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Les Cendres du Chapelier

Les Cendres du Chapelier

Veröffentlicht am 15, Mai, 2025 Aktualisiert am 15, Mai, 2025 Poetry and Songs
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Les Cendres du Chapelier

Meriem se tenait debout sur les dalles craquelées du Jardin des Roses…

Là où les pétales gémissaient désormais sous les pas.

Autrefois, elles étaient peintes en hâte par des cartes ouvrières.

Aujourd’hui, elles pleuraient à chaque passage.

Le rêve s’était abîmé ici depuis longtemps.

Elle en respirait les ruines.

Tout sentait la pluie séchée, le sucre moisi… et le chagrin ancien.

Elle portait son manteau long, cousu dans le Quartier sans Horloge.

Et ses gants noirs.

Qu’elle n’avait jamais quittés…

Depuis la disparition de Sacha.

Sacha…

Le Rêveur Réfractaire.

Celui qui refusait d’offrir sa conscience à la dictature onirique de la Reine.

Celui qu’on avait arraché au monde éveillé, pour l'enfermer dans les labyrinthes mentaux de l’Échanson.

Il ne rêvait plus.

Il résistait.

Et dans ce monde…

Ça constituait un crime.

Meriem serrait la Clé de Verre.

Une clé volée à une marchande d’oubli.

Trop légère.

Presque vivante.

Translucide, comme si elle cherchait à fuir son propre reflet.

On disait qu’elle ouvrait toutes les portes…

Sauf celles qu’on n’osait plus franchir.

Elle avait traversé cinq seuils :

La Porte de la Folle Dentelle.

Celle de l’Oubli en Murmures.

Le Guet Noir.

Le Passage d’Échine.

Et enfin… l’Échelle des Malentendus.

À chaque pas, les gardiens perdaient un peu de leur substance.

Le rêve s’effilochait.

Et avec lui… ses propres souvenirs.

Mais elle se souvenait encore de sa voix.

De sa main… glissée une dernière fois sous la sienne.

De ses mots, surtout :

« Ne ferme pas les yeux. »

Alors elle avançait.

Toujours.

Sans cligner.

Au marché de l’Île aux Esclaves, les vendeurs proposaient du sommeil frelaté…

…et des cauchemars vierges.

Elle échangea son nom contre une information.

Effaça sa couleur préférée pour gagner un passage.

Céda la texture de sa voix…

contre une barque tressée de regrets.

Naviguer sur la Mare des Larmes fut une épreuve.

Le silence y était absolu.

Chaque son devenait un souvenir.

Un hologramme tremblant.

Suspendu dans l’air, visible à tous.

Le Chapelier Toqué l’avait rejointe sans prévenir.

Il jouait avec un sablier sans sable.

Fredonnait des chansons qu’il ne comprenait pas lui-même.

— Elle t’attend, dit-il.

— Qui ?

— Celle qui n’est ni Rouge, ni Noire.

La Reine au masque de miroir.

Meriem voulut répondre…

Mais la barque heurta le rivage.

Ils étaient arrivés.

La Tour Sombre.

Flèche torsadée, faite d’obsidienne et de cris refoulés.

Des escaliers apparaissaient…

…puis disparaissaient, selon l’oubli du regard.

Elle grimpa.

Mue par l’instinct.

Et la douleur.

À chaque marche, les murs lui parlaient.

Ils prenaient les voix des disparus.

Sacha.

Sa sœur.

Sa mère.

Morte d’avoir trop rêvé.

Elle tomba deux fois.

Se releva trois.

Et à la quatrième…

Ce fut lui.

Sacha.

Suspendu.

Crucifié par les rêves des autres.

Son corps tendu comme un instrument prêt à rompre.

Il n’avait plus de bouche.

Mais ses yeux hurlaient.

Elle approcha.

Chercha la serrure.

Quelque part, entre ses omoplates.

Inséra la clé.

La tour frémit.

Mais ne céda pas.

Pas encore.

Un masque de fumée apparut.

Et une voix…

la sienne.

— Tu veux le sauver ?

Alors… bats-tu ton propre reflet ?

Le sol se déroba.

Elle tomba dans un théâtre inversé.

Des gradins remplis de spectateurs flous.

Sans visages.

Sans yeux.

Et sur scène…

Elle-même.

Plus jeune.

Plus cruelle.

La Réplique.

— Tu n’étais pas faite pour l’aimer.

— Je n’étais pas faite pour te craindre.

Elles s’affrontèrent.

Pas par les poings.

Mais par les souvenirs.

Meriem revécut chaque faute.

Chaque trahison.

Chaque fuite.

Puis elle sourit.

Et dit :

— Tu ne peux pas rêver sans moi.

— Je sais…

Mais je suis fatiguée.

La Réplique fondit.

Comme un sucre dans le thé.

Meriem se releva.

La serrure était là.

La clé entra.

Et la tour céda.

Un flot d’images, d’odeurs, de douleurs…

Un rêve inversé.

Ils chutèrent.

Loin.

Ensemble.

Et quand elle se redressa…

Sacha respirait dans ses bras.

Autour d’eux :

Un miroir immense.

Plus de sol.

Plus de murs.

Juste le reflet.

Le Chapelier Toqué les attendait.

— Tu as brisé la boucle.

— Elle n’était pas faite pour tenir.

Elle laissa tomber la Clé de Verre.

Avalée par une marée d’étoiles.

Et autour…

ils apparurent.

Les Rêveurs.

Les Fragmentés.

Les Dissidents.

Le silence.

Ou plutôt…

L’attente.

Puis, un frisson.

Un cri.

Un autre.

Des voix.

Des noms.

Des chants.

Des souvenirs.

Un peuple se levait.

Le Chapelier leva la main.

— Nous avons rêvé pour eux.

Mais aujourd’hui…

Nous rêvons pour nous.

Une vieille femme s’avança.

Brandit un souvenir d’enfant.

Une boîte en carton.

— Tu ne nous retiens plus.

La Reine apparut.

Miroir.

Pas Rouge.

Pas Noire.

Juste vide.

Sacha la regarda.

— Tu n’as jamais rêvé.

Tu as cru pouvoir voler les nôtres.

Alors ils se prirent la main.

Un cercle.

Un rêve partagé.

Ils rêvèrent…

D’un monde sans murs.

D’une ville sans cage.

D’un théâtre sans masque.

Et la Reine…

fendit.

Puis se brisa.

Meriem s’assit au bord du théâtre.

Des enfants couraient.

Le Chapelier dessinait une horloge à la craie.

— Elle ne tournera jamais.

— Parfait.

— Et s’ils reviennent ?

— Alors…

On rêvera encore.

Ensemble.

Et sous la lumière neuve d’un rêve libéré…

le monde…

se remit à tourner.

Mais autrement.

Pas en rond.

En spirale.

Vers le haut.

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