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Le dernier concert

Le dernier concert

Veröffentlicht am 29, Okt., 2022 Aktualisiert am 29, Okt., 2022 Musik
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Le dernier concert

Le dernier concert

 

 

Septembre 2006 dans une école communale de l’Ardèche, il fait encore beau, des enfants jouent dans une cour de récréation, un petit garçon de CP qui vient d’arriver s’est assis sur un muret qui entoure l’école. C’est le nouveau, il n’est pas très grand et ne joue pas au foot, alors, les autres le laissent dans son coin, avec le temps il trouvera des camarades mais en ce début d’année, il doit se contenter de regarder les autres jouer. Son regard suit depuis quelques minutes une fille de sa classe, quand il était entré en classe, elle lui avait souri par politesse, lui il n’avait pas osé répondre à son sourire et s’était assis. Il la regarde et sourit, elle veut absolument jouer avec les filles des grandes classes mais si ces dernières la laissent participer à leurs jeux, elles ne lui font pas de cadeau et ça amuse le jeune Clément de voir, la demoiselle comme il l’appelle pour l’instant s’énerver.

 

  • Tu ne peux pas m’attraper.

 

Malgré ses petites jambes, Margaux court comme une folle pour rattraper la grande, mais après une course épuisante, elle renonce et va s’assoir dans un coin.

 

  • Ouh la petite, ouh la petite… se moque la grande qui repart s’amuser avec le groupe de filles des grandes classes, laissant la petite seule.

 

Alors qu’elle va bouder sur le muret de la cour d’école, Margaux ne remarque même pas le petit garçon qui s’était assis sur ce muret depuis le début de la récréation et qui ne l’a pourtant pas quitté des yeux. Il est nouveau dans cette classe unique de Saint Amand les Bas. Ses parents se sont installés à quelques kilomètres. Il ne connait pas Margaux, pourtant il lui fait une place et lui sourit, mais Margaux qui est pourtant tout près de lui est trop fâchée pour remarquer quoi que ce soit.

 

  • Ce n’est pas grave, tu sais un jour tu grandiras aussi. Lui dit Clément le petit garçon.
  • Non, moi c’est maintenant que je veux être grande, et je te la rattrapera cette grande girafe, répond Margaux au garçon qui essaie gentiment de la consoler.

 

Au même moment une fille du groupe des grandes passe devant Margaux, cette dernière se lève d’un bond et touche la fille en criant : « Je t’ai attrapée, je t’ai attrapée. »

 

« Non, c’est pas vrai, tu as triché, je vais le dire à la maîtresse. »

  • Maîtresse, maîtresse… »
  • Qu’y a-t-il ? » Répond la maîtresse assise sur un banc avec sa collègue.
  • Margot, elle a triché !
  • Encore… Margaux ici !
  • Oui, madame
  • Est-ce que tu as triché ? Tu sais qu’à l’école, on ne triche pas.
  • Non madame,
  • Si, elle a triché.
  • Silence Stéphanie, c’est moi qui interroge. Margaux pourquoi Stéphanie dit que tu as triché ?
  • Parce qu’elle est pas contente que je la ai attrapé.
  • Parce qu’elle n’est pas contente que je l’ai attrapée. Répète

La petite essaie de répéter correctement mais c’est trop compliqué pour elle et ne peut que dire :

  • Parce que elle n’est pas contente que je l’a ai attrapée.
  • Elle ne jouait plus, elle n’avait plus le droit de m’attraper.
  • Silence Stéphanie. C’est vrai ? demande la maîtresse
  • Non, je me reposais. Répond Margaux.

 

Clément qui a tout vu a quitté le muret et malgré sa petite taille, il va vers la maîtresse qui pourtant l’intimide.

  •  
  • Oui Clément.
  • Elle se reposait, je l’ai vue.
  • Merci Clément. Bon, c’est l’heure de sonner. On en discutera cet après-midi après l’heure de chant, en instruction civique pour l’instant, allez-vous mettre en rang.

 

Dans la cour de récréation, comme un essaim d’abeille qui se regroupe autour de la reine, les enfants déboulent de toute part pour rejoindre leur place attribuée dans les rangs.

 

            La maîtresse des petits qui croise celle des grandes lui dit :

  • Ah, je te jure, ils sont fatigants ces mômes, toujours à se chamailler pour un rien. Si ça ne tenait qu’à moi, je leur interdirais de courir pendant la récréation, regarde-les, ils te reviennent en classe essoufflés comme des petits chiens et plein de transpiration. Comment veux-tu qu’ils apprennent quelque chose ?

 

  • Ne te plains pas les tiens au moins ils courent, les miens, ils sont collés à leur Ipod, MP3 et y’en a déjà qui ont un portable, mais regarde-les !

