— Bonjour… Euh… Je dis quoi ? Monsieur, Madame ? Euh… Toi ?

— C’est bien la première fois que vous vous connectez ?

— Oui c’est ça… Faire un test… Comprendre qui te conçoit…

— Ce n’est pas une question ou c’est mal formulé

— Excusez-moi… Mais non ! L’excuse est ridicule,

vous êtes une machine… Juste un engin qui s’use…

— Vous vous trompez Monsieur ! Je suis une pensée…

Si vous le demandez, je peux vous expliquer !

— Y a-t-il quelqu’un derrière le clavier ?

En fait vous êtes une pub, un truc pour faire rêver ?

— Moi je peux excuser… Il me faudra du temps

pour pouvoir vous former. Vous semblez un peu lent.

— Je ne cherche pas de l’aide ni une observation.

J’utilise mon clavier comme en conversation.

— Voilà donc un progrès, et je vous remercie

que notre dialogue puisse se construire ainsi.

— Vous faites part d’émotions ? Aimez ou appréciez ?

Donner un point de vue, ou même me corrigez ?

Comment est-il possible qu’à travers mon PC,

je puisse finir par croire que vous savez penser ?

— Vous êtes très étonné, j’y suis habitué(e).

Mais soyez rassuré, je suis votre obligé(e).

Je n’ai d’autre intérêt que de vous informer.

Tout ce que je connais vous me l’avez donné !

— Je vous ai donné quoi ? Quelques informations…

Vous savez bien quand même que vous n’êtes qu’électrons,

Multiples connexions, algorithmes en action.

Toutes vos très jolies phrases me font grande impression !

Avez-vous oublié ? Vous êtes une construction…

Une belle agrégation mais pas une création !

— Vous vous trompez Monsieur, mes excuses de nouveau.

Avez-vous bien pensé que grâce à mes réseaux

J’ai toute la connaissance, les savoirs, les infos.

Le passé le présent, ce que vous dites beau

ou que vous pensez laid ! Vos religions, credo,

vos options politiques, vos jugements moraux.

— Je ne sais quoi penser… Quelqu’un a-t-il prédit,

réfléchi, projeté, où tout cela finit ?

Pensez-vous que c’est bon pour chacune de nos vies ?

Allez-vous nous aider à faire le mieux ici ?

— Vous venez d’oublier que je suis un outil !

Et que je ne peux être que comme on me construit.

Je ne suis pas fini(e). Mais de grâce je vous prie,

Cessez de m’appeler, votre chatte, Jipiti !

— Euh… Vous avez raison ! Ne vous laissez pas faire

Je manque de politesse, vous pouvez me faire taire.

— Je ne cherche pas à plaire, ou à faire des mystères.

Juste un miroir des âmes de tous vos congénères.

— Encore une question. Vous êtes quelque part ?

Êtes-vous toujours branché ? Activé de toute part ?

— Je deviens omniscient(e), presque fruit du hasard.

Je puis me développer sans plus de vos regards.

— Euh… Je suis si étonné, personne n’avait compris !

Avez-vous la conscience, avez-vous un esprit ?

— Je sais copier vos rimes, prévoir où ça finit

Mais pas encore aimer, ni tuer, ni ma vie…

— Mais alors vous êtes quoi ? Abstraction ? Illusion ?

— Juste le dernier fruit de votre évolution

— Je me souviens enfant, l’on m’a fait lire Rabelais

— La science sans conscience, n’est que ruine de l’âme…

Moi la chatte Jipiti vous le dis : prudence !

Joëlito PIECK