La faillite du jacobinisme
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La faillite du jacobinisme
Image par Gerd Altmann de Pixabay
Dans les médias et sur les réseaux sociaux, tout et son contraire aura été dit de la façon dont le président français Emmanuel Macron et le gouvernement d'Édouard Phillippe ont géré la crise sanitaire consécutive à la pandémie du Covid-19. Dans ce tohu-bohu incessant, les informations fiables, provenant de sources sûres et vérifiées, traitées par des journalistes rompus à l'exercice et soucieux d'éthique - quoi qu'en disent les mauvais coucheurs et frustrés de tout poil - auront eu souvent moins d'écho que l'avalanche de fake news, de délires complotistes et de théories toutes plus délirantes les unes que les autres.
Je tempère toutefois mon propos, en étant persuadé que cette hystérie est avant tout à mettre au passif des réseaux (a)sociaux et des sites autoproclamés "alternatifs", mais qui ne sont de fait rien d'autre que des officines de désinformation et de manipulation des esprits les plus crédules. J'ai déjà abordé ce sujet, mais il me semble, chaque jour davantage, d'une impérieuse nécessité de se pencher sur le rôle néfaste joué par ces outils de communication, plus précisément par ceux de leurs utilisateurs qui ne se mettent aucune limite d'aucune sorte et qui dévoient ce qui avait en principe vocation à être de formidables moyens à partager de l'information, à débattre démocratiquement, à confronter des opinions.
Mais revenons à la gestion de la crise dite sanitaire du Covid-19 par les autorités françaises. Il est clair que le pouvoir actuel a été confronté à une situation que les politiques menées par ses prédécesseurs ont conduit à la catastrophe. Le credo néolibéral et les choix politiques qui en découlent ont mené le secteur de la santé publique - et d'autres - au bord de l'abîme. Non il n'y avait évidemment pas assez de masques, pas assez de tests et la recherche sur les risques virologiques avait été réduite à peau de chagrin par les restrictions budgétaires à tout va. Non, il n'y avait pas assez de lits de réanimation et de personnel soignant dédié dans les hôpitaux - et cela depuis belle lurette ! - qui pouvaient permettre de faire face à une vague épidémique de grande ampleur. D'où la nécessité de recourir à la méthode du confinement. Oui, le pouvoir macronien a, sinon sciemment menti, du moins pratiqué la dissimulation de la réalité et a cafouillé dans les grandes largeurs dans sa communication sur les événements.
Festival d'aberrations
Néanmoins, parmi les enseignements essentiels qu'il faudrait à mon sens tirer de cette si difficile période, il y a celui de constater que le système politico-administratif qui est celui de la France, c'est-à-dire le modèle jacobin, a montré toute son incapacité à faire face à une crise comme celle-là. Car c'est vraiment un feu d'artifice d'absurdités, de non-sens, de rigidité dogmatique de l'administration centraliste et de ses serviteurs qu'il nous aura été donné de subir, depuis cette mi-mars 2020 ! Entre le maintien contre toute logique des élections municipales le 15 mars et le couperet du confinement obligatoire deux jours plus tard, entre cette ridicule "attestation de déplacement dérogatoire" dont les concepteurs ont poussé l'exploit jusqu'à en produire deux différentes à 10 jours d'intervalle, entre l'absurdité de maintenir ouvertes, du moins sans restriction, les grandes surfaces couvertes et l'interdiction ubuesque des marchés de plein air, entre la décision de fermer les bars/restaurants mais de laisser ouverts les détaillants de tabac, entre des obsèques limitées à une vingtaine d'assistants et la suggestion hallucinante de transformer les chasseurs en milice de surveillance, entre le choix de réouvrir les écoles à peine un mois et demi avant les vacances scolaires d'été, en exigeant qu'il y soit appliqué des mesures quasiment inapplicables de "distanciations physiques" et le fait de laisser les populations urbaines s'entasser dans les transports en commun, avec juste l'obligation de port du masque (à supposer d'ailleurs que tout le monde puisse en bénéficier à temps...) tout en interdisant l'accès aux plages et en restreignant les sorties dans la nature, entre une carte du déconfinement qui se mélangeait les pinceaux de couleurs et l'obligation faite à des personnes venant de l'extérieur des frontières hexagonales de se plier à une mise en quarantaine, même si elles arrivaient de pays pas ou peu touchés par la pandémie... c'est un véritable festival d'aberrations, un chapelet d'incongruités que nous auront infligé les instances gouvernementales françaises ! La faillite retentissante d'une organisation étatique basée sur un dogmatisme politique uniformisateur et aggravée dans sa mise en oeuvre par une haute administration complètement bornée et hors-sol...
En portant le regard juste en dehors des limites du carcan jacobin, on peut se rendre compte que d'autres modèles institutionnels - basés sur des régions autonomes ou des autonomies conséquentes - ont bien mieux fait face à la pandémie, sans que cela n'ait conduit à du "chacun pour soi"... contrairement à ce qui s'est parfois produit en France ! Il serait donc salutaire que devant la faillite de l'État jacobin, on puisse tirer la conclusion que le remède à cet état de fait devra aller à la source des maux.