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Paris New York - Jacques Higelin - Attachez vos ceintures !

Paris New York - Jacques Higelin - Attachez vos ceintures !

Veröffentlicht am 14, Juli, 2024 Aktualisiert am 14, Juli, 2024 Musik
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Paris New York - Jacques Higelin - Attachez vos ceintures !

28 Juillet 1979

Depuis quelques semaines, je sais que je passe en deuxième année à la fac. J'ai eu un peu de chance, j'en conviens. Je me rappelle de l'oral de maths le lendemain d'un concert de Van Halen duquel nous n'étions pas rentrés vraiment frais… Étude de la fonction sinx/x : le seul développement limité que je connaissais !

C'est le troisième été où je travaille sur l'exploitation agricole de mon Papa. J'appréciais énormément ces étés où je changeais de vie. L'agriculture est un métier magnifique. Pour certains, passer une journée sur un tracteur dans le bruit et la poussière n'a rien d'attirant. Pour moi, c'était la garantie de plusieurs heures de solitude, à regarder les bagarres entre buses et corbeaux, à laisser mon esprit vagabonder, à penser aux gens que j'aime, et à ceux que je n'aime pas. Le confort des machines agricoles ayant évolué, on avait la radio. George Lang arrivait sur RTL avec ses programmes "West coast & rock FM". Le rock débarquait (enfin !) sur les ondes françaises. Pour votre info, G Lang anime toujours les nocturnes de RTL.

L'été, la ferme parentale était remplie de cris d'enfants, de rires d'adolescents de discussions d'adultes. Très souvent, ma Maman gardait un ou plusieurs de ses neveux/nièces/petits neveux/petites nièces dont les parents étaient tout contents de voir leur rejeton passer quelques jours à la campagne.

Ce samedi soir là – exception qui confirme la règle - il n'y a personne en séjour et la ferme est bien calme. Après ma journée de travail, j'apprécie une bonne douche ainsi que la perspective d'aller me mettre parallèle au plafond, même s'il est à peine 21h. Je suis en train de lire "Cette nuit la liberté" de Lapierre & Collins, un ouvrage captivant relatant l'indépendance de l'Inde et en particulier les relations/confrontations entre Gandhi et Lord Mountbatten.

Je lis depuis moins de 10 minutes lorsque j'entends une voiture entrer dans la cour. Je jette un œil à la fenêtre et reconnais la voiture de mon pote Wally, accompagné à l'époque comme il se doit de Sylvie. Je suis un peu surpris de les voir arriver à cette heure, mais néanmoins très content de voir mes amis.

Je saute dans les premiers vêtements que je trouve et descends les saluer. Ma mère les avait accueillis.

Wally me dit : "Ya Higelin à Fourvière. On y va." Notez que c'est à dessein que je n'ai pas mis de point d'interrogation à la fin de la phrase : c'était une affirmation, pas une question.

Je salue ma Maman, en lui disant que, le spectacle commençant tard, elle ne s'attende pas à ce que je rentre avant 2 ou 3 heures du matin.

Nous voilà partis. Après une petite heure de route, nous nous installons dans les gradins du théâtre antique de Fourvière. D'après les informations que l'on glane, l'apparition de Jacques Higelin est prévue vers 2 ou 3 heures du matin.

Le public semblait assez surchauffé. Comme nous ne voulons pas nous faire remarquer, nous souscrivons à la coutume locale consistant à mélanger notre tabac avec divers aromates mis à notre disposition moyennant quelque menue monnaie. Avec Sylvie on invente des tas de nouveaux mots et ça nous fait bien rigoler. Les groupes qui se succèdent sont de qualités inégales. Certains, complètement survoltés, font monter la température de quelques centaines de degrés. Des bagarres éclatent, rien que de très normal pour ce type de manifestation. La programmation était très éclectique : on y a vu des groupes similipunks qui confondaient guitare et mitrailleuse, mais aussi des artistes comme l'américain Elliott Murphy avec toute sa simplicité et ses intonations à la Dylan. On a vécu avec lui un moment hors du temps.

Un aperçu :

https://www.youtube.com/watch?v=DrZjCiycJg4

 

Au fur et à mesure que le temps passait, la foule s'impatientait de ne pas voir arriver notre grand Jacques à nous. Des canettes de bière (en alu, heureusement) plus ou moins vides commençaient à voler en direction de la scène.

Est alors arrivé un groupe complètement inconnu de nous appelé "Suicide Roméo". En ce qui me concerne, j'avoue que leur répertoire ne correspond pas vraiment à ce que je préfère en musique. Le problème ce soir-là, c'est que cette opinion était quasiment unanime pour un public s'impatientant et qui commençait à être sérieusement défoncé, alcoolisé, voire les deux.  Les pauvres Suicide se sont alors pris une bonne avalanche de canettes.