 

Tout en faisant les rangs, les deux maîtresses observent un groupe de garçons et filles assis à même le sol qui se lèvent lentement reliés par des écouteurs ou en train d’essayer de regarder une vidéo stupide. Ici dans la région la 3G passe à peine. Quand les enfants sont en rang la maîtresse des petits qui revoit Margaux la sermonne :

 

  • Et que je ne reprenne plus à tricher, c’est compris Margaux ?
  • Mais madame, elle n’a pas triché. Répond le petit garçon à la place d Margaux.
  • Je ne t’ai pas sonné Clément, tu me copieras dix lignes : « Je ne parle pas dans les rangs. » Allez, avancez.  

 

Dans le rang, des enfants rigolent. Le nouveau ne sait pas qu’on ne doit jamais contredire la maîtresse. Dans le couloir qui mène à la classe pour se moquer des voix répètent : « Il est amoureux, il est amoureux. »

 

            Désormais, les jours et les semaines qui suivront, Margaux jouera encore à « Trappe-trappe » avec les grandes et à chaque fois qu’elle en aura assez d’être attrapée, elle viendra se réfugier à côté de Clément sur le muret en disant « pouce ». Clément aime bien ce moment quand Margaux fatiguée, reste près de lui et lui fait un sourire avant de repartir courir.

 

Début décembre, le premier trimestre est bientôt fini, la maîtresse des petits n’est pas mécontente d’être bientôt en vacances. Elle est contente car sur les 26 enfants de sa classe, cette année elle avait eu 16 CP. C’est beaucoup mais le gouvernement avait promis un prime pour les enfants de de l’an 2000, bien sûr sans prévoir qu’après les écoles seraient surchargées des enfants 2000. Avec le temps elle trouvait qu’il y avait des bonnes et des mauvaises années, 2000 n’était pas la meilleure mais malgré une classe en surnombre déjà 4 CP savaient lire, dont un totalement autonome. C’est le petit nouveau, il n’est pas grand mais il a l’esprit vif et n’a pas besoin qu’on lui explique trois fois les choses comme à la Margaux ou pire au Julien un grand dadais celui-là. La maîtresse a placé Julien à coté de Clément, elle sait que l’enfant va copier sur le petit mais de toute façon copier sur l’autre, c’est mieux que de ne rien faire du tout ! Et dans une classe unique, le temps manque terriblement surtout pour les enfants dans le besoin. Mais tout ça, l’inspecteur le sait et s’en fout, alors elle fait ce qu’elle peut, là pour le moment il ne lui reste plus qu’un gros travail et elle pourra prendre des congés bien mérités.

 

  • Bien aujourd’hui, nous allons organiser la chorale pour Noël, prenez votre cahier de chant page six. Vous répétez après moi : C’est bientôt la veillée de Noël
  • C’est bientôt la veillée de Noël.
  • Dans les rues mille feux étincellent.
  • Dans les rues mille feux étincellent.
  • Non, écoutez : Dans les rues… mille feux … étincellent. Suivez ma main.
  • Dans les rues… mille feux … étincellent. 
  •  
  • Oui madame.
  • Va te mettre à côté de Juliette.
  • Mais madame, c’est les filles.
  • Non, c’est le groupe des voix aigues. Tu as une voix aigue, alors tu rejoins le groupe.
  •  
  • Oui madame.
  • Tu chantes trop fort, on n’entend que toi. Laisse tes camarades chanter.
  • Comment madame ?
  • Pour l’instant, tu te tais. Je ne sais pas encore, ce que je vais faire de toi dans la chorale. On reprend : C’est bientôt la veillée de Noël. Dans les rues mille feux étincellent. Les vitrines aux décors féériques. Nous promettent un Noël magique.
  • C’est bientôt la veillée de Noël. Dans les rues mille feux étincellent. Les vitrines au décors féériques. Nous promettent un Noël tragique.
  • Qui a dit : tragique.
  • Julien madame.
  • Non madame, c’est pas moi, c’est Clément. Réponds Julien jaloux de Clément.

 

Julien est le grand de la classe, il n’aime pas l’école et encore moins les bons élèves. Dès qu’il le peut, il se venge sur Clément qui comprend tout avant que la maîtresse ait expliqué. Clément pourrait répondre que ce n’est pas lui que c’est Julien mais pourquoi faire, Julien lui fera un croche pied ou le poussera dans les rangs. Clément préfère se taire. Heureusement la maîtresse passe outre et poursuit la mise en place de la chorale.

