S'il est une prérogative de femme c'est celle d'être belle en dansant, quel que soit le physique et la technique. Une femme se donne à voir et à exister en mouvement.

Joann Sfar, mon voisin à Paris, le décrit si bien dans ses croquis : un homme bouge les lignes, une femme déroule ses courbes. Cela tient aux attaches. Pour lui, les membres s'emboîtent dans le corps. Pour elle, le corps ondule autour des membres et de l'air qu'elle donne et qu'elle reprend dans un souffle vivant.

Let's go

J'ai dansé, comme le font tous les enfants, naturellement. Puis, j'ai appris la danse classique en grandissant et la danse de salon une fois adulte. En couple le plus souvent. J'ai acquis la technique. J'ai recouvert le roulis infini de mon corps de ces quelques mouvements bien définis. Je connais le rôle de femme. Je ne sais plus quelle femme je suis...

Jusqu'à ce que la représentante espagnole pour le festival d'Eurovision 2022 nous lance le défi de danser comme elle le fait, professionnelle sans hésiter, mais telle qu'elle est sans en douter. Telles que nous sommes, chacune à son air.

Je vous laisse découvrir Chanel.

Moi je l'oublie et je reprends son Slomo, pour slow motion, sans plus freiner mes envies. Je vis.

...avec la vie

- J'ai adoré vous voir danser.

Car je publie mes premiers pas sans contredire ma liberté. 

- Savez-vous que nous sommes perçus en tant qu'occidentaux comme des handicapés non seulement moteurs mais mentaux ? - Elle aussi vient du Sud, de l'Amérique du Nord mais des Etas du Sud. Elle me consulte pour une de ces transitions de vie que j'accompagne sur le long cours. Sans mise en conformité. 

Celles et ceux qui ne dansent pas, uniques et ensemble, entre générations d'une même famille, entre professionnels d'une collaboration, entre paysans d'un même pays, entre voyageurs d'une même traversée, entre inconnus derrière l'écran, celles-ci et ceux-là ne pensent plus, ne vivent plus.

A bon entendeur, " slow ! And mo "