Les invariants des crises.
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Les invariants des crises.
J’adore les films catastrophes. J’avais vu en 2011, « Contagion » du réalisateur Steven Soderbergh. Le scénario était plus complexe que les précédents « Alerte » et « Virus » qui m’avaient aussi plu. Tous relatent la course contre la montre pour éradiquer une épidémie et les épreuves surmontées par des héros scientifiques en but aux pressions politiques et aux réactions exacerbées des citoyens.
J’ai revu ce film à la télévision jeudi dernier et je fus troublé par sa dimension prémonitoire quant à notre récente pandémie . Tout se passe comme si les scenarii de la fiction et de la réalité étaient, à quelques détails près, similaires.
L’on y voit les altermoiements entre les politiques et les scientifiques et au sein des politiques et des scientifiques. Faute de solutions, les pouvoirs publics préconisent confinements et distanciation sociale. Les causes explicatives, même erronées, donnent du sens : accident de laboratoire, attentat, arme virale, sabotage, volonté de freiner l’expansion démographique. Les médias accentuent les polémiques. Le spectre de la gravité oscille du déni à l’apocalypse. Des experts auto- déclarés vantent des recettes miracles. Dans ce film les forsythias sont le remède miracle se transformant en croyance quasi religieuse par le biais de blogueurs et des réseaux sociaux. Pour nous, ce fut la chloroquine. Les vérités alternatives pullulent. Des émeutes, pillages, traffics, passe-droits, pénuries, manifestations anti vaccination, répression, mesures sanitaires, déséquilibrent l’économie et les relations sociales. Des vaccins sont inventés, produits et commercialisés beaucoup plus vite que lors d’une situation apaisée. Ce qui résorbe la gravité de la pandémie et renforce pour les « polémistes » l’idée que les laboratoires génèrent des profits sur la santé des citoyens.
Les similitudes entre fiction et réalité sont tellement criantes qu’elles m’évoquent les répétions de contantes lors des situations tendues, des crises, des catastrophes et des conflits armés. Au même titre que l’on peut prévoir les trajectoires possibles des avalanches et des inondations, les similitudes nous permettent d’envisager les différentes phases à traverser lors des turbulences touchant les systèmes humains, sociaux, économiques et politiques. Il convient néanmoins de préserver une part d’incertitude propre à chaque situation. Confronté à des crises vécues personnellement et des crises à gérer dans un cadre professionnel, je sais que nous navigons entre Charybde et Scylla : être très lucide et ne rien faire ou appliquer les solutions ayant servi la précédente fois.