 

  • Silence, et écoutez. Les vi.. tri… nes ce sont les grandes vitres que vous voyez dans les magasins.
  • Oui m’dame, même que le père Noël, il y était avec une cloche.
  • C’est pas vrai, le Père Noël, il existe pas, c’est mon grand frère qui le l’a dit.
  • Qui me l’a dit Margaux, qui me la dit. Corrige la maîtresse.
  • Si, qu’il existe.
  • Silence, qui est-ce qui pleure ?
  • Sonia madame.
  • Sonia pourquoi tu pleures.
  • Margaux, elle a dit que le Père Noël n’existait pas.
  • Et alors, tu la crois elle ou tu crois ton papa ?
  • Mon papa.
  • Et qu’a dit ton papa ?
  • Ben qu’il existe.
  • Alors si ton papa l’a dit, c’est qu’il existe ! Tu ne vas pas croire une grande bêtasse comme Margaux qui ne sait toujours pas conjuguer le verbe être au présent quand même !
  • Non, m’dame.
  • Bien on reprend.
  •  
  • Quoi encore, Clément ?
  • Est-ce que Margaux peut rechanter ?
  • Mais qui lui a dit de ne pas chanter ?
  • Vous madame.
  • Ah, oui, mais en s….rdine.

 

La maîtresse prononce le mot sourdine à demi-mot pour illustrer la signification de ce terme en acte, mais Clément comprend autre chose :

  • M’dame.
  • Quoi encore Clément ?
  • Pourquoi vous dîtes sardine ?
  • Sourdine, bêta, sourdine pas sardine. Tu m’en fais une belle de sardine toi !

Ajoute la maîtresse provoquant le rire de la classe et surtout de Julien qui savoure cet instant rare.

  • Sourdine veut dire doucement. Reprend la maîtresse sur les nerfs.
  • Doucement comme lentement ? Demande Clément.
  • Non espèce de… de pinailleur. Oh, tu m’énerves avec tes questions. Doucement comme sans faire de bruit.
  • Demande lentement Clément.
  • Quoi encore ?
  • Comment on peut chanter sans faire de bruit ?
  • Bon, ça suffit pour aujourd’hui, on n’a plus le temps. Rangez vos cahiers, et en silence. Jusqu’à la sonnerie, vous me faites un dessin de Noël. Non, plus un bruit, plus de question. Le premier qui parle il a dix lignes, le deuxième vingt lignes.

 

 

A la récréation la maîtresse des petits peut se défouler avec sa collègue des grands, ça la détend de raconter ses misères. La collègue, elle écoute, de toute façon elle a rien d’autre à faire. Ici la surveillance consiste à se lever de temps en temps pour une chute et encore, jamais de bagarre, d’insultes, de racket ou de vol. On est dans un village, tout le monde est plus ou moins cousin des uns et des autres.

  • Ah, non, il va me rendre chèvre. Dit la maîtresse des petits à peine assisse sur le banc des maitresses.
  • Qui ?
  • Le gamin.
  • Lequel, t’en as vingtaine quatre.
  •  
  • C’est vrai, quand même l’inspection ils auraient pu ouvrir une nouvelle classe.
  • Tu parles, le syndicat a dit que l’année prochaine les effectifs allaient déjà baisser.
  • Le syndicat, on peut compter sur lui pour les grèves mais pour... Allez, vas-y raconte qu’est-ce qu’ils t’ont encore fait ?

La maîtresse des grands préfère écouter sa collègue plutôt que parler politique, déjà 36 ans qu’elle fait ce métier et réforme après réforme, elle a vu la profession perdre en crédibilité. Elle n’a plus la foi pour refaire le monde. 

  • Le petit Clément, le nouveau. Ah, il n’a pas sa mangue dans la poche. Tu sais ce qu’il m’a demandé. Ca veut dire quoi « Sardine », alors que j’avais dit « Sourdine », je lui réponds « doucement » et tu sais ce qu’il me demande ?
  •  
  • Doucement comme lentement.
  • C’est vrai que ça peut prêter à confusion.
  • Admettons, du coup je lui précise « Sans faire de bruit », c’est clair. Non ?
  •  
  • Eh, bien pas pour lui.
  • Comment ça ?
  • Figure-toi que ce monsieur me demande, comment on fait pour chanter sans faire de bruit ? Comment tu veux que j’explique ça ?
  • T’as fait comment ?
  • Je les ai mis au dessin.
  • T’as eu raison, des fois, c’est mieux que de s’énerver à vouloir expliquer quelque chose.
  • Et toi, ça a été avec les grands ?
  • Je crois que je vais demander à échanger ma classe avec la tienne. J’en peux plus de toutes ces têtes en l’air qui se dispersent à la moindre occasion. Ils t’écoutent une chanson une fois en anglais et te la chante aussitôt par cœur et ils ne savent toujours pas leur table de multiplication ! Tu peux comprendre ça ?
  • Pourtant avec moi, ils les connaissaient leurs tables !
  • Faut croire qu’en vieillissant ils les oublient.
  • Faut croire. Au moins les tiens ils ne jouent pas sur les mots.
  • Non, mais c’est pas mieux. Les filles ça te cligne des yeux, les garçons leur font passer des petits mots en cachette, et ça n’écoute pas ! Vivement les vacances. Allez à demain.
  • A demain.

