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La Bête

La Bête

Veröffentlicht am 2, Juli, 2025 Aktualisiert am 2, Juli, 2025 Tale
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La Bête

Il était une fois une petite fille brouillonne, cheveux bruns emmêlés, mal peignée. Elle ne portait rien sous les bretelles de sa robe, torse nu de juin à septembre. Les gens détournaient le regard de cet enfant mal accoutré.

Le nez ronflant à longueur de journée, avec ses allures de gitane aux pieds nus, les enfants de son âge se moquaient lorsqu’elle s'essuyait le museau sur le revers de sa manche (quand elle en portait une…).

Elle n’avait pas la langue dans sa poche et dénonçait les injustices à cor et à cris. Une attitude chevaleresque qui ne lui valut pas de médaille. Il n’était pas de bon ton qu’une fillette réponde aux adultes, encore moins qu’elle les remette à leur place. Elle parlait haut, explosait un jour sur deux. En vérité, elle vivait trop fort.

Derrière ses mauvaises manières, l’enfant donnait sa chemise au démuni, s’occupait des anciens, leur tenait compagnie, pardonnait les défauts, écoutait celui qui ne la jugeait pas trop pour se confier.


Dans le village grandissaient les autres fillettes aux couettes lissées, jupes plissées, chemisiers repassés. Elles s'épanouissaient à l'adolescence telles des roses au printemps.

Comment pouvait-elle s’intégrer dans cette joyeuse contrée ?

Elle, la rejetée ? « Sorcière » lui scandait-on par-là. « Monstre » disait-on par-ci. Il ne restait que deux solutions au vilain Petit Canard : fuir ou s’intégrer. Comme la Bête du conte, elle voulait vivre parmi les autres : être acceptée… aimée, peut-être ? Même si cela paraissait trop beau pour être vrai, elle alla voir Marraine la Bonne Fée.

— Oh là ! Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Bonjour Marraine.

— Marraine ? De toi ? Sûrement pas ! Que me veux-tu, souillon ?

— Excusez-moi Madame la Bonne Fée, il paraît que vous avez aidé Cendrillon avec ses haillons…

— Ah, je vois. Et tu t’es dit que je pourrais t’aider… ?

— Oui.

— Cependant, Cendrillon, elle, avait du potentiel. Une étincelle.

La vieille fouilla dans ses longues manches et en sortit une toute petite baguette magique.

— Je ne peux rien pour tes manières ou ton caractère. Mais, je peux te fournir le nécessaire pour réaliser ta prière et faire de toi une… guerrière ?

— Je ne veux pas être une guerrière ! Ni une sorcière ! Je veux être… une lumière, murmura-t-elle dans un souffle.

Ni la faiseuse de sort, ni l’enfant devenue adolescente ne voyaient que son cœur irradiait de mille feux.

— Hum… ça va être dur ! Je peux au moins te rendre… potable. Fonctionnaire, ça irait ?

— Qu’est-ce c’est ?

— Disons que tout le monde aura besoin de tes services.

— Ah ! Oui, c’est bien. Ça me convient.

Elle accepta sans savoir qu’on peut être indispensable sans être aimée. La bonne femme se courba et frappa trois fois le sol de sa baguette. Des étincelles grises jaillirent, une odeur de soufre emplit l’air. L’adolescente ne vit plus rien. Quand le nuage se dissipa, elle découvrit dans ses mains : un fer, des ciseaux, du fil, une aiguille et de la dentelle. Les outils s’activèrent par enchantement. Surprise, l’adolescente mit la main à la pâte. Avec les ciseaux et le fil, elle orna ses robes de dentelle. Avec les chutes, elle se fit des brassières pour couvrir sa poitrine libre. Elle passa une robe. C’était mieux… Insuffisant.

Bien qu’elle le redoutât, elle attrapa le fer. Non pour repasser, mais pour plaquer, coincer, dompter sa crinière de souillon.


Et le château me direz-vous ? Il y a toujours un château dans lequel la Bête est prisonnière. Ici, il était son cœur qu’elle avait enfermé à double tour, car pour être au milieu des autres, elle ne devait plus être elle-même.


Elle apprit à être soignée, délicate, posée. Elle qui avait été toujours si brute, naturelle… sauvage. L'adolescente devint femme divine et douce. Bien intégrée dans la contrée joyeuse, tout le monde la connaissait et elle tout le monde. De la Bête rejetée, elle était devenue factrice. Toujours polie, sourire aux lèvres, les habitants ne l’accueillaient pas. Ou du moins si, quand ils attendaient de bonnes nouvelles. Et encore… Son statut, que la vieille fée lui avait octroyé, n’était pas un cadeau. Une malédiction. Celle qui connaissait tout mais qu'on ne voulait pas voir. Trop visible. Elle était devenue celle qu’on attrape par le bras, menace de tenir sa langue, dont on claque la porte au nez le jour des factures. Elle vivait parmi eux. Son cœur rangé dans l’écrin de marbre. N'était-ce pas ce qu'elle désirait fort ?


Elle souffrait. Ici, être poli n’était pas gentil. Il fallait dire : « bonjour », « merci » et « au revoir » sans en penser un mot. Cependant, oublier l’un de ces mots, menait au cachot — même avec un sourire sincère. À l’inverse, quand elle se confondait en excuses ou donnait trop de « merci », les gens se moquaient d’elle. Être trop gentil rimait avec riquiqui.

C’était à ne rien y comprendre !

Dans cette contrée joyeuse, il fallait être grand, s’imposer à coups de « merci » savamment dosé.


Un jour de trop, elle rentra chez elle, au galop. Malgré sa maturité, elle peinait encore à comprendre comment les autres paraissaient si jolis et polis. Sous des couches de peinture et courbettes, ils cachaient une vérité monstrueuse : mesquinerie, égoïsme et mensonge. La Bête, c'était eux.

Outrée, elle en pleurait chaque fois que le voile était levé.

Aujourd’hui, elle faisait partie de cette joyeuse contrée.

Son cœur, lui, demeurait froid.

Elle avait tout appris. Même à se détester.

Et on murmurait que de temps en temps, elle poussait un hurlement plaintif dans la nuit.


Texte : Lilas Blythe

Illustration : AIgenerated sur Canva (par mes soins)

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Denise verif

Denise Girard vor 8 Stunden

Agréable lecture, entre un conte et la réalité.

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