Avant de leur laisser la parole...

Il y a longtemps que je regarde le monde,

Un peu en retrait, un peu songeur.

Je le vois, façonné par des adultes pressés d’avancer,

De construire, d’accumuler — souvent de bonne foi, parfois par habitude.

Mais dans cette course, quelque chose s’effiloche :

Le lien au vivant, à la nature, à l’humain.

Ce monde, avec ses beautés et ses travers,

C’est pourtant celui que nous laisserons à nos enfants.

Et s’il ne nous est pas possible d’en effacer les erreurs,

Il nous revient d’y semer encore l’amour, le respect et la tendresse —

Ces valeurs simples, essentielles, qui font avancer debout.

Les enfants, eux, ne sont pas dupes.

Ils voient clair, avec leurs yeux immenses.

Ils questionnent nos certitudes,

Rient de nos incohérences,

Et rêvent, sans peur, d’un monde plus doux, plus vrai.

À travers ce recueil, j’ai voulu imaginer leur parole.

Les laisser dire ce qu’ils perçoivent de notre monde,

Avec leurs mots, leur humour, leur innocence lucide.

Et si parfois leurs voix nous bousculent,

Elles nous rappellent surtout que rien n’est perdu.

Car rien n’est jamais figé, ni gravé dans le marbre.

Tout peut encore s’apprendre, se réparer, se réinventer.

Il suffit de tendre l’oreille,

De s’asseoir un instant au bord de leurs rêves,

Et d’accepter de regarder le monde à leur hauteur.

Alors peut-être que demain

Ce seront vraiment eux, les grands —

Ceux que nous, à notre tour,

Nous contemplerons.

PascalN ©