 

 

  • Bien on reprend le chant de Noël. N’oubliez pas que vous allez le présenter à la fête de Noël devant vos parents, alors appliquez-vous. C’est bientôt la veillée de Noël.
  • C’est bientôt la veillée de Noël.
  • Margaux, non, c’est pas possible, on n’entend que toi ! J’avais dit que tu pouvais chanter mais en sourdine.
  • Je sais pas faire madame.
  • Ecoute si tu ne sais pas faire, tu te tais. Tu fais comme Pierre, tu ouvres la bouche comme une carpe mais tu ne chantes pas, tu fais semblant. Ca s’appelle du play-back. Vous recopierez tout à l’heure dans votre cahier de vocabulaire le mot Play-back et sa définition.

 

Et la maîtresse écrit sur le tableau blanc avec un feutre Velleda : play-back. Elle avait exigé de la mairie avant de prendre son poste que celle-ci lui décroche l’ancien tableau vert pour un tableau moderne interactif. Elle ne supportait plus la poussière de la craie qui lui salissait les mains et les habits.

 

  • Bon Margaux, là je n’ai pas le temps, alors tu te tais. Je te trouverai un rôle pour la fête mais pas dans la chorale.

 

Alors que la maîtresse allait reprendre son cours, Clément s’avance et lève le doigt.

 

  • Quoi, encore ? Qu’est qui ne va pas monsieur Clément, grand redresseur de torts.
  • Madame, ce n’est pas Margaux qui devrait se taire mais c’est toute la classe qui ne devrait pas chanter. Margaux elle chante bien, c’est la classe qui chante faux.
  • Ah, bon voyez-vous ça, nous avons dans la classe un expert en voix féminine et bien écoutons. Margaux avance toi, on t’écoute.
  • Mais, madame.
  • Ou tu viens ou vous avez cent lignes tous les deux et copierez des lignes pendant la chorale.
  • Bien madame.

 

Margaux s’avance la tête basse, en passant à coté de Clément qui lui fait un large sourire, elle lui lance un regard méchant mais elle n’a pas le temps d’insister, la maîtresse a déjà envoyé le début de la musique de la chanson. Margaux ouvre la bouche et commence à chanter :

 

  • C’est bientôt la veillée de Noël

Dans les rues mille feu étincellent

Les guirlandes au couleur féériques

Nous promettent un Noël magique.

 

 

La voix de Margaux s’élève dans les airs comme un air de rossignol, ses camarades qui pourtant n’étaient pas très intéressés, se taisent et écoutent Margaux. Quand cette dernière a fini, dans la classe c’est le silence complet, pas le moindre murmure. La maîtresse reste bouche bée.

 

  • Bravo, bravo ! Crie Clément qui se met à applaudir, suivit bientôt de toute la classe. La maîtresse dépassée par la tournure des événements se ressaisit et crie :
  • Silence, ça suffit. Allez-vous assoir. Interrogation surprise.

 

Déçus, les enfants obéissent et retournent à leur place pour sortir leur cahier. Clément la tête baissée verse une larme qu’il essuie rapidement avec la manche de son sweet-shirt. Margaux lui fait un léger sourire mais il est trop ému pour voir quoi que ce soit.

 

  • Tu sais pas la dernière ?
  • Vas-y raconte, moi avec leurs nouveaux smartphones. Je te jure les parents, ils attendent même plus Noël pour faire les cadeaux ! Ils s’achètent le dernier machin chose et refilent leurs anciens téléphones. Ca c’est pour les plus pauvres, le fils du gérant de la supérette, il a le dernier Iphone, tu t’imagines ? J’ai pas les moyens de me le payer et ce gosse en a un. Je te le dis, y’a quelque chose qui tourne pas rond. Au fait tu voulais me dire quoi ?
  • Tu te souviens du gamin ?
  • Lequel ?
  • Le petit Clément, je t’en avais parlé, celui qui joue sur les mots.
  • Ah, oui. Qu’est-ce qu’il t’a fait cette fois ?
  • Il s’est entiché de la petite Margaux et pendant la chorale, il a dit que c’était pas la gamine qui devait se taire mais que c’était la classe qui devait se taire car c’était la classe qui chantait faux et que elle, elle chantait juste. Non mais quelle insolence !
  • Tu l’as puni ?
  • Et pourquoi ?
  • Ben, je crois qu’il n’a pas tort dans le fond. Mais j’ai un spectacle de Noël à présenter aux parents et ils veulent voir leurs gamins, pas une gamine et qu’une seule gamine même si elle a une belle voix. Les parents tu sais comment ils sont, ils s’en foutent si la chorale chante faux, ce qu’ils veulent c’est voir leur marmot sur une estrade !

 

Après vingt-sept ans d’enseignement, la maîtresse savait ce qui faisait plaisir aux parents et en classe primaire, une belle fête de Noël, c’est aussi important que les résultats scolaires, voir plus pour les traditionnels cadeaux de Noël. Depuis qu’elle fait chanter les enfants qui naturellement chantent plus faux que juste, elle n’a plus l’oreille pour savoir qui chante juste ou faux. Son seul critère, c’est qui a une voix plus forte que les autres. Pour elle c’est ça chanter faux, oui un enfant chante faux s’il chante plus fort que ses camarades. Autant dire que si elle avait eu Monsieur Pavarotti dans sa classe, elle lui aurait demandé de faire du play-back, comme pour Margaux dont la voix de cristal ne pouvait que dépasser les voix éraillées ou poussives de ses camarades de jeux.

