’abord des babillages, ensuite quelques mots, puis des phrases et enfin une pensée, partagée ou polarisante mais force élémentaire d’une société dans toutes ses composantes. La voix est un marqueur de maturité de notre humanité comme elle le devient pour les objets.
Plus encore, la voix est considérée par la psychanalyse comme une expression du Moi intérieur qui permet de « prendre possession de l’espace et de nous situer par rapport à l’autre ». C’est ainsi que la voix devient aussi l’instrument du dire et du faire, un outil de la socialisation et de l’existence, un outil de transition entre soi et l’extérieur constitutif, du Moi dans un monde social tout comme la peau dans un monde physique. Prendre la parole ou avoir voix au chapitre, donner sa voix ou voter, écouter sa voix intérieure ou convoquer la voix de la raison, depuis les premiers mois de la vie utérine jusqu’au dernier souffle, la voix est un puissant levier de notre vie. La tonalité, la respiration, l’intensité, l’articulation, la vitesse signent de manière unique une personne, comme un second visage pouvant exprimer une émotion, séduire ou irriter, convaincre ou polariser, en tout état de cause un levier de l’action et de l’existence.
Quelle est alors cette voix sortant de ces assistants, nouveaux objets de notre quotidien ? Quels pouvoirs inconscients projetons-nous sur Siri et Alexa quand nous leur posons des questions sur le monde, comme l’enfant interrogeant sa mère, quand ces nouvelles voix artificielles ont, elles aussi, réponse à tout ? Quelles régressions infantiles et quelles dépendances construisons-nous quand, contrairement au surmoi sonore paternel, la machine satisfait toujours à la demande comme si le savoir ne nécessitait aucun effort ? Sur quelles règles éthiques et légales acceptons-nous de laisser l’objet collecter tout de nos interrogations, de nos croyances, de nos constructions mentales à celui (ou celle) que nous croyons intime alors qu’il (ou elle) nous est en tout point étranger ? Voire ce grand frère qui saurait tout de la vie des autres ?
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? À qui destinez-vous l’appareil qui vous suit ? » Jean Racine, Andromaque, 1667.
Et pourtant, ces assistants vocaux constituent une nouvelle évolution d’objets ayant déjà changé notre vie. Voilà une bonne vingtaine d’années, les ordinateurs personnels connectés à un Internet balbutiant nous ouvraient déjà une somme inédite de connaissances, immédiates et (presque) gratuites. Voilà une bonne dizaine d’années, les smartphones propulsés par les « apps » résolvaient nombre de nos tracas quotidiens peu importe l’endroit où nous nous trouvions. Aujourd’hui, les assistants vocaux représentent la nouvelle génération d’objets intelligents du quotidien. Leur qualité première est singulière : leur charge cognitive est quasi-nulle. Ainsi, plus besoin de savoir naviguer dans un système d’exploitation, plus besoin même de savoir lire et écrire, il suffit de savoir parler. Ce sont ainsi trois grandes populations nouvelles, et probablement ultimes, qui se voient ouvrir l’accès la nouvelle Alexandrie numérique.
D’abord la population illettrée, majoritairement dans les pays les moins avancés, ceux dont la démographie est la plus dynamique et celle des pays les plus peuplés. Ensuite, tous les enfants de moins de six ans n’ayant pas encore eu accès à la lecture et à l’écriture. Enfin, les plus âgés qui auront raté les vagues des ordinateurs et des smartphones dont la charge cognitive aura été trop complexe à maîtriser, devenus citoyens de seconde zone d’une société numérique.
« La beauté est parfois cachée dans l’inconnu ». Victor Hugo
Dans un contexte d’accélération et de ruptures technologiques, aucune prédiction ne peut avoir lieu avec certitude, seulement des hypothèses dont la plupart seront oubliées quand sonnera l’heure de leur réalisation. Quand il s’agit d’une technologie aussi naturelle mais disruptive que la voix (omniprésente, omnisciente, presque magique, mais avec des apparences, ou du moins des sonorités humaines), les prévisions ne manquent pas d’audace. Tous les acteurs majeurs, sur l’ensemble des verticaux, explorent, élaborent et expérimentent avec les nouvelles opportunités offertes par les assistants vocaux. C’est à l’aube de ces ruptures que peuvent se conforter ou se défaire des empires. L’enjeu est d’importance et c’est pourquoi « La révolution des assistants vocaux » s’efforce de comprendre ce qui peut se cacher derrière l’écran de fumée des prévisions.
Les assistants vocaux associent deux aspects : des assistants virtuels et une interface vocale, d’où le terme complet « d’assistants virtuels à commande vocale ». Ils conjuguent des algorithmes d’intelligence artificielle (IA), des systèmes de reconnaissance et de générations vocales voire, plus important encore, une nouvelle approche dans l’accès à l’information. Ils s’inscrivent dans les grandes tendances technologiques de fond (montée des plateformes, IA, données, personnalisation, multiplication d’appareils, etc.) et dans la lignée des transformations d’interfaces Homme-Machine, ce qui ne laisse aucun doute sur leur potentiel à modifier profondément nos comportements et nos usages. Ils apportent encore un nouveau spectre d’interrogations sur le respect de la vie privée, de la protection des données et de la confiance, principaux freins à l’adoption et garde-fous fondamentaux envers des tentations orwelliennes.