

La voix de la Terre
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La voix de la Terre
chaleureuse, un peu espiègle, tendre mais sans détour, directe, affectueuse, un peu bourrue mais pleine de cœur
Écoute, petite, écoute bien.
Et souviens-toi de ce que tu savais jadis,
aux temps où tu dansais autour des premiers feux de Beltane.
Je suis là.
Sous tes pas.
Depuis toujours.
Tu m’as parfois oubliée, mais moi… jamais.
Je suis têtue comme une racine.
Je me glisse sous tes pieds quand tu marches sans y penser.
Je t’écoute râler, courir, douter.
Et je souris dans mes cailloux.
Tu crois peut-être que tu viens de la ville,
que tu es faite d’habitudes, de fatigue et de vieilles listes à cocher.
Mais moi, je sais.
Tu es née de ma glaise.
Une petite sauvage apprivoisée par trop de silence.
À Beltane, je bouillonne.
La sève grimpe, les fleurs s’ouvrent sans demander la permission.
Même les pierres frissonnent.
Et toi, tu restes là, serrée dans ton pull trop large ?
Allez. Enlève une couche. Ou deux.
Respire un peu plus loin que ta cage thoracique.
Viens.
Mets tes mains dans la terre.
Ou tes pieds. Ou tes fesses, s’il le faut !
Je ne suis pas difficile.
Cueille une fleur, touche une pierre, caresse une branche.
Je te reconnaîtrai à ce geste.
Tu crois peut-être que la magie est loin, qu’elle t’échappe,
mais elle est là. Dans le sol humide. Dans la fumée du feu.
Dans le souffle que tu retiens quand tu regardes l’aube.
La magie, ma belle, ne demande pas de savoir-faire. Juste de l’audace.
Fais de moi ton autel.
Dépose tes craintes, tes fatigues,
et aussi tes désirs, même les plus secrets.
Je ne juge pas. Je reçois.
Râle, pleure, crie si tu veux.
Mais ensuite, promets-moi de rire aussi,
comme une gosse qui renverse la bassine d’eau et qui s’en fout.
Offre-moi un chant, une danse, un rire.
Ou ton silence, si c’est tout ce que tu peux.
Je comprends le langage des cœurs lourds autant que celui des corps en fête.
Fais-toi un feu.
Brûle ce qui ne te sert plus.
Même cette vieille idée que tu n’es pas assez.
Et viens ensuite marcher dans les braises — ou dans la rosée, si tu préfères.
Souviens-toi :
Je suis la mémoire.
Je suis la matière.
Je suis le ventre qui accueille, le creux qui protège, le sol qui soutient.
Et toi,
tu es ma fille sauvage, un peu égarée, mais sacrément vivante.
Alors, reviens.
Je t’attends,
avec des rires sous les racines
et du feu sous les mousses.
C’est le moment.
Écoute.
Le sol frémit, les graines éclatent en silence,
les bêtes s’appellent d’un cri rauque et sacré.
Et moi, je me redresse un peu, les racines frémissantes,
car Beltane approche.
Toi aussi, redresse-toi.
C’est le moment d’honorer.
D’honorer ceux et celles qui t’ont précédée.
Ceux dont tu portes les rêves inachevés, les gestes oubliés,
les recettes sans mesures et les silences pleins d’amour.
Fais mémoire.
Allume une flamme.
Offre-leur une pensée, un chant, une larme.
Et sens : tu n’es jamais seule quand tu leur parles.
Puis, tourne-toi vers toi.
Vers ce corps qui t’a portée dans les nuits et les renaissances.
Honore-le, non par obligation, mais par tendresse.
Donne-lui un bain de sel — qu’il se déleste du vieux.
Donne-lui ce qu’il réclame :
une caresse, une morsure,
un fruit mûr à dévorer sans honte,
une course nue dans le salon (volets fermés ou pas, qui suis-je pour juger ?).
Mange avec faim.
Aime avec feu.
Ris fort, même seule.
Honore tes désirs charnels.
Tu en as le droit — le devoir, même.
Et puis… formule ton vœu.
Ton intention.
Écris-le.
Chante-le.
Crie-le, même si ça fait peur.
C’est le moment de dire :
« Je veux. »
Et d’y croire.
Charge un talisman, un bijou, une pierre ramassée au bord du chemin.
Parle-lui. Charge-le de ton feu.
Offre-lui ton souffle.
Dis-lui : « Tu porteras mon feu. »
Ou grave-le dans ta peau, si tu es de celles qui veulent marquer le pacte jusqu’à l’os.
Car Beltane est une porte.
Et ce que tu poses maintenant a le goût de demain.
Alors, célèbre.
Dis OUI.
Oui à la vie.
Oui à ton sang, à ton jus, à ton ventre, à tes idées folles.
Oui à tout ce qui palpite,
même quand ça déborde.
Tu peux le faire dans un cercle avec des chants,
ou en pyjama avec ton chat.
Peu importe.
Ce qui compte,
c’est que ce que tu fais te donne envie de vivre encore plus.
Que ça rallume la flamme dans ton ventre.
Souviens-toi, enfant de mes entrailles :
Ton corps n’est pas un fardeau,
il est un temple.
Une porte.
Et l’’amour ? Ce n’est pas un luxe.
C’est la force qui fait naître les mondes.
Le printemps murmure : « Vis. »
Et tout, absolument tout,
lui répond:
Oui.
***
L’Univers a soufflé le chant des origines,
où le Désir embrasa le Vide, et la lumière prit corps.
La Lune a déroulé les fils oubliés,
ceux des prêtresses, des amantes, des passeuses d’ombre.
Et moi, la Terre, j’ai grondé dans ton ventre :
« N’attends plus. Vis. Aime. Joue. Crée. »
Trois voix pour une seule vérité :
Que le feu sacré s’allume en toi,
que la mémoire t’ancre,
que le corps devienne offrande.
Beltane te murmure :
Sois le seuil, sois la flamme, sois la Vie.
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