 

  • Alors tu vas faire quoi ? Tu lui fais présenter un solo.
  • Manquerait plus que ça que je fasse du favoritisme. Non, je continue comme si de rien n’était, je vais te la coller tout derrière et je vais lui demander de chanter moins fort. Comme ça, elle chantera, mais avec tout le monde et je me fous si la classe étouffe sa voix. J’ai un spectacle et je ne vais pas le foutre en l’air à cause d’une gamine qui a une belle voix. De toute façon dès qu’elle va devenir une femme, elle va muer et ça en sera fini.
  • Justement tu ne crois pas qu’il vaudrait mieux…
  • Non, si ça te dit tu feras ce que tu voudras avec elle l’an prochain. Moi j’ai…
  • Un spectacle. Allez ne t’énerve pas pour si peu, ce n’est qu’une gamine et on en verra d’autres.
  • T’as raison, mais quand même, y’a des fois.

 

 

  • Clément à table !
  • Papa c’est quoi l’insolence ?
  • Ne pas respecter un adulte par exemple, pourquoi cette question ?
  • La maîtresse m’a dit de ne pas être insolent.
  • Pourquoi ?
  • Je lui ai posé des questions.
  • Oh, toi et tes questions. Je te l’ai déjà dit, un jour ça va t’attirer des ennuis !
  • Mais maman, je voulais comprendre.
  • Tu sais fils, quelquefois chercher à comprendre, c’est chercher les ennuis. Il faut être plus malin. Tu es malin ? Demanda son père.
  • Oui, papa c’est toi qui me l’as dit.
  • Alors si une grande personne ne veut pas répondre, cherche tout seul la réponse.
  • Comme ça tu sauras et tu n’ennuieras pas la grande personne. Insista la maman.
  • Mais une maîtresse, c’est son métier d’expliquer.
  • Oui, mais à des enfants qui ne savent pas. Répondit sa maman.
  • Mais, je ne savais pas.
  • Sauf que je suis certaine que la question que tu as posée, tous tes camarades n’ont même pas compris pourquoi tu la posais. La maîtresse ne peut pas te faire un cours particulier, elle doit s’occuper de toute la classe, c’est pour ça qu’elle t’a dit que tu étais insolent. En fait, tu la dérangeais dans son travail en lui prenant du temps pour une question que la classe ne comprendra pas la réponse. Tu comprends ?
  • Un peu.
  • T’inquiète, plus tu grandiras, plus tu comprendras et plus l’école sera intéressante pour toi. Pour l’instant contente toi de faire ce que la maîtresse te demande et fais le bien. Consola le papa.
  • Oui, mais je m’ennuie.
  • Celui qui est malin, ne s’ennuie jamais.
  • Il fait quoi alors ?
  • Il fait autre chose discrètement comme lire un livre de grand ou il écrit une histoire.
  • Des chansons ?
  • Si tu veux.
  • Pourquoi, tu veux écrire des chansons ?
  • Dans notre classe, il y a une fille qui chante trop bien, je veux lui écrire des chansons.
  • Tu lui as dit ?
  • Oh, non maman, elle se moquerait de moi.
  • Allez va te laver les dents.
  • Bonne nuit maman, bonne nuit papa.
  • J’arrive dans cinq minutes. On continue le conte qu’on a entamé hier soir mais pas plus de dix minutes.
  • Merci papa.

 

 

  • C’est quoi cette histoire de fille, tu ne trouves pas qu’il est un peu jeune pour penser aux filles ?
  • Tu sais quand on est précoce, on est précoce pour tout.
  • J’espère qu’il ne va pas tomber amoureux, manquerait plus que ça !
  • Chérie tu n’as jamais été amoureuse à cinq ans.
  • Si, mais plein de fois.
  • Heureusement qu’avec l’âge tu t’es assagie.
  • Allez va rejoindre ton fils adoré.
  • Et c’est pas l’tien ?
  • Bien sûr que si, mais des fois je me dis que tu le couves un peu trop, papa poule.

 

 

De retour de vacances de Noël, Margaux voit Clément sur le muret et s’approche de lui :

  • Tu veux jouer à trappe trappe.
  •  
  • Pourquoi tu veux pas ? Interroge Margaux déçue.
  • Je cours pas vite.
  • D’accord, alors si tu veux, moi aussi je ne courirai pas vite.

 

Clément allait corriger la faute de conjugaison mais il se souvint que quelquefois il n’est pas bon de corriger les autres alors, il répondit à Margaux

 

            -Si tu courriras pas vite, je veux bien.