L'émeute n'était pas loin lorsque Higelin fit son entrée sur scène. Le soulagement fut de courte durée vu que son micro tomba en panne après moins de dix secondes de braillements. La réaction fut aussi débile qu'immédiate : avalanche de canettes sur scène ! Du coup Higelin est allé poser sa guitare pour ramasser toutes les boîtes qui trainaient et opérer à un retour vers l'envoyeur. Vous appréciez je pense le haut niveau culturel qu'avait atteint cette soirée. Il faut dire qu'à cette époque, Higelin avait sur scène un comportement assez violent qui obérait complètement son génie.

Donc, après une prestation somme toute moyenne, les lumières de la scène se sont éteintes et le ciel commença à blanchir.

Le retour à la maison fut laborieux : depuis l'arrière de la voiture je surveillais les paupières de Wally dans le rétroviseur, guettant le moindre endormissement.

On discute encore un peu tous les trois dans la cour de la ferme quand la porte de la maison s'ouvre. Je lis immédiatement dans les yeux de ma mère un mélange de peur, de colère et de soulagement. Celle-ci m'explique qu'un pressentiment l'a réveillée vers 4 heures et qu'elle est allée constater que je n'étais pas dans mon lit. Elle a donc passé les trois heures les plus longues de sa vie, imaginant ce qui aurait pu m'arriver. Je lui en donne les raisons de notre retard, en espérant qu'elle attribue la rougeur de mes yeux uniquement à de la fatigue… C'est dans des moments comme ça que, même si c'est bien involontaire, on s'en veut énormément d'avoir causé tant d'inquiétude à sa Maman…

Septembre 2012

Un samedi ensoleillé de septembre dans la Drôme. Une autre ferme : celle de ma belle-mère où nous passons le samedi. Une des sœurs de Carole - Myriam - et son Jeannot sont là aussi. Nous sommes contents de nous retrouver tous les cinq et, bien entendu, nous avons des tas de choses à nous dire au cours de ce déjeuner sous la véranda. Vers la fin du repas, le téléphone de Myriam sonne. Une fois qu'elle a raccroché, elle nous informe qu'un couple d'amis à elle vient de Paris, descend en vacances dans le sud, et va venir faire une pause café d'ici dix minutes.

Nous faisons donc la connaissance de Michèle et Jean-Louis, fort aimables. Au cours de la conversation, Jean-Louis nous informe qu'il était venu à Lyon il y a bien longtemps. Il jouait dans un groupe et ils étaient venus se produire à un festival dans un théâtre romain.

En 1979, si ses souvenirs sont bons.

En entendant ça, je fis appel à ce qui me reste de mémoire et entamais à un processus d'élimination : Ce n'est pas Higelin, pour sûr, ni Murphy, ni Electric Callas (des lyonnais), ni ce groupe pourri venant de Valence. M'attendant à la réponse, je lui demandai benoîtement de quel groupe s'agissait-il. "Suicide Roméo", me répondit-il.

Je lui livrai alors quelques-uns des détails de cette mémorable soirée relatés ci-dessus. Évidemment, Jeannot le taquin s'engouffra dans la brèche pour signaler à Jean-François que ce dernier était en train de discuter avec une personne qui lui avait lancé des canettes de bières à la figure quelques années plus tôt. Ce dont je me défendis bien évidemment. N'oublions pas que les préceptes de la non-violence font partie de mon éducation !

Enfin bref, on a passé un bon moment, constatant que le monde est finalement bien petit.

Et puis je fais le malin, je me moque un peu de "Suicide Roméo". Mais Jean-Louis et ses amis ont vécu leur passion, fait un disque, joué sur scène. Des rêves que je n'ai jamais été foutu de réaliser…

Juillet 2024

Je voulais vous parler d'une des chansons fondatrices de Jacques Higelin. Et voilà qu'une fois assis sur la banquette d'un Jumbo Jet déglingué, j'ai rêvé tout éveillé et fait un petit vol vers le passé.

On écoute la version originale:

https://www.youtube.com/watch?v=HiVVLwCw7a0

Avec fifille :

https://www.youtube.com/watch?v=QIhCdn4j_6A

Émouvant…

Jacques Higelin a ouvert la route au renouveau de la chanson française. N'oublions pas que Louis Bertignac joue sur l'album "Irradié" (1976). Un bon nombre de chanteurs/groupes français lui doivent beaucoup. Je parle bien sûr de ceux qui ont du talent. Par exemple, Julien Doré et Maitre Gimm's ne lui doivent rien. 

Encore heureux.

Je dédie ces quelques lignes :

  • À Wally dont le point commun avec Boris Vian est d'avoir quitté le monde des vivants à l'âge de 39 ans.
  • À Sylvie qui, aux dernières nouvelles, s'est bagarrée avec des fantômes qui squattaient sa maison. Il n'y a qu'à elle que ça pouvait arriver…

Et bien sûr une amicale pensée pour Jean-Louis.

 

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Surf Xi vor 3 Monaten

🥲 c’est presque le futur Bernie des Trust qui chante “asphyxie”

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