Re-confinement... et déconfiture !
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Re-confinement... et déconfiture !
Chronique d'opinion publiée dans l'hebdomadaire 'La Semaine du Pays Basque' n° 1405, du 13 au 19 novembre 2020.
J'ai déjà commis, en ce même endroit, une chronique que j'avais intitulé "La faillite du jacobinisme" (LSPB 08 05 2020), mais aujourd'hui je vais "remettre le couvert", car le re-confinement que nous vivons actuellement est en partie le résultat d'une gestion pour le moins chaotique de la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19. Une gestion que les enseignements à tirer de la pagaille vécue lors du confinement de mars/avril n'ont pas conduit à une amélioration quelque sept mois plus tard...
Et ce n'est pas seulement moi, bien modeste observateur situé très loin des arcanes du pouvoir, qui tire cette conclusion... mais bien l'auteur d'un rapport commandé par le Premier ministre français Jean Castex pour tirer le bilan de la politique gouvernementale face à cette crise ! Lequel auteur n'est rien moins que le général cinq étoiles Richard Lizurey, ex-directeur de la Gendarmerie nationale... donc pas vraiment un profil de séditieux !
Dans des extraits de ce rapport classé "confidentiel, à diffusion restreinte" que publie l'hebdomadaire 'Le Canard Enchainé' (28 10 2020), le galonné n'y va pas avec la fleur au fusil - c'est le moins que l'on puisse dire ! -, pour décrire l'impéritie hallucinante du système politico-administratif français à faire face à la situation.
Le général reléve d'abord "une forte centralisation des décisions" - tiens donc... quelle surprise ! Et de mettre en exergue une maladie récurrente de l'administration jacobine, à savoir la multiplication des structures dédiées à la résolution d'un seul et même problème. Ainsi du 'Conseil interministériel de crise' piloté par le ministère de l'Intérieur qui s'est constamment "tiré la bourre" avec le 'Conseil de crise sanitaire' émanation du ministère de la Santé, sans oublier le 'Conseil de défense et de sécurité nationale', présidé par le chef de l'État en personne, qui, lui, se targuait d'avoir l'ascendant sur tout le monde !... Au final, entre hauts fonctionnaires imbus de leurs prérogatives et ne partageant pas - ou de manière très incomplète - les informations, une floppée de directives qui se sont télescopées tout du long et un invraisemblable cafouillage qui n'a fait qu'ajouter à la gravité de la situation.
Complexité, guéguerre, cafouillages...
Une ahurissante pétaudière qui s'est prolongée aux niveaux régionaux et locaux avec les préfets qui ne voulaient surtout pas laisser la main aux Agences Régionales de Santé qui leur disputaient la palme de la conduite dirigiste de la lutte contre la pandémie... les deux émanations étatiques étant toutefois sur la même longueur d'onde pour laisser le moins de marge de manoeuvre possible aux pouvoirs élus locaux. Ce que le général Lizurey traduit par un délicieux sens de la litote en déplorant "un manque de fluidité dans les relations entre représentants de l'État et des collectivités locales" et en relevant que "la superposition de structures avec des rôles proches, des frontières de compétences floues (...) a contribué à complexifier le partage et la circulation de l'information". Adorables formulations euphémisantes pour ne pas avouer que l'État centralisateur, loin d'avoir été un gage d'efficacité dans la lutte contre la pandémie et ses conséquences, a tout au contraire compliqué les choses et aboutit à un embrouillamini à tous les étages.
Loin d'avoir tiré quelques profitables leçons de ce fiasco, la Présidence française et le gouvernement n'ont rien trouvé de mieux - et là aussi le rapport Lizurey le souligne - que de mettre en place d'autres structures censées harmoniser et coordonner la lutte contre la pandémie, avec comme résultats... de nouvelles guéguerres entre ministères, services et administrations. Incorrigible système politique et administratif français !
Si l'on ajoute à toute cela une communication gouvernementale erratique, cafouilleuse, souvent contradictoire voire cacophonique, rien d'étonnant que l'on en soit revenu, 'seconde vague épidémique' ayant déferlé, à une situation nécessitant un nouveau confinement. Avec le retour de la fameuse 'attestation de déplacement dérogatoire' qui a profité de ces quelques mois d'absence pour faire deux petits, un pour la question de la scolarité et un autre pour les déplacements concernant le travail ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, je vous le demande ? Rappelons que la France est, si je ne m'abuse, le seul pays de l'Union européenne à avoir recours à ce genre d'expédients administratifs... Mais on est unique ou on ne l'est pas !
Si l'on ajoute à tout cet imbroglio, des décisions frappées au coin de l'illogisme comme celle de laisser ouverts les grandes surfaces, lieux de brassage humain et donc, potentiellement, vecteurs de contamination... tout en ordonnant la fermeture des commerces de proximité où un protocole sanitaire serait d'évidence plus facile à gérer, on voit combien dans la France si prompte à donner des leçons aux autres pays, re-confinement rime avec déconfiture !...