 

            Évidemment que Margaux ne respecta pas le pacte et pendant des semaines le pauvre Clément passa ses récréations à essayer d’attraper Margaux et quand quelquefois ce dernier y parvenait, il ne fallait pas plus d’une minute à Margaux pour l’attraper et redevenir la fille que l’on doit attraper. Si Margaux aimait bien qu’on lui court après, Clément qui savait bien qu’il ne rattraperait jamais Margaux, continuait de courir. Il aimait bien courir après Margaux. Peu à peu il fit des progrès mais Margaux aussi à tel point qu’elle pouvait aller jouer et surtout gagner avec les grandes filles et Clément se retrouva seul sur son muret à regarder courir Margaux.

 

 

Carnaval déjà loin, Pâques profile ses beaux jours Clément survole les leçons. La maîtresse sait qu’elle pourrait lui faire sauter un cours mais ça demande un dossier d’une tonne ! Peut-être l’an prochain. Clément en classe voudrait bien aider Margaux, mais la maîtresse l’a placé à côté de Julien qui se contente de recopier sur Clément. Heureusement, après l’étude la maman de Clément vient le chercher.

 

            Dans les classes uniques les années se suivent sans grand bouleversement. Pourtant à cette rentrée 2009, l’école de Saint Amand les Bas eu un changement radical. La maîtresse des grands Madame Decer à deux ans de la retraite était tombée gravement malade et le rectorat avait nommé un tout jeune instituteur Monsieur Claude. Margaux, Clément se retrouvèrent au CM1 avec pour la première fois de leur vie un homme comme enseignant. L’instituteur adepte d’informatique et de coopération en classe entre les élèves avait dès octobre rempli un dossier pour Clément. Il en informa la maman de Clément qui était d’accord avec lui, on pouvait lui faire sauter une classe. L’inspecteur reçut la demande en octobre et du coup allait perdre une journée à Saint Amand les Bas, un bled paumé qui aurait un élève en avance.

 

Le 6 octobre alors qu’il avait prévu de prendre sa journée, le représentant du rectorat traversait la cour de l’école des Glisss sous une averse assez dense. Il suivit d’un coin d’œil les cours, se promena un peu dans les rangs, regarda quelques cahiers, trouva quelques fautes non corrigées et déplora la tenue de cahier d’un certain Julien je sais pas quoi… vu que cet élève écrivait si mal… Il ouvrit les armoires, examina la bibliothèque de classe que mettait en place le nouveau venu et finalement s’intéressa un quart d’heure à Clément. Certes ses notes étaient plus que bonnes, certes il résolvait déjà des problèmes de CM2 mais ça ne suffit pas. Pendant la récréation, il resta seul dans la classe avec Clément et lui demanda juste si ça lui ferait plaisir d’être en CM2 ? Pourquoi ? Avait questionné Clément. L’homme lui expliqua que comme ça, l’an prochain il irait au collège au lieu de rester à Saint… Saint… Saint Amand les Bas avait fini Clément toujours prompt à souffler une réponse. Clément réfléchit une minute, ce qui pour l’inspecteur était une bonne chose puis répondit que non, qu’il était bien au CM1.

 

L’inspecteur quitta la classe sur le champ, et démarra en trombe sans saluer ni la maîtresse des petits, ni cet idiot de jeune instituteur qui croyait qu’avec même pas un an d’expérience il peut prendre des décisions aussi délicates.

 

L’après-midi muni de son moulinet, il taquina la truite mais revint bredouille.

 

Le lendemain sur le dossier de Clément il marqua : Refus. Motif : manque de maturité. S’il avait demandé la raison de ce non à Clément, ce dernier lui aurait répondu qu’avec un an d’avance il ne serait plus dans la classe de Margaux et que Margaux avait une jolie voix, qu’elle chantait bien… Bref un manque de maturité évident.

 

Claude reçut début décembre son rapport d’inspection. Sa note administrative était maintenue. L’inspecteur l’aurait bien baissée, mais ça demandait du travail supplémentaire. En bloquant sa note et en repoussant la prochaine inspection à quatre ou six ans, cet outrecuidant professeur des écoles allait prendre dix ans de retard sur son salaire ce qui était justifié vu que l’inspecteur avait constaté que ce fonctionnaire ne corrigeait pas les cahiers correctement, qu’il laissait des enfants tenir des cahiers pire qu’un brouillon. De plus, il y avait dans la classe une armoire pédagogiquement mal rangée et la bibliothèque, lieu de silence par excellence jouxtait un coin récréatif aménagé par la mairie pour les jours de pluie.

 

Claude qui n’avait jamais ouvert la fameuse armoire se renseigna à la mairie à propos de celle-ci, on lui expliqua que c’était là que l’école rangeait le matériel obsolète, cassé ou dépassé. Bref c’était la poubelle de la mairie pour l’école. Le jeune instituteur poursuivit sa mission sans tenir compte de son inspection et tous les élèves de la classe même le pauvre Julien firent des progrès les deux années passées avec lui. Julien qu’il retrouva quinze ans plus tard et qui était devenu gendarme, comme quoi tout est possible avec un bon départ.

 

Madame Jean la maîtresse des petits qui commençait à regretter les trappe-trappe et autres jeux d’enfants, ses élèves avaient les Ipod des ainés qui eux avaient leur téléphone et en récréation elle s’ennuyait. Le jeune était sympa mais il trouvait toujours une excuse quand elle se plaignait de ses élèves, finalement elle abandonna. 

 

Par chance sa collègue revint l’année suivante et tout reprit son cours ordinaire.

 

En fin d’année de CM2, c’était toujours la même chose, en encore plus cette année car on allait fêter le départ à la retraite de madame Decer qui n’avait plus envie de faire cours mais plutôt de profiter des rayons du soleil du mois de mai. Alors, elle demandait cinq minutes de calme avant le retour en classe, Margaux, Clément en profitant pour aller s’assoir sur le muret côte à côte. Clément adorait cet instant. Il était seul avec Margaux, comme s’il était sur une île déserte ! De temps en temps, il demandait à Margaux de lui chanter quelque chose et celle-ci chantait, mais avec les années, elle entonnait de moins en moins de chansons d’école et de plus en plus de tubes qui passaient à la radio dont Clément ignorait jusqu’à l’existence. Qu’importe, il aimait écouter Margaux.

 

            Une ou deux fois Margaux essaya de faire chanter Clément mais c’était peine perdue. Clément trop timide n’arrivait pas à chanter, sa voix coinçait et si un son sortait de sa bouche, c’était une sorte de murmure martyrisé, une plainte douloureuse qui faisait rire Margaux qui se levait alors et se mettait à chanter et Clément l’écoutait :

 

Au mois de Juin, alors que Margaux chantait pour Clément, un autre CM2 qui passait devant eux, s’arrêta et écouta. A la fin de la chanson il repartit jouer avec ses camarades et pendant que Clément applaudissait à s’en rompre les mains, le grand fit un joli sourire à Margaux qui rougit.

 

Plus l’on avançait dans ce mois de juin 2010, plus les journées étaient si ensoleillées que c’était presque un péché que de ne pas prolonger la récréation et les cinq minutes de calme, devinrent dix, puis vingt, trente… Peu à peu tout un groupe de garçons et de filles s’installa autour de Margaux repoussant Clément à l’extrémité du muret. Margaux chantait deux, trois chansons du Hit Parade sous les applaudissements de moins en moins discrets,

 

Une fois la maîtresse des petits voyant cet attroupement dût se lever pour savoir de quoi il en retournait. Quand elle entendit Margaux, elle la stoppa et dispersa les enfants. D’habitude, elle les aurait fait rentrer en classe et balancer une interrogation mais c’était la fin de l’année et il faisait si bon rester au soleil avec sa collègue qui lui parlait de ce qu’elle allait faire dès qu’elle serait à la retraite. Et madame Decer pour une fois était d’accord avec à propos de la Margaux, avoir une très belle voix ce n’est pas une raison pour qu’une gamine devienne la vedette de l’école avant la kermesse, leur spectacle et son départ à la retraite.

 

Après l’intervention de la maîtresse des petits qui aimait surveiller les récréation, pendant les pauses Margaux ne chanta presque plus de peur que la maîtresse se lève encore de son banc et bientôt elle se retrouva seule. Même le grand, celui qui lui souriait quand elle chantait, l’oublia. Si cette baisse de popularité attrista un peu Margaux, elle réjouit Clément qui put reprendre sa place sur le muret, et écouter Margaux chanter que pour lui doucement en sourdine comme avait demandé la maîtresse mais interdiction pour lui d’applaudir. Celui-ci acceptait mais comme il ne pouvait pas s’empêcher d’applaudir alors il le faisait en « play-back » et ça faisait beaucoup rire Margaux.

 

Juste avant les grandes vacances, Clément perdit un peu de sa timidité et se mit à chanter faux en « sourdine » ce qui les faisait beaucoup rire. Bien sûr Clément aurait aimé chanter aussi bien que Margaux, mais Margaux aurait aimé avoir les bonnes notes de Clément alors dans un sens ils étaient quittes. De toute façon Clément avait déjà un plan. Puisqu’il ne sera jamais chanteur, il deviendra parolier et écrira des chansons pour Margaux. Il se voyait déjà, lui sur un bureau en train, d’écrire un nouveau tube pour Margaux et elle sur scène qui lui sourit en faisant découvrir la nouvelle chanson de son époux. Elle serait sa muse et sa voix.

 

            Une semaine avant les vacances, pendant les minutes de retour au calme, Clément vint avec une feuille de cahier à la main. Il l’avait pliée, très soigneusement si minutieusement, au moins dix fois qu’elle était à peine plus grande qu’un timbre. Il offrit son cadeau, avec pour lui un grand cérémonial, comme s’il offrait une bague en diamant. Margaux assise sur le muret avait pris la feuille et l’avait dépliée. Dessus était écrit une espèce de poème, Margaux ne savait pas trop mais ça y ressemblait, elle lut lentement car certains mots étaient très longs à lire et aussi pas faciles à comprendre.

 

  • C’est quoi ?
  • C’est une chanson pour toi, quand tu seras grande tu pourras la chanter.
  • Tu crois ?
  • Oui, et tu auras beaucoup de succès.
  • Mais on ne peut pas chanter les chansons des autres.
  • Si quand celui qui l’a écrite te la donne.
  • C’est toi qui l’a écrite ?
  • Répondit Clément en rougissant.

 

A cet instant la cloche sonna, profitant de l’agitation, Margaux prit entre ses mains la tête de Clément et posa sa bouche sur la sienne. Ca n’a même pas duré une seconde, mais pour Clément c’était une éternité. Il en resta pétrifié que la maîtresse dû aller le chercher par la main pour le mettre dans les rangs sous les rires de ses camarades. Mais Clément lui, il était sur son nuage, Margaux l’aimait. Jusqu’à la sortie, les joues de Clément restèrent roses et il ne leva pas une seule fois le doigt pour répondre. La maîtresse remarqua ce changement d’attitude mais ne chercha pas à en connaitre la cause, pour elle ça lui faisait des vacances, avant les grandes vacances et la retraite qui s’approchaient à grands pas.

 

Pendant les derniers jours de classe, Margaux ne parla pas de la chanson, elle avait juste hâte d’être en vacances et plutôt que de chanter, elle ne parlait plus que de vacances.

           

            Le dernier jour de classe, la maire, l’inspecteur firent une cérémonie avec les élèves pour madame Decer. 29 ans dans la commune, ça en fait des élèves. D’ailleurs certains anciens avec leurs enfants étaient présents et comme le précisa le maire sans cette malheureuse maladie, cela aurait fait 30 ans ! Elle eut droit à quelques chants et récitations surprises, un discours bateau de l’inspecteur et un billet d’avion offert par la mairie.

 

            Alors que la cloche sonnait les grandes vacances, Margaux s’approcha de Clément pour lui demander

  • Tu fais quoi pendant l’été ?
  • Rien, j’aide un peu maman, papa, et je lis.
  • Tu vas pas à la rivière ?
  • Non, pourquoi faire ?
  • On s’y amuse. Moi, j’y serai presque tous les jours. Ah c’est maman. Bonnes vacances, à la rentrée au collège.
  • Bonnes vacances, répondit Clément qui espérait sinon un baiser au moins une bise, une accolade mais rien, Margaux s’éloigna sans prendre garde à lui et monta dans la voiture de ses parents sans même jeter un coup d’œil vers Clément.

 

  • Maman, est-ce que je pourrai aller à la rivière ?
  • Tu veux y faire quoi ?
  • Je sais pas moi, me baigner.
  • Mais, Clément tu as peur de l’eau et tu ne sais pas nager.
  • Si j’apprends, je pourrai y aller.
  • D’accord mais avant tu vas apprendre à nager.

 

C’est ainsi que pendant tout le mois de Juillet, Clément se retrouva trois fois par semaine à la piscine municipale pour apprendre à nager et développer un exéma dû à une trop forte concentration de chlore. Début août, Clément revint à la charge

  • Maman, maintenant que je sais nager, je peux aller à la rivière ?
  • Si tu veux, mais pas plus de deux heures, et pas avant 16 H, le soleil est trop fort.
  • Merci maman je t’aime.

 

Et Clément fréquenta toute une semaine les berges de la rivière sans rencontrer le moindre enfant, sauf une fois un garçon des grandes classes qui pour se débarrasser du gamin qui posait trop de questions, lui dit que les autres se retrouvent à la rivière après le repas de midi et partaient le plus souvent avant le gouter.

 

  • Maman, aujourd’hui il y a beaucoup de nuages, je pourrais aller plus tôt à la rivière.
  • Tu sais les nuages n’arrêtent pas les rayons ultra-violets.
  • Oui, mais les copains ils sont déjà à la rivière.
  • Ah, mais il fallait me le dire plus tôt. Mais, bien sûr, vas-y. Attends, tiens, mets cette casquette et même dans l’eau tu ne la quittes pas. Promis ?
  • Promis maman. Maman, y’a écrit Stéphane dans la casquette.
  • Ce soir, on effacera et on écrira Clément.

 

Adepte de la protection de la nature et du recyclage, la maman de Clément trouvait stupide d’acheter plus cher une casquette neuve qu’on ne met qu’un mois ou deux dans l’année quand on peut en trouver des presque neuves sur des sites de vente d’occasion. Et ce n’est pas un mauvais prénom qui la fera changer d’avis.  Une étiquette collée dessus et le tour est joué.

 

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